Contenu
L'Hypothèse de Copenhague
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Gérard Lecas
Paris : Rivages, janvier 2013
670 p. ; 23 x 16 cm
Coll. "Thriller"
De l'antique au cantique
L'Hypothèse de Copenhague : le titre pourrait faire penser à un nouvel auteur nordique en mal de renommée internationale, mais c'est ici loin d'être le cas car cette hypothèse de Copenhague fait référence à la physique quantique. Fichtre ! D'autant plus que le roman s'ouvre avec des intrigues au Vatican et se continue avec l'arrivée d'un flamboyant archéologue travaillant sur l'Égypte antique. Au centre de tout cela, un homme, Akhenaton, décrit comme un pharaon humaniste, ne voulant que le bonheur et la paix, mécontentant en cela les puissants de son temps. Même si le final montre le respect du statu quo, l'évolution des personnages tend à penser que le monde s'est transformé et qu'une société meilleure et moins avide est possible. Du coup, L'Hypothèse de Copenhague annonce que, peut-être, la Renaissance du XVe siècle pourrait resplendir d'un nouvel éclat aujourd'hui, donnant une perspective autre que celle promise par Dan Brown ou celle, pourtant intelligente, qu'anticipe Barouk Salamé qui a publié également chez Rivages les deux romans magistraux que sont Le Testament syriaque et Arabian thriller.
On pourrait se croire dans le fatras mystique qui fut développé dans Le Pendule de Foucault, le roman d'Umberto Eco, mais ce n'est pas le cas. Oscar Caplan navigue avec virtuosité entre les époques, passant de Moïse et Akhenaton (de superbes évocations de son règne vu de façon intimiste) aux plus récentes théories de la physique, avec un détour obligé par les hommes de la Renaissance. Hommage au thriller, le roman se déroule dans les coulisses du Vatican, en pleine élection d'un nouveau pape, dans les salons dorés où une poignée d'hommes essaie de contrôler le monde, vagabonde dans les monastères grecs ou les déserts d'Arabie Saoudite. Hommage à la pensée qui se forme avec une course au trésor qui a le bon goût d'éviter la figure du Christ pour se concentrer encore plus loin dans le temps sur la naissance des religions monothéistes. Oscar Caplan dans un style qui sait s'adapter aux actions de ses personnages, aux descriptions fines et précises d'un bijou ou d'un lever de soleil sur le désert, parvient aussi à balancer sans ennuyer un seul instant une masse d'informations sur le monde, les sociétés secrètes, l'alchimie, la physique moderne ou les débuts du judaïsme...
Comme dans la vie réelle, le texte ouvre des pistes, permet des rapprochements expliquant le monde, sans jamais dévoiler de vérités, en suggérant, en offrant des idées, en faisant confiance dans l'intelligence du lecteur. Derrière l'intrigue, nous voyons aussi comment, malgré la manière dont ils s'accrochent au passé, les hommes forts de la religion, et surtout ceux des trois grands religions monothéistes, perdent justement leur foi dans un monde qui semble vouloir se passer de Dieu et des rapports de force.
Citation
J'en dis que si vous n'aviez pas été dans la police, vous auriez pu faire carrière chez les jésuites... ou encore dans le grand banditisme.