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Comme dans un miroir
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du norvégien par Alex Fouillet
Montfort-en-Chalosse : Gaïa, septembre 2012
300 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-84720-259-5
Coll. "Polar"
Actualités
- 21/02 Édition: Parutions de la semaine - 21 février
Voici une semaine marquée par les publications de nouveaux romans d'auteurs confirmés tels Ruth Rendell, Donna Leon ou encore Benjamin Black. Rayon nouveautés, il faudra aller voir du côté du petit dernier de Sandrine Collette, Un vent de cendres, ou se rabattre sur un recueil de nouvelles (qui datent un peu, mais l'auteur est tellement à son aise dans les formes courtes que c'est toujours un plaisir de le lire) Retour au Magenta, de Marc Villard. En poche, hormis deux curiosités en anglais de chez Harrap's, l'intégrale des aventures de Célestin Louis, enquêteur pris dans les tranchées de la guerre de 14, par Thierry Bourcy, et les rééditions de Chiennes de vies, de Bill Frank, et de Code Lupin, de Michel Bussy sont à (re)découvrir. Notons au passage que Donald Westlake est présent dans un catalogue grands caractères, ce qui est plutôt réjouissant. Les bandes dessinées sont en nombre, entre noir, thriller, polar et super-héros. Mais Perico, de Hautière et Berthet nous parait valoir le détour. Les Moutons électriques publient un essai sur les détectives pour la jeunesse, les éditions Globe proposent de se mettre dans la peau d'un chef de gang et Jean Tullard s'intéresse à la police parisienne entre deux révolutions. Des thèmes balisés pour un lectorat éclectique mais k-libré. Enfin, nous ne pouvions manquer de remarquer la publication de 400, de Jan Thirion, un amateur des formes courtes, et qui œuvre régulièrement en nos pages...
Fictions adulte grand format :
Last minute, de Jeff Abbott (J'ai lu, "Grand format")
Loin de Paddington street, de Frédéric Bessat (Ex æquo, "Atlantéis")
Mort en été, de Benjamin Black (NIL, "Détectives")
Trouvée, de Luc Bossi & Isabelle Polin (Fayard, "Noir")
Un vent de cendres, de Sandrine Collette (Denoël, "Sueurs froides")
Le Complot du croissant, de Clive Cussler & Dirk Cussler (Grasset)
La Faiseuse d'anges, de Sandrine Destombes (Le Crabe)
L'Homme-soleil, de John Gardner (Denoël, "Lunes d'encre")
Siège 7A, de Philippe Hénault (Alexandra de Saint-Prix)
Deux veuves pour un testament, de Donna Leon (Calmann-Lévy)
Mémé goes to Hollywood, de Nadine Monfils (Belfond, "Romans français")
Sangs froids, de J.-M. Pen (Ex æquo, "Rouge")
Le Mémorial des anges, de Fabrice Pichon (Citron bleu, "Série Citron polar")
Le Troisième Antéchrist, de Mario Reading (Le Cherche midi, "Thrillers")
Bon voisinage, de Ruth Rendell (Les 2 terres, "Best-seller")
Des yeux dans la nuit, de Chevy Stevens (Archipel, "Suspense")
Wolf, de Jean-François Thiéry (Ex æquo, "Rouge")
Frangines, de Manon Torielli (Le Horsain, "Noir de suite")
Le Dernier hiver de Dani Lancing, de P. D. Viner (Delpierre)
Fictions adulte poche :
Adrénaline, de Jeff Abbott (J'ai lu, "Thriller")
Chiennes de vies : chroniques du sud de l'Indiana, de Bill Frank (Folio, "Policier")
Mille petites falaises, de Shaughnessy Bishop-Stall (Babel, "Noir")
La Disparition d'April Latimer, de Benjamin Black (10-18, "Grands détectives")
Célestin Louis, flic et soldat dans la guerre de 14-18, de Thierry Bourcy (Folio, "Policier")
L'Incorrigible monsieur William, de Hugo Buan (Le Palémon, "Enquêtes police en série")
Code Lupin, de Michel Bussi (Les Falaises)
A cry in the night, de Mary Higgins Clark (Harrap's, "Yes you can't")
The Black box, de Michael Connelly (Harrap's, "Yes you can't")
Faux-semblants, de Kjell Ola Dahl (Folio, "Policier")
La Belle Scaëroise, de Firmin Le Bourhis (Le Palémon, "Enquête police en série")
Étape à Plouay, de Firmin Le Bourhis (Le Palémon, "Enquête police en série")
La Vieille dame qui voulait tuer le bon Dieu, de Nadine Monfils (Pocket, "Best")
Retour au Magenta, de Marc Villard (Rivages, "Noir")
Fictions adulte grands caractères :
Le Lion des Flandres, de Roger Facon (Gabelire)
Sombre mardi : le jour où les vieilles dames parlent aux morts, de Nicci French (À vue d'œil, "Collection 16-17")
Meurtre sur invitation, de Christian Jacq (Gabelire)
La Cave à charbon, de Ruth Rendell (À vue d'œil, "Collection 16-17")
Comme dans un miroir, de Gunnar Staalesen (Gabelire)
Et vous trouvez ça drôle ?, de Donald Westlake (À vue d'œil, "Collection 16-17")
Conséquences, de Darren Williams (Gabelire)
Essais littéraires :
400, de Jan Thirion (Le Horsain)
Bandes dessinées :
Au bout de la piste, de Jason Aaron & R. M. Guéra (Urban comics, "Vertigo classiques")
Rorschach, de Brian Azzarello & Lee Bermejo (Urban comics, "DC deluxe")
La Danse de la sphère céleste, de Luca Belengino & Antonio Palma (Delcourt, "Histoire & histoires")
SHARK, de Vincent Brugeas & Ryan Lovelock (Akileos, "Block 109")
Orfea : le dernier cercle de l'enfer, de François Cortegianni & Emanuele Barison (Dargaud)
Jessica Blandy : intégrale 7, de Jean Dufaux & Renaud (Dupuis, "Magnum")
Transmetropolitan. 1, de Warren Ellis & Darick Robertson (Urban comics, "Vertigo essentiels")
Terreur sur Saigon, de Philippe Geluck & Devig (Casterman)
Bruno Brazil : l'intégrale. 3, de Greg & William Vance (Le Lombard)
Perico, de Régis Hautière & Philippe Berthet (Dargaud, "Ligne noire")
La Promesse, de Jonathan Hickman & Nick Dragotta (Urban comics, "Urban indies")
Batman : le fils prodigue, de Dough Moench, Alan Grant & Chuck Dixon (Urban comics, "DC classiques")
South Central stories, de Neyee (Ankama, "Label 619")
Tex mensuel. 444-445-446, de Claudio Nizzi, Civitelli & Marcello (Clair de lune, "Encre de Chine")
Tex mensuel. 447-448-449, de Claudio Nizzi & Fernando Fusco (Clair de lune, "Encre de Chine")
Perdu dans le temps, de Laurent Queyssi & Greg Tocchini (Le Lombard)
Superman : empereur Joker, collectif (Urban comics, "DC nemesis")
Soda : intégrale. 3, de Tome & Bruno Gazzotti (Dupuis, "Magnum")
Après-guerre. 2, Blocus, de Éric Warnauts & Raives (Le Lombard, "Signé")
Sabre sur la Corée, de Frédéric Zumbiehl & Jean-Michel Arroyo (Zéphyr BD)
Mangas :
Zipang. 40, de Kaiji Kawaguchi (Kana)
San Mao, le petit vagabond. 6, de Leping Zhang (Fei)
Littérature de jeunesse (théorie & études) :
Jeunes détectives : les vies, sous la direction de Vivian Amalric (Les Moutons électriques, "La Bibliothèque rouge")
Littérature de jeunesse (documentaire) :
Dans la peau d'un chef de gang, de Sudhir Alladi Venkatesh (Globe)
Littérature de jeunesse (éveil) :
On a volé le camion de pompier !, de Dominick & Romain Lubière (M, l'éditeur, "Petit Chaton")
Les Incroyables pouvoirs de Spider-Man ! (PI Kids, "Les Petits musi-livres")
Fictions jeunesse :
Le Suivant sur la liste, de Manon Fargetton (Rageot, "Thriller")
Skully Fourbery n'est plus de ce monde, de Derek Landy (Gallimard jeunesse, "Folio junior")
Problèmes sociaux & sécurité publique :
La Police parisienne : entre deux révolutions (1830-1848), de Jean Tullard (CNRS)
Criminologie & prisons :
Les Grandes affaires criminelles du Lot-et-Garonne, de Patrick Caujolle (De Borée, "Histoire et documents")
La Vie après la peine, de Marine Chanel & Serge Portelli (Grasset, "Document")
Nocturne à La Havane, de T. J. English (10-18, "Non fiction")
La Fille derrière le rideau de douche : comment le meurtre le plus célèbre du cinéma est devenu réalité, de Robert Graysmith (Denoël, "Impacts")
Du braquage au violon : Mexico, 5 prisons, quand la musique abat les murs, de Juan Felipe Guzman Cuevas & Samuel Guzman Cuevas (Collectif des métiers de l'édition)
Les Frères de Soledad, de George Jackson (Syllepse, "Radical America")
Mafias, de Gilbert Thiel (Fayard, "Documents")
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Vieux saxo et sales magouilles
Les détectives privés sont habitués à travailler en toute discrétion pour mener à bien leurs enquêtes afin de ne pas se faire repérer par les personnes à suivre mais aussi par la police. Grâce à son métier d'avocate, Berit connait bien les méthodes de travail des privés. Elle demande à Varg Veum de rechercher sa sœur, Bodil, et son mari qui n'ont pas donné signe de vie depuis quelques temps déjà. Elle est très inquiète de cette double disparition mais elle souhaite absolument qu'il opère en toute discrétion sans trop s'expliquer sur cet excès de prudence. Il pourrait pourtant y avoir urgence à retrouver le couple qui s'est évaporé dans les airs.
Varg Veum va comprendre que sur cette histoire pourrait souffler un air du passé, la triste mélodie d'une sombre tragédie vécue par Berit et Bodil lorsqu'elles étaient toutes deux enfants. Leur mère est morte en compagnie de son amant, un saxophoniste. Ils ont été retrouvés noyés, enfermés tous les deux dans une voiture.
La police n'a jamais réussi à prouver si c'était l'acte désespéré d'un couple adultérin ou s'ils avaient été lâchement assassinés. Cela s'est déroulé durant l'année 1957, plus de trente ans séparent les affaires mais il reste à déterminer si le triste épilogue des amants à jamais réunis a pu se rejouer de nos jours, comme une vieille mélodie du passé qui ressurgirait à nouveau.
Varg Veum doit déterminer si l'inquiétude légitime de Berit est fondée ou si cette nouvelle disparition a malheureusement réveillé un point sensible et mal cicatrisé chez elle. Même si les deux affaires ont un air de ressemblance, il se demande ce qui aurait pu pousser les deux époux à mettre fin volontairement à leur vie.
Mais le lien est peut-être ailleurs. En cherchant à comprendre la vie du couple, il s'aperçoit que l'homme a quitté son travail depuis quelques temps. La société pour laquelle il travaillait n'est pas inconnue aux oreilles de Veum. Très récemment il en a entendu parler, cela concernait un bateau de la flotte marchande bloqué lors d'un voyage de retour. L'attitude des salariés est quelque peu étrange également. Ils ne semblent pas coopératifs et ne portent pas leur ancien collègue dans leur cœur, mais sans donner vraiment de réponses aux questions de Veum. Il va trouver leur attitude un peu étrange et se dit que cette piste mérite d'être creusée.
Décidément, cette affaire ne cesse de faire apparaître des coïncidences étranges, de faire des aller-retours entre passé et présent. Elle ne semble pas aussi évidente qu'à prime abord.
Et pour finir de mettre le doute dans l'esprit de Veum, il y a l'attitude assez énigmatique de Berit qui ne tient pas du tout à ce que l'affaire prenne une tournure officielle avec l'intervention de la police. Elle semble volontairement vouloir cacher quelque chose.
Gunnar Staalesen signe avec Comme dans un miroir un polar au rythme assez lent, principalement dans la première partie du livre. Il prend soigneusement le temps de mettre en place son histoire mêlant passion amoureuse, trafics et musique de jazz. La pureté des sentiments vient se confronter au linge sale des magouilles financières. C'est un roman qui s'ouvre en demi-teinte entre passé et présent où les opposés et le mensonge s'affrontent dans l'atmosphère glaciale de la Norvège. Mais Staalesen va finir par réchauffer l'ambiance en sortant un bon échantillonnage de la noirceur humaine. On peut définitivement oublier les bons sentiments du départ. Veum va finir par croiser des êtres qui n'ont qu'une envie, celle de faire un maximum de profit sur le dos des autres. Ils ne se sont pas hantés par une trop grande morale et ne semblent pas non plus gênés d'abuser d'autres êtres humains. Les déchets toxiques ont vite fait d'anéantir les nobles sentiments d'amour surtout si en plus se dissimule un réseau clandestin. Staalesen pointe précisément les travers d'une société moderne trop avide de gains faciles, mais peine quelque peu à nous faire rentrer dans son histoire. Il cherche peut-être trop à nous balader sur de nombreuses pistes en les embrouillant à dessein ou à tort. Heureusement cela se décante à la fin avec des révélations surprenantes. Il reste également le détective privé, Varg Veum, son héros récurrent. C'est le vrai plus du livre. Staalesen, au fil de ses histoires, a construit un personnage attachant aux multiples travers dont il a su parfaitement cerner le profil en jouant sur ses fêlures pour en faire un véritable atout littéraire. Il semble quelque peu hors du temps, un brin désuet face à cette société norvégienne des années 1990 en pleine mutation technique et sociologique. Mais c'est sans doute-là tout son son charme.
Citation
Au moment de quitter le commiseriat, une seule chose m'intriguait : pourquoi chaque fois que quelqu'un était persuadé qu'il y avait une explication naturelle à toute cette histoire, j'avançais un peu plus dans la conviction que ce n'était pas le cas ?
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