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Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Delphine Valentin
Strasbourg : La Dernière goutte, octobre 2013
224 p. ; 19 x 14 cm
ISBN 978-2-918619-13-0
Coll. "Littérature générale"
Actualités
- 01/01 Prix littéraire: Sélection 2015 du Prix du meilleur polar des lecteurs de Points
- 23/01 Prix littéraire: Sélection hiver du Prix SNCF du polar/Roman 2014
Après quatre mois de compétition entre les cinq romans de la sélection "Automne" du Prix SNCF du polar 2014, les lecteurs ont fait le choix de la nouveauté en donnant à Né sous les coups, de Martyn Waites (Rivages, "Thriller") le droit d'être nommé pour la sélection finale qui regroupera quatre titres. En attendant, le comité de lecture du prix vient de dévoiler sa sélection "Hiver", riche de cinq nouveaux titres. Une sélection à la fois hétéroclite et cohérente, si l'on se fie à la politique éditoriale des jurés, qui semblent œuvrer pour une écriture de qualité orientée vers le sombre entre roman noir et policier.
Sélection Hiver du Prix SNCF du polar 2014 :
- Le Dernier arbre, de Tim Gautreau (Le Seuil) ;
- Yeruldegger, de Ian Manook (Albin Michel) ;
- Dans la rue j'entends les sirènes, de Adrian McKinty (Stock) ;
- Les Impliqués, de Zygmunt Miloszewski (Mirobole) ;
- Thése sur un homicide, de Diego Paszkowski (La Dernière goutte).
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Liens : Né sous les coups |Yeruldegger |Diego Paszkowski |Ian Manook - 11/10 Édition: Parutions de la semaine - 11 octobre
Crime et châtiment
Paru en 1999 en Argentine, Thèse sur un homicide a alors connu un succès retentissant. Le roman, inédit en France jusque-là, qui sort en cette rentrée littéraire à La Dernière goutte, petit éditeur strasbourgeois, a été adapté en janvier 2013 dans une coproduction argentino-espagnole par Hernán Goldfrid. L'histoire narrée par Diego Paszkowski a tout de l'exercice de style. Transposition sud-américaine infidèle de Crime et châtiment de Dostoïevski, elle offre à l'étudiant français Paul Besançon le splendide rôle de Raskolnikov. Mais ici, point de vieille mégère avare à trucider en un acte gratuit qui induit un crime parfait qui ne devra d'être résolu que par le besoin impérieux de Raskolnikov d'obtenir une reconnaissance et ainsi de se trahir. Paul Besançon est un psychopathe reclus, incompris de ses parents. Son père, qui a travaillé à l'ambassade française à Buenos Aires, a alors la brillante idée de lui imposer le séminaire en huit cours obligatoires de son ami, le professeur de droit pénal Roberto Bermúdez, une sommité du pays qui a même son propre talk show à la radio. La passion que voue l'étudiant à l'actrice Juliette Lewis (Les Nerfs à vif, Kalifornia, Tueurs nés...) est maladive et va le conduire à assassiner une jeune inconnue qui lui ressemble et à abandonner son corps sur le parking de la faculté de droit en un geste provocateur. La victime a été violée, torturée, poignardée, asphyxiée et criblée de balles. Un mode opératoire volontairement tordu pour orienter la police sur la piste d'un fou, et démontrer à son professeur que malgré toutes ses notions, capacités et aptitudes juridiques, il ne peut rien contre lui. Car au contraire de Raskolnikov, Paul Besançon a suscité les premiers doutes chez son professeur par le biais de questions sur le code pénal argentin et le crime odieux. Cette trame, qui trouvera une solution immorale, Diego Paszkowski se l'approprie de manière intelligente pour en donner un texte à la structure étonnante excellemment traduit par Delphine Valentin. Roman a deux voix à la lecture ardue, il propose une alternance de chapitres où le lecteur découvre les pensées du professeur et de l'étudiant. Tandis que la pensée structurée de Roberto Bermúdez offre des phrases courtes, qui se suivent logiquement, celle de Paul Besançon donne des chapitres d'une phrase ponctuée de nombreuses virgules qui permettent à sa pensée de se répéter selon un mode maladif. Peu à peu, l'on observe un rééquilibrage annonciateur d'une confrontation finale explosive. Et c'est bien ce que cela donnera. Décidément, la littérature argentine contemporaine détient des petits bijoux qu'il serait dommage de négliger.
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Il y a beaucoup de monde, et deux ascenseurs en panne. Comme toujours. La justice fonctionne aussi bien que les ascenseurs des tribunaux.