Contenu
Le Prisonnier du ciel
Grand format
Réédition
Tout public
Frédéric Meaux (lecteur)
Traduit de l'espagnol par François Maspero
Paris : Audiolib, décembre 2012
19 x 14 cm
ISBN 978-2-35641-510-3
Un long hiver d'ombres et de cendres
Barcelone, décembre 1957. Daniel est seul dans la boutique de son père. La ville sombre dans la pénombre bleutée d'un hiver qui semble ne jamais vouloir prendre fin. Livres oubliés, clients ratés, l'avenir de la littérature est déjà entre les mains des femmes, bientôt les seules vraies lectrices du monde du livre. Daniel branche la radio. Jazz. Un enregistrement clandestin de Louis Amstrong. Fermin est sur le point de se marier, lui le bouffeur de curé, devant monsieur le curé qui plus est... Daniel n'a pas le temps de jauger ce retournement : un visiteur entre, mystérieux client au regard patient et calculateur. Il claudique, flâne entre les tables, s'approche de la vitrine des livres précieux, s'intéresse à un volume du Comte de Monte Cristo édité dans un superbe tirage. Le veux. Sans trop savoir pourquoi. Lui-même est collectionneur, mais pas de livres ajoute-t-il sobrement. Il aime la couverture bleue de l'ouvrage, qui le laisse autrement indifférent. Le livre le plus cher de la librairie ! Daniel hésite, rechigne à le lui vendre, redoute qu'une fois vendu, l'ouvrage tombe dans les oubliettes d'un cabinet dédaigneux des livres. Il tente de lui vendre une édition moins onéreuse, en vain. L'homme s'entête, sort un beau paquet d'argent, une somme qu'il laisse en dépôt pour son prochain passage. C'est pour un cadeau. Il demande à Daniel de le remettre en main propre à son destinataire, "ici même", rédige une dédicace de sa main postiche, en porcelaine, une dédicace que Daniel découvrira sitôt que l'homme aura refermé la porte de la librairie sur ses pas : "À Fermin, qui est revenu d'entre les morts et détient les clés du futur"...
Daniel se jette à sa poursuite dans les rues du vieux Barcelone. L'homme claudique au loin. Fermin se taira sur ce nom, cette histoire qui le trouble et le hante, celle de l'Espagne dans les années de guerre. Un terrible secret venant lui clore les lèvres longtemps avant qu'elles ne se descellent enfin pour nous mener au cœur du "Cimetière des livres perdus", à parcourir la mémoire fangeuse de Barcelone. Superbe lecture de Frédéric Meaux, extraordinaire grain d'une voix douce, légèrement chuintée, magnifiquement appelée par l'accompagnement musical toujours aussi somptueux chez Audiolib, quelques notes de piano détachées les unes des autres, tremblant d'un long écho avant d'installer la voix si parfaite du conteur. Frédéric Meaux raconte. Un conte de Noël, l'histoire de l'homme qui avait perdu son âme et son nom. Un conte enveloppé des silences d'un quartier lugubre dans un lecture savoureuse, la comédie pourtant pas loin des lèvres malgré cette diction souvent consciencieuse, scrupuleuse, attachée au texte, à ses césures, à ses rythmes internes, effacée, apaisée, subtile dans l'interprétation des personnages pour accompagner avec beaucoup de justesse l'écriture incroyablement fluide de ce troisième opus de la saga débutée par l'incomparable Ombre du vent.
NdR -1 CD MP3, 7 h 47 d'écoute.
Citation
Tout est faux en ce monde jeune homme, tout, sauf l'argent.