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Crémèr et l'enquête intérieure
Grand format
Inédit
À partir de 13 ans
Paris : Dargaud, février 2009
56 p. ; illustrations en couleur ; 30 x 22 cm
ISBN 978-2205-06207-6
Coll. "Poisson pilote"
Une enquête du commissaire Crémèr, 2
Actualités
- 27/06 Édition: Crémer au parodie ?
Bruno Crémer, qui restera à jamais comme l'incontournable interprète de Maigret à la télévision, a cassé la pipe du commissaire imaginé par Georges Simenon le 8 août 2010. Il y a donc presque deux ans. En 2008, il avait assigné la maison d'édition Dargaud après la parution dans sa collection "Poisson pilote" de deux albums de David Vandermeulen et Daniel Casanave, premiers volets d'une série intitulée "Une enquête du commissaire Crémèr". Nous avions publié en ces pages une chronique de l'excellent Crémèr et l'enquête intérieure. Le moins que l'on puisse dire est que Bruno Crémer avait fait preuve à l'époque de moins d'humour que l'inspecteur belge. Peut-être n'a-t-il pas lu les deux ouvrages malheureusement incriminés qui lui rendent un hommage sympathique. Gageons à ce propos qu'évidemment les auteurs des albums ont dû être désagréablement surpris (moins, cela dit, que le service juridique des éditions Dargaud). Bruno Crémer avait demandé l'interdiction de diffuser ces albums, l'interdiction de publier tout nouvel album comportant le nom de Crémer, l'interdiction de toute publicité relative à ces albums et la réparation de son préjudice. En avril 2011, le 3e chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris a condamné en première instance Dargaud à verser 10 000 € à la veuve de l'acteur Chantal Hillion à titre de dommages et intérêts en réparation de son préjudice moral et a ordonné la cessation de la diffusion des albums. S'il était assuré que Dargaud ferait appel, le choix des héritiers de Bruno Crémer est plus surprenant. Eux ont estimé que les dommages et intérêts n'étaient pas à la hauteur du préjudice subi. La bataille juridique qui avait eu lieu avait pour centre de convergence l'exception de parodie. Les raisons et le nerf de la guerre sont donc essentiellement financiers (on imagine que l'acteur se serait satisfait d'un tel rendu). La nouvelle bataille qui s'est déroulée sans les deux auteurs de Dargaud trouvera son issue le 21 septembre, lorsque la Cour d'appel délivrera son jugement. Nul doute qu'alors la cassation ne sera pas loin. Quant à Bruno Crémer, si la Parodie existe, il s'en éloigne un peu plus chaque jour...
Liens : David Vandermeulen |Daniel Casanave
Ce qu'il faut savoir sur la série
Années 1960. Le commissaire Crémèr mène des enquêtes improbables, avec un flair discutable, pour des résultats à la hauteur de son talent. Accompagné d'un adjoint souffre-douleur et de sa chienne Jessica, il entre dès ses débuts dans la grande famille des flics maladroits et incompétents qui font plus rire que peur. Chacune des enquêtes de Crémèr se lit de manière indépendante.
La décadence ne passera pas !
L'heure est grave à Seraing. Le Bourgmestre convoque le commissaire Crémèr, et le met sur la piste du groupe de rock psychédélique "Slap Machine", dont la venue imminente risque de mettre la ville en émoi. Pis, Monique, la fille du maire, s'est entichée de ces rockers, qu'elle suit dans leur tournée. La mission de Crémèr est plus de "coincer le groupe" que de ramener Monique dans le droit chemin, et pour cela, une seule solution : "infiltrer la racaille" et la prendre en flagrant délit d'attentat à la pudeur, par exemple... Il suffit juste au commissaire et à son fidèle adjoint de réussir à se faire passer pour des comédiens fans du groupe. Mais la fréquentation de ces jeunes sauvages risque bien d'avoir des effets pervers sur l'honnête homme qu'est Crémèr...
Le lecteur ébahi avait fait connaissance de l'ineffable commissaire Crémèr dans une première enquête lointaine et exotique (Crémèr et le maillon faible de Sumatra) qui valait son pesant de cacahuètes. De retour au pays, l'intrépide défenseur de la loi ne déçoit pas ses supporters : sa longue traque pour mettre fin aux odieux agissements d'un groupe au final pas bien méchant – mais il est vrai qu'à l'époque de Crémèr, où Béjart fait scandale, on se choque plus facilement que maintenant – atteint des sommets de loufoquerie. L'album s'ouvre sur une séance chez le dentiste-vétérinaire, se poursuit, entre autres, sur une altercation avec un pompiste batave pour non-délivrance de timbres de fidélité au commissaire, suivi d'une longue séquence de 8 pages "muettes" résumant une folle journée, prélude à l'idée lumineuse de l'infiltration de la "bande d'hirsutes". Et en fil rouge, une tenace rage de dents, responsable de plus d'un délire du pauvre Crémèr.
Vandermeulen et Casanave ont créé un personnage comme on en croise trop peu dans le milieu du polar en cases, et il souffle sur cette série un vent franchement drôle. De ses sorties dignes d'un maire de Champignac ("Pensez-vous que je puisse éprouver le moindre remords à suspendre ce triste spectacle du pire ?") à sa silhouette pesante et balourde, mais toute en légèreté sous le trait nerveux de Casanave, voici un nouveau venu qui mérite de se faire une place dans la longue liste des enquêteurs du neuvième art. On attend ses prochaines frasques avec envie.
On en parle : L'Ours polar n°49
Citation
Attention, Lucas, je pense que cette chose contient des produits qui pourraient altérer notre discernement !