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Grand format
Inédit
Tout public
322 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-35962-401-4
Coll. "Rouge"
Vivre avec l'apocalypse
Les massacres en Syrie, ceux du Rwanda qui sont déjà derrière nous, nous semblent déjà fort lointains, le fruit de sociétés sauvages, barbares... C'est oublier un peu vite que les premiers industriels de la mort ont été les Anglais pendant la guerre des Boers, la palme revenant aux Allemands avec deux guerres mondiales à leur actif pendant lesquelles de nombreux civils furent des victimes planifiées. Mais c'est également ne pas se souvenir que la Yougoslavie n'est finalement pas si loin que cela de nos frontières. Un peu plus à l'est - il importe de lire Underground, le roman-essai, de Haruki Murakami -, la secte japonaise Aum a défrayé la chronique avec sa volonté de provoquer des désordres en répandant des gaz toxiques dans le métro. Fabio M. Mitchelli part sur un principe identique avec une secte millénariste qui veut créer un chaos d'où sortira forcément une purification dont la secte prendra la tête. Le chaos révélera les "méchants" qui profiteront du désordre, et permettra de les localiser afin de les détruire - une doctrine quelque peu similaire à celle de Mao qui décidait d'ouvrir la parole au peuple chinois pour mieux repérer ceux qui le contredisaient. Dans l'intrigue du Cercle du chao, la secte n'en est pas à son premier essai. Elle voulait déjà lancer l'apocalypse quelques années auparavant. Son trésorier devait réunir des fonds afin d'acheter les armes nécessaires, seulement il a préféré se faire la malle avec l'argent plutôt qu'affronter l'apocalypse. Des années ont passé, et lors de travaux dans la propriété d'un homme politique, le corps du trésorier et de son épouse sont retrouvés. En parallèle, nous suivons l'enquête des policiers et du fils de la victime pour comprendre comment se sont déroulés les événements et ausi la façon dont le chef de la secte, prenant cette découverte comme un signe, décide de lancer sa grande opération de nettoyage du monde.
Le roman va donc se concentrer sur les deux intrigues que sont l'enquête et ses ramifications entre passé et présent, et la description d'une guerre civile en France. Servi par un style baroque qui n'hésite pas à jouer de la démesure - comme chez Maurce G. Dantec -, mais reste toujours crédible, poussant à l'extrême des situations et des événements que l'on voit affleurer depuis quelques années, Fabio M. Mitchelli sait monter une intrigue, et ses rebondissements, et la faire vivre à travers quelques personnages. En revanche, il est bien plus discret concernant les développements théoriques ou philosophico-poétiques qui encombrent souvent les romans du genre de l'auteur précité pour nous montrer, de façon réaliste, la manière dont tout peut se déliter en quelques jours, dont les complots peuvent en cacher d'autres à l'intérieur, pour annoncer que la barbarie et la violence ne sont pas l'apanage de sociétés arriérées mais qu'elle ne demandent qu'à surgir dans celles soi-disant civilisés, et qu'elles se cachent comme les virus se terrent dans le corps, prêtes à accomplir leur œuvre.
Citation
Nous n'imaginions pas que cet événement scellerait les prémices des pires lendemains que l'Europe allait connaître. Des lendemains enflammés, des futurs pourpres et incandescents.