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Inédit
Tout public
Paris : Casterman, septembre 2013
108 p. ; illustrations en couleur ; 29 x 22 cm
ISBN 978-2-203-06861-2
Actualités
- 16/06 Nécrologie: Décès de Jean Vautrin
Selon le blog de l'association 813 - Les Amis des littératures policières, qui se fait l'écho d'un message de Claude Mesplède, le romancier Jean Vautrin est mort. Jean Vautrin, de son vrai nom Jean Herman, prix Goncourt en 1989 pour Un grand pas vers le Bon Dieu, était à la fois un brillant conteur d'histoires et un merveilleux styliste. Amateur de la grande histoire, celle qui s'écrit avec un grand H, il avait bâti une œuvre impressionnante dont Le Cri du peuple, adapté par Jacques Tardi en bande dessinée, est une pierre angulaire graphique qui relate la commune de Paris. Emmanuel Moynot avec L'Homme qui assassinait sa vie, Baru avec Canicule ou encore Eugénie Lavenant avec Le Pogo aux yeux rouges avaient donné ampleur et relief à ses intrigues noires classieuses. Les amateurs de romans policiers se rappeleront Billy-Ze-Kick (1974), Typhon gazoline (1977) et donc Canicule (1982), adapté au cinéma par Yves Boisset. C'est d'ailleurs au cinéma que Jean Vautrin avait débuté sa carrière étant tour à tour assistant réalisateur, réalisateur et scénariste (de renom). Il aura collaboré avec Georges Lautner, Claude Miller, Yves Boisset et Gilles Béhat. Jean Vautrin est décédé à l'âge de quatre-vingt-deux ans ce mardi 16 juin dans sa maison de Gradignan. Adieu l'ami.
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Criminel légitime
François-Frédéric Frey dit F.-F. F. était un brillant homme d'affaires de la région bordelaise, coureur de jupons invétéré, collectionneur de femmes, sous la coupe de Dieu, son beau-père. Seulement, F.-F. F. ne s'attendait pas à passer des affaires à la paille. Trois années de prison pour couvrir Dieu de ses infractions nombreuses : abus de biens sociaux, détournement de fond et j'en passe. Trois ans pendant lesquels il a d'autant plus ruminé sa vengeance que sa dernière femme l'a cocufié avec son beau-père. Cet homme, à peine sorti de prison et de retour dans la maison familiale à Arcachon, où plane l'ombre d'une mère envahissante morte pendant son incarcération, se mue en criminel légitime. Il décide d'éliminer tous ceux qui ont un rapport avec son ancienne vie avant de se donner la mort. C'est ce road movie sanglant, adapté du roman éponyme de Jean Vautrin, qu'Emmanuel Moynot nous propose dans une dense bande dessinée où il fait étalage de son trait à l'influence évidente de Jacques Tardi, pour certains profils d'enquêteurs (ah... Nestor Burma) ou pour Bordeaux dont les façades ressemblent à s'y méprendre à celles de l'univers parisien du père d'Adèle Blanc-Sec. Au volant de sa voiture, sur l'autoroute, F.-F. F. va tout d'abord se prendre d'affection pour un chien miteux abandonné sur une aire de repos qu'il appellera Zéro et qui le sauvera d'un drôle de pétrin. Il faut dire que le corps de son ex dernière femme repose sanguinolent dans le coffre. Puis un ancien flic, détective privé raté, qui recherche un enfant autiste de quarante-cinq ans en compagnie d'une grand-mère, fille d'une émigré espagnol communiste. Puis un commissaire de police sur la sellette. Et enfin, le gang Moralès, dont le père a une entreprise de transport routier spécialisée dans le convoyage d'émigrés clandestins maliens. Tout ce beau monde a rendez-vous de nuit pour une ultime rencontre absurde et sanglante. Tout l'univers grand-guignolesque de Jean Vautrin est là, merveilleusement bien reproduit. L'hommage d'Emmanuel Moynot est parfait. Il offre quelques très belles planches où il prend plaisir à varier les bichromies. Le rouge écarlate est souvent de mise, l'obscurité ne l'est que très rarement. L'auteur privilégiant les clairs aux obscurs, lorsque le trait prend toutes ses dimensions. L'espèce humaine révélée est affreuse à souhaits, les relations tendues, chacun se joue de l'autre, la limite entre apparence et déchéance franchie à de nombreuses reprises. Encore une belle adaptation des éditions Casterman.
Citation
C'est gros, c'est lourd, ça sent la graisse... Ça rutile pas du tout et ça fait des bosses inélégantes sous les vêtements. Il y a rien de plus con qu'un flingue finalement.