Contenu
La Mort s'invite à Pemberley
Réédition
Tout public
Guila Clara Kessous (lecteur)
Traduit de l'anglais par Odile Demange
Paris : Audiolib, janvier 2013
19 x 14 cm
ISBN 978-2-35641-563-9
James Austen
Phyllis Dorothy James sur les pas de Jane Austen, imaginant une suite à Orgueil et Préjugés, publié en 1813, mais dans un registre policier, évidemment. Voici donc ressuscités les personnages du roman d'Austen dans ce domaine de la famille Darcy : Pemberley House. Elizabeth est mariée, paisible au bras de Mr Darcy, la veille du bal de Lady Anne, qu'on donne tous les ans à Pemberley. Déboule un cabriolet affolé : Lydia craint pour la vie de son époux, perdu dans les bois. Lydia la scandaleuse, l'inavouable, vient jeter le trouble sur la demeure. C'est que Lydia y fait non seulement entrer la mort, mais les hostilités du passé... Choquant la gentry obsédée de bienséance avec sa frivolité, son hystérie, débarquant comme une brute dans ce bal où elle n'est pas invitée.
P. D. James a du métier. L'univers de Jane Austen semble respecté, dans l'étude des caractères surtout, l'écriture infiniment sophistiquée, l'univers romanesque. Trop sans doute, au point de brider son propre propos : l'intrigue policière, engoncée dans des stratégies de redondance, démultipliant les points de vue sur le même événement jusqu'à l'épuisement. C'est que l'exercice de style a pris le dessus, anesthésiant l'affaire. On sent de la peine à cette tâche, malgré le brio de l'auteure. Reste aussi qu'il y manque la tension que Jane Austen avait tissé avec ses personnages. Darcy en particulier, l'aimé inaccessible, dérobé par les codes de sa classe, dressant contre les sentiments une barrière infranchissable qu'elle a tenté d'outrepasser, elle la romancière, par l'écriture d'un texte infiniment subtil, trop même, pour ne pas avouer l'amertume d'une si belle réussite romanesque.
À trop souhaiter le bonheur de son personnage, Jane y perdit sa vie, n'osant clamer combien elle aurait voulu que ce bonheur ne dépendît que d'elle. La lecture que nous en propose Guila Clara Kessous en revanche, sert au plus près la tonalité policière pourtant si en retrait, la révélant à elle-même, enquêtant, questionnant, posant avec intelligence ce climat de mystère que l'œuvre écrite ne sait que trop mal soutenir et lui restituant cette vocation policière qui aurait dû être la sienne, au point de rendre finalement le roman plus attachant qu'il ne l'est à mon sens.
NdR - 1 CD MP3, 10 h 23 d'écoute.
Citation
Elle reconnut alors Lydia, dans cette apparition hurlante et farouche.