Contenu
Grand format
Réédition
Tout public
Brighton Rock - 1947
Paris : Tamasa, octobre 2012
1 DVD VOST Zone 2 ; noir & blanc ; 19 x 14 cm
Actualités
- 04/03 Nécrologie: Décès de Bruce Reynolds
Dans la nuit du 7 au 8 août 1963, dix-sept hommes parviennent à réaliser le coup du siècle. Trafiquant la signalisation, ils arrêtent un convoi ferroviaire qui relie Glasgow à Londres, et à bord duquel ils dérobent 2,6 millions de livres soit cent vingt-cinq sacs de billets de banque. On a beaucoup écrit sur Ronnie Biggs, l'instigateur de ce coup d'éclat arrêté trente jours plus tard avant de s'évader magistralement comme seuls savent le faire les gangsters de légende. Peut-être beaucoup moins sur le cerveau du casse, Bruce Reynolds.
Né le 7 septembre 1931, il est déraciné en pleine Seconde Guerre mondiale par un exode rural. Un échec à l'entrée dans la Royal Navy suivi d'une désillusion dans le journalisme le conduisent à commettre de menus larcins puis de vrais crimes. Il dérobe des bijoux dans des maisons cossues puis en 1957 il est arrêté pour avoir attaqué et détroussé un bookmaker. Relâché en 1960, il ne tarde pas à rejoindre un gang au sein duquel se trouvent son futur meilleur ami, Harry Booth, et son futur beau-frère, John Daly. Le gang s'attaque à un fourgon blindé et s'empare de soixante-deux mille livres sterling, puis détrousse un train postal à Swindon pour n'obtenir que sept cents malheureuses livres.
Son heure de gloire va donc avoir lieu lors de cette fameuse nuit où dix-sept gangsters se font la malle avec la poste du train Glasgow-Londres. Un casse qui, après trois mois passés dans la clandestinité à attendre un faux passeport, l'emmènera jusqu'à la ville mexicaine d'Acapulco.
Malheureusement pour lui, l'argent commence à manquer. Et après des étapes à Vancouver puis dans le sud de la France, il retourne à Londres fomenter une autre attaque. C'est alors qu'il est reconnu puis arrêté. Condamné à vingt-cinq années de prison après avoir plaidé coupable en 1969, il est relâché en 1978. Divorcé, il commence à travailler dans le textile avant de faire faillite et de tomber dans le trafic de drogues, ce qui lui vaudra trois années de prison supplémentaires.
Bruce Reynolds est décédé dans son sommeil le 28 février. Archétype du gangster de Brighton, tel que le concevait Graham Greene dans son roman Le Rocher de Brighton (il faut voir Brighton Rock, magnifique film noir à l'anglaise), il en était question dans le dernier roman de Peter Guttridge, le Dernier roi de Brighton. C'est en effet un survivant des bandits dandys, ceux au code d'honneur sévère mais qui ne pouvaient faire face à la férocité du nouveau banditisme libéré puis lâché sur le monde occidental en provenance des anciens pays de l'Est. En 1969, Gérard Oury avait réuni Bourvil, David Niven, Jean-Paul Belmondo et Elli Wallach dans Le Cerveau. Bel hommage de David Niven à cet homme, bandit incorrigible.
Liens : Peter Guttridge |Graham Greene
Comme un rocher de Brighton
Un petit malfrat règle son compte à un journaliste dans le train fantôme d'un parc d'attraction de Brighton. Un acte malheureux et impulsif d'autant qu'il nécessite de se forger un alibi aussitôt mis à mal par une servante de restaurant. Tel est le point de départ du Rocher de Brighton, magnifique roman de Graham Greene. Son adaptation au cinéma en 1947 par John Boutling sur un scénario de ce même Graham Greene (avec Terence Rattigan) n'a rien à lui envier tant le film capte bien les rapports entre les différents protagonistes d'un fait divers brillamment interprété.
Richard Attenbourough, impressionnant de férocité et d'intelligence cruelle et froide, détonne d'autant plus face à l'amour et à la candeur de Carol Marsh. Car Pinkie Brown décide de se marier avec Rose avant de l'acculer au suicide. C'est le point de détail de la loi anglaise : une épouse ne peut témoigner contre son mari. Seulement Pinkie Brown est un être à la fois odieux et obnubilé par le but qu'il s'est fixé sans aucune empathie. Et c'est bien là que le bât blesse. Les hommes de sa bande l'abandonnent les uns après les autres - non sans qu'il en tue un au passage -, et c'est le plus fidèle d'entre eux qui le trahira et l'amènera à mourir.
John Boulting se fraie un passage dans les méandres des couches de la basse et de la petite société urbaine avec talent le temps de s'arrêter sur un avocat véreux et alcoolique, un baron de la pègre intégrée et une chanteuse de cabaret, et de dénoncer les petites magouilles d'une ville du littoral anglais où pourtant tout semble festif. Il s'appuie sur un cadrage talentueux qui trouve écho dans le reflet des visages (et donc des expressions) de ce couple étrange - couple Yin et Yang (le premier ne croit qu'à l'Enfer alors que la seconde espère le Paradis). Il faut voir les regards que lance Carol Marsh à Richard Attenborough. Il faut constater à quel point, impavide, ce dernier montre un visage lisse de toutes émotions.
Entre eux deux, le personnage de Hermione Baddeley, celui d'une chanteuse vulgaire au rire gras, qui enquête sur la mort d'un homme qu'elle a juste croisé uniquement parce qu'il était triste, désemparé et profondément humain et qu'elle se sent coupable d'avoir abandonné, sera l'élément perturbateur d'un film alliant psychologie et romantisme dans une jungle urbaine.
Brighton Rock : 88 min. Réalisé par John Boulting sur un scénario de Graham Greene et Terrence Rattigan d'après le roman éponyme de Graham Greene. Avec Richard Attenborough, Hermione Baddeley, William Hartnell, Carol Marsh, Harcourt Williams, Wylie Watson...
Bonus. Galerie photos. Filmographie de John Boulting.
Booklet. Autour du film (12 p.), par Nick Redfen.
Illustration intérieure
Citation
Il y a longtemps que la balustrade aurait dû être réparée. C'est une chance d'avoir un avocat respectable sur place, qui a vu l'accident.