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Grand format
Inédit
Tout public
380 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-501-08309-6
Coll. "MaraBooks"
L'heure de la revanche ?
Tiens, un peu de sang neuf ! Ce premier roman de Nicolas Lebel se pose comme un mélange entre le polar d'enquête et le procédural auquel il ne manque qu'une légère bascule pour tomber dans l'humoristique, tant ses personnages sont décalés. Le départ est banal, un fait divers comme beaucoup avec un SDF poignardé à mort par ce qui semble être d'autres clochards. Pas de quoi y passer la nuit, n'est-ce pas ? Sauf que ce SDF mène à un personnage, Rodolphe, prof en Sorbonne poignardé dans le dos par sa hiérarchie. Un homme tombé au plus bas, qui hante les foyers et semble recruter d'autres damnés de la Terre pour mijoter une bien improbable vengeance... Et que vient faire dans cette histoire un fusil remontant à l'ère napoléonienne... qui n'aurait jamais dû exister ?
Un point de départ alléchant donc mené de la façon actuelle : en chapitres courts passant d'un personnage à l'autre (les trois lieutenants du Capitaine Mehrlicht — dont le nom signifie "plus de lumière" en allemand, ce qui ne doit pas être anecdotique), et majoritairement en dialogues (oui, comme dans une de ces sacro-saintes séries TV qui sont l'aboutissement ultime de l'évolution humaine...).
Le texte décolle vraiment lorsqu'il nous fait découvrir la communauté des SDF, cour des miracles moderne, et ses codes internes à l'écart de la société. Et pourtant, lorsqu'on en vient à la course-poursuite finale du genre "L'homme qui a vu l'homme qui a vu la bombe", on reste un poil sur sa faim : on eut aimé fouiller un peu plus cet univers des rebuts de notre monde forcément parfait digne de l'excellent La Fille des souterrains, de Anders Roslund & Börge Hellström (Presses de la Cité, "Sang d'encre"), et l'idée de leur révolte généralisée aurait demandé un petit grain de folie supplémentaire (On imagine ce que le duo Jérôme Camut-Nathalie Hug eut fait d'un tel sujet, pour ne pas parler de Serge Brussolo !). Mais un premier roman mérite l'indulgence, et celui-ci présente assez de qualités pour qu'on attende un deuxième opus, qu'on espère celui de la consécration.
Citation
Les mots de Mehrrlicht semblaient se tordre et se traîner dans un bac à gravier avant de sortir de sa gorge. Le grincement qui en résultait suffisait souvent à mettre un terme aux débats.