Le Tueur se meurt

Le cri monotone d'un coucou perché sur les hautes branches d'un arbre me sort d'un rêve peuplé d'assassins qui dissimulent leurs pattes griffues et leurs moustaches de rats sous une grande cape noire.
Jeanne Faivre d'Arcier - Nuit d'angoisse à l'île aux oiseaux
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jeudi 21 novembre

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Roman - Noir

Le Tueur se meurt

Tueur à gages - Crépusculaire MAJ vendredi 10 mai 2013

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

James Sallis
The Killer is Dying - 2011
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Christophe Mercier
Paris : Rivages, mai 2013
264 p. ; 19 x 14 cm
ISBN 978-2-7436-2521-4
Coll. "Thriller"

Actualités

  • 23/01 Édition: Parutions de la semaine - 23 janvier
  • 15/09 Prix littéraire: Grand Prix de la Littérature Policière 2013
  • 18/06 Presse: Sélection 2013 des polars à dévorer de L'Express
    À l'approche de l'été, L'Express fait paraître traditionnellement sa sélection de polars à dévorer. Comme chaque année, peu de surprises mais l'apparition du défaut de la sélection. L'on remarque plus aisément les absents que les présents, se prêtant facilement au jeu bien français du "moi, j'aurais mis celui-là et surtout pas celui-là..." Un peu comme les sélections de prix littéraires, de grandes maisons d'éditions sont absentes de cette liste de onze (mais pourquoi onze et non dix ?) romans qui ont été semble-t-il choisis non pas collégialement mais individuellement. Il ressort que les grands perdants sont Gallimard, Calmann-Lévy, Le Seuil et Le Masque, qui ont pourtant dernièrement proposé des romans très intéressants. Mais le but de cette dépêche n'est pas tant d'ergoter sur l'originalité de ces choix (il y a après tout un roman à découvrir de Gaïto Gazdanov, Le Spectre d'Alexandre Wolf, qui est un peu en marge de la littérature policière, l'auteur aimant brouiller les frontières), ni sur sa légitimité, mais de la soumettre à l'avis de nos internautes. Nous vous la livrons telle quelle tout en rappelant que chacun des choix d'ouvrages est explicité sur L'Express.

    Sélection 2013 des polars à dévorer de L'Express :
    - Le Matériel du tueur, de Gianni Bondillo (Métailié, "Noir") ;
    - Incurables, de Lars Kepler (Actes Sud, "Actes noirs") ;
    - Le Spectre d'Alexandre Wolf, de Gaïto Gazdanov (Viviane Hamy, "Domaine étranger") ;
    - L'Affaire du tarot, de Pieter Aspe (Albin Michel, "Littérature étrangère") ;
    - L'Âge du doute, d'Andrea Camilleri (Fleuve noir, "Thriller") ;
    - Le Deuxième vœu, de Ramón Díaz-Eterovic (Métailié, "Noir") ;
    - Manuel du hors-la-loi, de Daniel Woodrell (Rivages, "Thriller") ;
    - Guet-apens, de Sam Hawken (Belfond, "Noir") ;
    - Vanity game, de H. J. Hampson (Liana Lévi, "Policier") ;
    - Article 122-1, de David Messager (Les Escales, 'Noires") ;
    - Le Tueur se meurt, de James Sallis (Rivages, "Thriller").

    Sélection 2013 des polars à dévorer
    Liens : Incurables |Lars Kepler |Pieter Aspe |Ramon Díaz-Eterovic |Daniel Woodrell |James Sallis

  • 14/06 Prix littéraire: Sélections 2013 des Grands Prix de la littérature policière

Métaphysique du thriller : l'éléphant et les fourmis

James Sallis a toujours été une voix à part dans le roman policier, un peu à l'instar de Jim Nisbet. Ce qui l'intéresse, ce n'est pas forcément les femmes fatales, les pistolets rutilants et les cambriolages bien huilés, mais une évocation souvent tendre et poétique de ces mêmes événements qu'il rapporte. Avec Le Tueur se meurt, il décide de travailler sur l'histoire de Chrétien, un vieux tueur à gage, mais ne peut se résoudre à raconter la traque solitaire d'une proie pour abattre une énième cible. Nous ne tardons cependant pas à découvrir que la victime est une cible choisie au hasard, et que le but est de démasquer le tueur. Pourquoi ?

La réponse est encore plus étrange que la question. Dans sa volonté de transformer le récit, James Sallis raconte non pas un assassin exceptionnel et machiavélique, mais un homme fatigué - comme Clint Eastwood dans ses westerns crépusculaires -, qui est sur le point de mourir. De façon tout aussi symptomatique, le tueur est capable de tomber inconscient alors qu'il surveille son futur contrat. Son souci est simple : chargé de tuer un pauvre comptable, il arrive pour constater que le travail est déjà à moitié fait. Chrétien veut comprendre par qu'il a été doublé et pourquoi. Mais entre sa maladie qui le ronge et son esprit qui se perd, il n'a plus qu'une seule solution, ô combien ennuyeuse : demander l'aide de la police ! Le récit devient donc un labyrinthe où nous suivons Sayles, un policier, angoissé par la disparition programmée de sa femme qu'il ne peut aller voir à l'hôpital, et par son collègue quelque peu suicidaire. En parallèle, et c'est tout le charme de l'auteur, James Sallis ne peut se résoudre à consigner uniquement cette lente et poétique mort apaisée d'un tueur qui ne regrette rien, et qui a mené sa vie solitaire sans angoisse. En guise de contrepoint, il nous dépeint le parcours de Jimmy, dix ans, qui vit de petites ventes sur Internet, de petits riens pour se débrouiller seul. Sa mère puis son père ont quitté une maison où il est reclus, juste surveillé de loin avec bienveillance par une immigrée. Révélant ainsi un hymne à la vie naissante et solitaire en contre-mélodie à la fin "éléphantesque" de son tueur, vieux mâle qui se rend seul au cimetière. Pendant ce temps, les policiers nagent en plein brouillard. S'ils ne comprennent pas bien ce qui se passe, il n'en continuent pas moins leur travail infini de fourmis, symbolisant une humanité déboussolée, qui fonctionne par ce qu'il faut bien qu'elle fonctionne.

Le Tueur se meurt est encore un roman qui pourra faire grincer des dents aux puristes du genre, tant il se joue sur des petits riens - ces interstices entre les actions possibles. Le Tueur se meurt évite tout le sensationnel, tout le pathos de la mort, du tueur impitoyable appliquant un plan diabolique pour exécuter une cible parfaite pour, au contraire, nous offrir un lent et majestueux travelling sur des individus de chair, des humains englués dans leur quotidien et qui essayent d'y survivre, d'y trouver leur place, peut-être même d'y déceler une once de chaleur qui laisserait croire que tout cela a un sens. Avec en prime la plume déliée et poètique de James Sallis.

Nominations :
Prix Mystère du Meilleur roman étranger 2014

Citation

Dans l'avant-toit de ce motel bas de gamme loué à la semaine, sous une poutre d'angle juste sous le rebord, un pigeon s'est fabriqué un nid, dont l'un des oisillons est tombé.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 29 octobre 2013
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