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Un long moment de silence
Grand format
Inédit
Tout public
372 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-35887-055-9
Actualités
- 23/05 Édition: Parutions de la semaine - 23 mai
- 26/03 Prix littéraire: Sélection du Prix Belgique loisirs "La Plume de cristal" 2014
- 26/11 Prix littéraire: Sélection 2013 Prix des lecteurs Quais du polar/20 minutes
- 14/06 Prix littéraire: Sélections 2013 des Grands Prix de la littérature policière
Mercredi 12 juin s'est tenue à la BiLiPo une rencontre des jurés du Grand Prix de la littérature policière afin de dévoiler les deux sélections finales ("Roman francophone" et "Roman étranger"). Au cours de cette réunion, un hommage particulier à été rendu à Jean-Jacques Schléret, récemment décédé, membre du jury. En attendant les noms des lauréats, qui seront connus des jurés après la délibération finale du mardi 17 septembre 2013, voici le détail des sélections. Il est à noter que chaque sélection propose son lot de surprises, mais qu'il y a de toute évidence une plus grande diversité éditoriale dans la sélection francophone. Ainsi, l'on dénombre des ouvrages de chez Serge Safran, de La Manufacture de livres ou des éditions La Branche dans les "Romans francophones", alors que les "Romans étrangers" s'octroient des ouvrages de chez Liana Levi ou Baker Street. Mais les éditeurs qui sont les grands gagnants sont Rivages, Gallimard et Gallmeister. Les grands perdants sont à coup sûr Calmann-Lévy, Le Seuil et Actes Sud (même si l'on dénote un roman paru aux éditions Jacqueline Chambon, qui entretiennent un lien privilégié avec la maison fondée par Hubert Nyssen). Mais foin de forfanteries, les sélections !
Romans français :
- Rainbow Warriors, de Yal Ayerdhal (Au Diable Vauvert) ;
- La Fille de Hahn Hoa, de Thomas Bronnec (Rivages, "Noir") ;
- Ne lâche pas ma main, de Michel Bussi (Presses de la Cité, "Domaine français") ;
- L'Assassin à la pomme verte, de Christophe Carlier (Serge Safran) ;
- Un long moment de silence, de Paul Colize (La Manufacture de livres) ;
- Des nœuds d'acier, de Sandrine Collette (Denoël, "Sueurs froides") ;
- Le Dernier des treize, de Mercedes Deambrosis (La Branche, "Vendredi 13") ;
- I Cursini, d'Alix Deniger (Gallimard, "Série noire") ;
- L'Expatriée, d'Elsa Marpeau (Gallimard, "Série noire") ;
- Les Nuits de Patience, de Tobie Nathan (Rivages, "Thriller") ;
- Un homme effacé, d'Alexandre Postel (Gallimard, "La Blanche") ;
- J'ai fait comme elle a dit, de Pascal Thiriet (Jigal, "Polar") ;
- Le Dernier Lapon, d'Olivier Truc (Métailié, "Noir") ;
Romans étrangers :
- Boulevard, de Bill Guttentag (Gallimard, "Série noire") ;
- Les Mères, de Samantha Hayes (Le Cherche midi, "Thriller") ;
- Lettres de Carthage, de Bill James (Rivages, "Thriller") ;
- Dark Horse, de Craig Johnson (Gallmeister, "Noire") ;
- 22/11/63, de Stephen King (Albin Michel, "Romans étrangers") ;
- Le Royaume des perches, de Martti Linna (Gaïa, "Polar") ;
- Une belle saloperie, de Robert Littell (Baker Street) ;
- Il faut tuer Lewis Winter, de Malcom Mackay (Liana Levi, "Policier") ;
- Traversée vent debout, de Jim Nisbet (Rivages, "Thriller") ;
- Le Tueur se meurt, de James Sallis (Rivages, "Thriller") ;
- Dernière nuit à Montréal, d'Emily St. John Mandell (Rivages, "Thriller") ;
- Cuba libre, de Nick Stone (Gallimard, "Série noire") ;
- Impurs, de David Vann (Gallmeisterr, "Nature writing") ;
- Lumière dans une maison obscure, de Jan Costin Wagner (Jacqueline Chambon, "Roman policier") ;
- Pike, de Benjamin Whitmer (Gallmeister, "Noire").
Liens : Rainbow warriors |Ne lâche pas ma main |Le Dernier des treize |I cursini |L'Expatriée |Les Nuits de Patience |J'ai fait comme elle a dit |Le Dernier Lapon |Boulevard |Lettres de Carthage |Dark horse |22/11/63 |Il faut tuer Lewis Winter |Traversée vent debout |Le Tueur se meurt |Dernière nuit à Montréal |Cuba libre |Lumière dans une maison obscure |Pike |Les Mères |Yal Ayerdhal |Michel Bussi |Paul Colize |Alix Deniger |Elsa Marpeau |Tobie Nathan |Pascal Thiriet |Olivier Truc |Bill James |Craig Johnson |Stephen King |Robert Littell |Jim Nisbet |James Sallis |Emily St. John Mandel |Nick Stone |David Vann |Jan Costin Wagner |Benjamin Whitmer |Samantha Hayes - 09/04 Librairie: Paul Colize à la librairie de Paris
- 22/03 Édition: Parutions de la semaine - 22 mars
Roman d'unes vies
Connaître l'auteur d'un roman qu'on va chroniquer est-il un handicap ? Réponse : non. Au mieux, se poser la question relève d'une tartufferie de bon aloi, qui ne trompe personne. Dans le microcosme polardeux-critique, tout le monde se connaît/fréquente/jalouse/apprécie. Oui, je connais et j'aime Paul Colize, tant l'homme que l'auteur. Mais je n'écris pas ceci en guise de préambule hypocrite, non. Parce que ce prédicat fut partie prenante de ma lecture, parce qu'il conditionne l'écriture de cette chronique, parce qu'il est indissociable de mon ressenti.
Flashback.
La presse et le public ont loué Back up, le précédent roman de Paul Colize. Le danger est donc d'écrire le suivant en creusant le sillon. Écueil évité. De fait, la comparaison entre les deux romans n'est pas envisageable. Back up possédait une dimension sociétale, presque épique, moins présente dans Un long moment de silence. Encore que l'Histoire y soit présente à chaque page. La structure, le mode narratif semblent pourtant les mêmes : une recette que Paul Colize maîtrise à merveille et qui fait mouche - tisser trois lignes narratives en apparence distinctes (lieux, époques, personnages différents), puis emballer le métier, faire se croiser les fils, les nouer, les emberlificoter jusqu'à un ultime dénouement qui finit de dévider l'écheveau.
En l'occurrence : l'histoire d'un jeune juif qui, après la Seconde Guerre mondiale, rejoint un commando spécialisé dans la traque des criminels nazis ; un attentat à l'aéroport du Caire en 1954 ayant fait vingt et un morts ; Stanislas, un chef d'entreprise belge odieux, cynique et misanthrope, dont le père figure parmi les victimes de l'attentat en Égypte et qui découvre, cinquante ans plus tard, de nouveaux éléments sur ce massacre.
Inutile d'en dire plus sur l'intrigue. On sait que tout est lié. Tout l'art de Paul Colize repose dans la distillation d'événements nouveaux, dans la tension qui habite chaque chapitre, l'alternance des époques et la rédemption du narrateur.
Car le narrateur est souvent "je". Ce "je", c'est ce sexagénaire belge, patron d'une boîte spécialisée en sécurité informatique. Odieux, cassant, puant, blessant, érigeant l'agressivité, le machisme et l'insensibilité comme une forteresse autour de sa personne. Le faire parler à la première personne est dangereux. Évidemment que l'identification s'opère ! Évidemment que Paul Colize fait tout pour que l'amalgame s'impose (jusqu'aux mises en abyme avec son éditeur). Dès lors, le malaise s'installe dans l'esprit du lecteur qui, au-delà de l'intérêt purement narratif, attaque les chapitres avec une curiosité malsaine, se fait le complice voyeur de cette vraie-fausse mise à nu de l'auteur/narrateur. Remarquablement joué ! On ne peut plus lâcher le livre, on applaudit à l'exercice de style, on veut savoir quels sont les liens entre tous ces personnages, pourquoi l'attentat du Caire, etc., tout en cherchant derrière le masque du détachement la part de vérité ou de bourrage de l'auteur.
Et puis arrive l'épilogue. Ou plutôt la note au lecteur. Et ses trois dernières phrases.
Et là, en effet, soit vous connaissez personnellement l'auteur, ou non. Dans le deuxième cas, vous vous inclinez et saluez sa performance et son courage face à la difficulté d'écrire un tel ouvrage.
Dans le premier cas, vous vous dites tout ça, bien sûr, mais en plus, vous refermez le livre tout doucement, la boule dans la gorge, presque gêné mais reconnaissant envers l'auteur de vous avoir ouvert la porte qu'il n'entrebâille que trop rarement.
Un long moment de silence, ce n'est pas le roman d'une vie. Ni de plusieurs. C'est le roman d'unes vies, tellement lointaines et si fusionnelles.
C'est une leçon.
Récompenses :
Prix Landerneau Polar 2013
Prix Boulevard de l'Imaginaire 2013
Nominations :
Prix des lecteurs nantais/Acener 2014
Citation
J'admirais en cachette ce père que je n'avais pas connu, ce héros mort en service commandé. Ce n'est que cinq ans plus tard que j'ai recueilli quelques bribes supplémentaires, le jour même où j'ai baisé pour la première fois.