Faillir être flingué

En vérité, je n'essaie pas seulement de retrouver ma jumelle, ma sœur si douce, agaçante et drôle, mais quelque chose en moi que j'ai perdu et que je dois absolument récupérer pour pouvoir être en paix. Il y a une vérité, quelque part, une grosse pièce du puzzle qui me manque. Cela me pousse à mentir, à avancer dans le noir, quitte à tout faire tomber, à me ramasser. Une chose est certaine : ma sœur n'est pas morte ce soir du 10 mai 2008. Je le sais, c'est gravé dans ma chair.
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samedi 23 novembre

Contenu

Roman - Western

Faillir être flingué

Ethnologique - Crépusculaire MAJ mardi 08 octobre 2013

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Céline Minard
Paris : Rivages, août 2013
336 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7436-2583-2

Actualités

  • 09/04 Prix littéraire: Sélection 2015 du Prix du Livre Inter
  • 23/01 Prix littéraire: Le Roman des étudiants France Culture-Télérama 2014
    Remis en mars par la radio publique France Culture en partenariat avec le magazine hebdomadaire Télérama - à l'occasion du Salon du livre de Paris -, ce prix généraliste traditionnel se démarque quelque peu de ses congénères par son mode de fonctionnement. S'il y a bien un préjury* composé de journalistes des deux médias qui sélectionne dix ouvrages, il y a surtout trois cents étudiants répartis dans dix-huit villes françaises qui font office de jury ; mais il y a surtout vingt-deux librairies indépendantes associées au prix qui accueilleront les dix auteurs nommés pour un tour de France littéraire à la rencontre de leurs lecteurs. La sélection 2014 qui vient tout juste d'être dévoilée est dense et de qualité avec quelques ouvrages qui ont fait l'actualité littéraire de la rentrée de septembre comme Nue, de Jean-Philippe Toussaint, Arden, de Frédéric Verger et Les Renards pâles, de Yannick Haenel. Si l'on note également la présence parmi les romanciers de Maylis de Kerangal, qui a été ici chroniquée au début de k-libre pour Corniche Kennedy, l'on remarque surtout que Faillir être flingué fait partie de la sélection. Ce western français bien apprécié de la rédaction fait toujours beaucoup couler d'encre à défaut de sang, et nous ne pouvons que nous en réjouir, et souhaiter bonne chance à son auteur, Céline Minard.

    Sélection 2014 du Roman des étudiants France Culture-Télérama :
    - Comment j'ai mangé mon estomac, de Jacques A. Bertrand (Julliard) ;
    - Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal (Verticales) ;
    - Les Renards pâles, de Yannick Haenel (Gallimard) ;
    - La Petite communiste qui ne souriait jamais, de Lola Lafon (Actes Sud) ;
    - Dix yuans un kilo de cocombres, de Célia Lévi (Tristram) ;
    - En finir avec Eddy Bellegueule, de Édouard Louis (Le Seuil) ;
    - Faillir être flingué, de Céline Minard (Rivages) ;
    - Nue, de Jean-Philippe Toussaint (Minuit) ;
    - La Conjuration, de Philippe Vasset (Fayard) ;
    - Arden, de Frédéric Verger (Gallimard).

    Roman des étudiants France Culture-Télérama 2014

    Le préjury se compose de Olivier Poivre d'Arvor, Sandrine Treiner, Caroline Broué, Laurent Goumarre et Augustin Trapenard pour France Culture, et de Fabienne Pascaud, Michel Abescat, Gilles Heuré, Marine Landrot, Christine Ferniot et Nathalie Crom pour Télérama.
    Liens : Maylis de Kerangal |Céline Minard

  • 12/11 Prix littéraire: Le Prix Médicis 2013 échappe à Céline Minard
  • 09/10 Prix littéraire: Première sélection du Prix des Libraires 2014

Western français

Ouvrir un excellent roman western paru aux éditions Rivages est dans l'ordre des choses, mais le découvrir en littérature française sous la plume de Céline Minard assurément ne l'est pas. Alors si en plus il se trouve dans la deuxième sélection du Médicis et qu'il est encensé par une critique presque unanime hormis quelques ronchons, forcément ça intrigue. Faillir être flingué : le titre en lui-même est une surprise syntaxique qu'il incombe de prendre avec des pincettes mais qui trouvera sa signification à la toute fin de la lecture. Dans l'intervalle, Céline Minard ne joue pas des codes du western, elle ne se les approprie pas non plus. Non, elle écrit un joli roman dont la trame se passe dans le Grand Ouest américain au milieu d'un territoire parcouru par les Pawnee et les Dakota, au cœur d'une ville naissante avec des personnages à la fois attachants et archétypaux du western tel qu'on le connait les films américains des années 1950. Un saloon avec ses prostituées où la propriétaire offre le premier verre, un campement de tentes où l'on peut louer un abri en même temps qu'un pot de chambre et où chaque service se paye, un barbier dans l'attente d'un nouveau siège inclinable, un utopique qui croit qu'il va pouvoir ériger des bains publics et, bien sûr, des cow boys qui arpentent la plaine en escortant surtout des vaches mais aussi quelques moutons qu'il remettent sur pattes sans même descendre de cheval ; sans compter des Indiens pacifiques qui marchandent dur eau de vie et couvertures, des moins pacifiques qui ne marchandent ni la vie, ni les scalps, quelques Chinois : telle est la population autour de laquelle se bâtit le roman sur fond de loyauté, de camaraderie, de trahison, de vol, de récupération, de challenges, de combats à mains nues et, aussi, finalement, de fraternité à l'heure où des miliciens débarquent à la recherche d'un homme qui a fui après avoir dévalisé une banque. Tout ceci écrit avec une grande fluidité et quelques hommages tout mesurés au western, qu'il soit américain ou spaghetti, en une alternance de scènes qui toutes s'emboîtent parfaitement pour donner un portrait grandiose de cette conquête de l'Ouest magnifiée, mais ici présentée avec recul et transparence. Le lecteur n'aura de cesse de se rappeler quelques passages de films comme lorsqu'un méchant en train de se faire raser pointe son colt sur le ventre (et non les couilles) du barbier. Il se prendra au jeu de l'hospitalité citadine, aura envie de plonger dans un bain fumant, de se prélasser à l'étage en charmante compagnie, de tourner et retourner dans sa bouche cet alcool tord-boyau, et de suivre la nonchalance feinte de ceux qui quittent la ville pour se perdre dans les grands espaces verts où le danger guette à chaque pas. Après Pas le bon, pas le truand, de Patrick Châtelier, les auteurs français montrent que si les réalisateurs américains ont le droit de faire de bons (ou mauvais) films sur notre Histoire, on peut leur rendre la pareille en littérature jubilatoire.

Récompenses :
Prix du style 2013
Prix du livre Inter 2014

Citation

Zébulon avait fini son verre et se mit en mouvement vers la table du fond. Il posa la main sur l'épaule de Brad qui fixait froidement l'homme ventripotent qui jouait avec son fils et s'en prenait aux tables. I avait toujours détesté les gens qui reportent leur colère sur les objets.

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 02 octobre 2013
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