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De l'or pour les braves
Le western hollywoodien a vécu. En visionnant Vera Cruz, on comprend que quelque chose va bientôt bouleverser le mythe cinémascopique du Grand Ouest. Le personnage de Burt Lancaster promène un sourire Ultra-Brite qui contraste avec la poussière dont il est sans cesse recouvert et la noirceur qui le hante. Celui de Gary Cooper cache, derrière son élégance, une fêlure qui remonte à la Guerre de Sécession. Les militaires alliés à l'empereur Maximilien ne sont pas tous habités par de nobles idéaux, happés qu'ils sont par le goût du sang ou de l'argent. La comtesse Marie Duvarre est aussi belle que vénéneuse et vénale. Bref, oubliez le monde manichéen souvent décrit dans les westerns à papa. Bien que réalisé en 1954, Vera Cruz dévoile une galerie de personnages avec qui on hésiterait à passer ses vacances, fut-ce au Mexique. C'est pourtant là que vont Joe Erin (Burt Lancaster) et Benjamin Trane (Gary Cooper), avides d'aventures dans un pays plongé en pleine guerre civile. Les hasards de la chevauchée les font se rencontrer. Ils vont faire route, puis cause commune, ralliant l'empereur Maximilien pour des raisons guère idéologiques. Un empereur a souvent plus d'argent à proposer que des peones cradingues... Mais derrière le faste des réceptions de l'empereur - ou sous les uniformes étincelants - se cachent des personnages pleins de noirceur, cupides, amoraux. Nos cow-boys sont-ils meilleurs ? Pas sûr. À l'inverse du film qui est un des tout meilleurs du genre. Avec humour et cynisme, il met en scène toute une galerie de gens aux intentions peu reluisantes. Vera Cruz est un classique américain, mais il annonce déjà une mutation du genre, et les westerns spaghetti à venir. Tout le monde chevauche en traînant ses casseroles. Rien n'est pur, rien n'est beau, sauf les décors. Et s'il est une chose en laquelle on ne croit plus guère, c'est l'homme. Œuvre de la désillusion, Vera Cruz est un chef d'œuvre.
Vera Cruz (90 min.) : réalisé par Robert Aldrich sur un scénario de Roland Kibbee et James R. Webb. Avec : Gary Cooper, Burt Lancaster, Denise Darcel, Cesar Romero, Ernest Borgnine, Charles Bronson...
Citation
Je ne lui fais pas confiance. Il aime son prochain. On ne peut pas faire confiance aux types comme lui.