Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Anath Riveline
Paris : J'ai lu, février 2013
440 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-290-05938-8
Coll. "Grand format"
La revanche dans la peau
Adrénaline est un volume quasi-historique, puisqu'il s'agit du premier grand format des vénérables éditions J'ai lu. Pour se faire, il fallait peut-être bien un romancier comme Jeff Abbott, transfuge du Cherche Midi.
Son sixième roman traduit en français commence de façon assez alléchante : Sam Capra, agent de la CIA tendance crimes financiers basé à Londres, vit une existence parfaite avec son épouse enceinte Lucy... jusqu'au jour où celle-ci l'appelle en urgence pour qu'il sorte de son bureau... quelques secondes avant qu'une explosion ne ravage l'immeuble. Pour la CIA, Lucy, portée disparue, est coupable, et Sam au pire un complice, au mieux un benêt qui s'est laissé embobiner par une terroriste. Il devra déjouer la surveillance de ses ex-employeurs pour remonter la piste de l'homme qu'il a vu en compagnie de Lucy juste avant l'explosion.
Un point de départ très cinématographique donc, et ce travelogue qui mène d'Amsterdam à Paris et mêle trafiquants de chair humaine, riche héritière au cerveau lavé par ses ravisseurs, trafic d'armes, et de multiples trahisons porte la marque d'un certain Jason Bourne. À travers cette intrigue alambiquée, dont les enjeux ne cessent de fluctuer, on retrouve le côté vertigineux qui est typique du roman d'espionnage, même dans son incarnation moderne. Mais Jeff Abbott transcende le tout, d'abord en présentant un protagoniste crédible et engageant, puis une intrigue au cordeau, sans les longueurs (voire le tirage à la ligne) dont usent et abusent certains auteurs du genre (qui a dit Lee Child ?), sans sacrifier à la facilité de la grande scène d'action hollywoodienne. Et si, comme disait Alfred Hitchcock, il faut un bon méchant pour réussir son histoire, c'est ici gagné, car le roman mêle petites frappes, odieux trafiquants de chair humaine et une (ou plusieurs, sans déflorer) société secrète chère au roman populaire tout en évitant le côté caricatural.
Enfin le style, certes factuel et comportant de nombreux dialogues selon la mode actuelle, mais dégraissé de tout effet de cette même mode et d'une efficacité de sniper, ne peut que convaincre. Certes, rien de vraiment nouveau dans le monde de l'espionnage moderne, mais le talent de l'auteur fait que ce roman dit de plage ou d'aéroport se dévore sans que la tension ne faiblisse un seul instant. Et on attend avec impatience la suite annoncée par une fin à la fois ouverte et satisfaisante...
Citation
Le FBI a réussi à détruire la mafia parce que c'était une hiérarchie, les petits voyous ont témoigné contre les gros. Mais seuls les maillons faibles ici sont les pions qui gravitent d'un réseau à l'autre.