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Grand format
Inédit
Tout public
542 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-226-25194-7
Actualités
- 04/07 Librairie: Sélections de l'été 2015 de la librairie Compagnie
- 07/04 Prix littéraire: Sélection 2015 du Prix du Goéland masqué
Les bibliothécaires des huit étabissements du Pays Bigouden Sud (Plomeur, Pont- L'Abbé, Combrit, Loctudy, Plobannalec, Treffiagat, Le Guilvinec et Penmarc'h ) ont bien réussi comme chaque année leur coup littéraire. À partir d'une présélection noire et policière, ils ont récupéré un butin de trois cent cinquante et une fiches de lecture dont quarante pour cent étaient argumentées. À l'issue du partage des fiches, ils ont ainsi pu opérer à une précieuse mise en valeur, celle de la sélection finale du Prix littéraire du Goéland masqué. L'heureux lauréat francophone sera dévoilé le 17 avril, mais le prix lui sera remis à l'occasion du Salon du roman policier de Penmarc'h qui se déroule du 15 au 21 mai. Quoi qu'il en soit, voici la sélection, et ce que l'on peut d'ores et déjà dire c'est que l'auteur lauréat aura bien mérité son prix !
Sélection 2015 du Prix littéraire du Goéland masqué :
- Terminus Belz, d'Emmanuel Grand (Liana Levi) ;
- Aux animaux la guerre, de Nicolas Mathieu (Actes Sud, "Actes noirs") ;
- Yeruldelgger, de Ian Manook (Albin Michel).
Liens : Terminus Belz |Aux animaux la guerre |Emmanuel Grand |Ian Manook |Salon du roman policier de Penmarc'h - 28/03 Librairie: Coups de cœur du mois pour... frissonner de la librairie Garin (73)
- 18/03 Librairie: Ian Manook débarque en Haute-Garonne (31)
- 15/03 Prix littéraire: Sélection 2015 du Prix PolarLens
- 02/01 Édition: Parutions de la semaine - 2 janvier
- 23/11 Bibliothèque: Ian Manook à la BiLiPo
- 28/07 Prix littéraire: Sélection 2014 du Prix polar Michel Lebrun
- 16/06 Prix littéraire: Sélections 2014 des GPLP
- 13/06 Prix littéraire: Mille et une feuilles noires - sélection 2014
- 25/02 Prix littéraire: Sélection 2014 du Grand Prix des lectrices de Elle
- 23/01 Prix littéraire: Sélection hiver du Prix SNCF du polar/Roman 2014
- 26/11 Prix littéraire: Sélection 2013 Prix des lecteurs Quais du polar/20 minutes
- 04/10 Édition: Parutions de la semaine - 4 octobre
Wild Far East
On connaît peu de choses de la Mongolie, mis à part le personnage légendaire et réel de Genkis Khan - qui d'ailleurs sera plusieurs fois évoqué dans ce roman de Ian Manook. L'ancien chef de guerre pourrait d'ailleurs servir de point de départ à cette chronique tant il est synonyme de mélange de violence aveugle, de mysticisme étranger à notre culture, et d'entrée dans la mondialisation.
Violence aveugle ? Le roman raconte avant tout l'histoire d'un policier blessé par la vie, un policier dont le nom même sert de titre. L'une de ses filles a été tuée par des bandits, l'autre se drogue et est liée à des groupes douteux et, pour parachever le portrait familial, sa femme a sombré dans la folie. Mais jamais l'ensemble, qui chez un auteur lambda deviendrait une masse de clichés pathologiques, ne sombre dans la caricature grâce à un style tendu et nerveux. Le roman s'ouvre sur la découverte du corps d'une petite fille, enterrée sans doute vivante avec son tricycle. Yeruldegger jure alors de lui redonner une sépulture décente avec ses parents disparus et inconnus. Mais, bien sûr l'enquête révélera plus de choses qu'un simple accident de circulation maladroitement et effroyablement dissimulé.
Mysticisme ? Naïvement l'on imagine ces terres lointaines prises entre le chamanisme ancestral et quelques rites bouddhiques - Yeruldelgger a d'ailleurs commencé sa vie avec une initiation bouddhique. Mais à la sauce mongole avec des moines plutôt shaolin, comme dans les films sanglants, et des leçons religieuses qui sont enseignées à base de coups de poing, et qui pour tout baptême, vous précipitent dans une fosse où l'on s'empresse de vous lancer de dangereux serpents.
Entrée dans la mondialisation ? Depuis Gengis Khan, et en se limitant au XXe siècle, la Mongolie a connu le communisme stalinien, les camps, la présence chinoise et l'ouverture capitaliste asiatique. Le pays s'est transformé en une sorte de Far East à deux vitesses : des terres ancestrales, où se côtoient les traditions et des quads (moyens de locomotion de prédilection des nouveaux hell's angels locaux), et des villes proches de celles du tiers-monde avec une population qui s'appauvrit dans de grands ensembles hérités de l'URSS, et une police corrompue qui maintient un semblant d'ordre voulu par les nouveaux maîtres. Ce sont tous ces éléments que décrit Ian Manook avec son personnage central qui doit à la fois enquêter sur cette enfant enterrée vivante et sur la mort atroce de trois Chinois, contremaîtres dans une usine locale.
Servi par le décor des steppes, Yeruldegger est un roman ample et varié qui allie description fine de la jungle urbaine (avec des nazis locaux, des magouilles policières, des gens que l'on tue à l'étouffée, en les attachant nus sur les tuyaux de chauffage urbain), longues promenades racontées avec justesse dans les steppes où les villageois vivent - mal - des exactions de touristes violents, descriptions des coutumes et des mœurs locales par l'entremise d'un policier qui, malgré sa vie, veut conserver les traditions (le passage de la recette de cuisine à base de marmottes où les personnages retrouvent des souvenirs d'enfance en goûtant le plat cuit à l'antique est littéralement savoureux). Tout un monde qui vit sous nos yeux, sans exotisme facile, entre les ténèbres des grands passages du roman noir et des envolées lyriques, écologiques et mystiques fascinantes sur un monde ancien qui ne veut pas mourir (la rencontre avec une ourse, une course à cheval dans la steppe). Ce roman est annoncé comme le premier volet d'une trilogie. Sa suite va être attendue de pied ferme !
Récompenses :
Prix SNCF du polar/Roman 2014
Grand Prix des Lectrices de "Elle" Policier 2014
Nominations :
Mille et une feuilles noires 2014
Prix Polar Michel Lebrun
Prix Polar Michel Lebrun 2014
Prix Mystère de la Critique 2014
Grand prix de la littérature policière - roman français 2014
Citation
Huit siècles plus tard, on ne se souvient encore de nous que par la terreur et la destruction que nous avons imposées à des cultures qui nous étaient supérieures. Nous n'avons vaincu que parce que notre bestialité dépassait leur entendement éclairé.