k-libre - en marge - Rue des voleurs

- C'est juste un menteur, qui se donne même pas la peine de balancer des mensonges que quelqu'un pourrait gober. - Les pires de tous. Ils te traitent de conne en même temps qu'ils te racontent des craques. Dans la même phrase.
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Livre sonore - Noir

Rue des voleurs

Social - Géopolitique - Faits divers - Révolution MAJ vendredi 13 décembre 2013

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,9 €

Mathias Énard
Othmane Moumen (lecteur)
Paris : Audiolib, février 2013
19 x 14 cm
ISBN 978-2-35641-558-5

Un printemps de voleur

Un jeune Marocain sans histoire, quelques bribes d'espagnol et le français de la "Série noire" pour bagage, plus existentiel que littéraire donc, se voit jeté à la rue pour avoir caressé l'espoir d'une nuit d'ivresse avec sa cousine aux seins trop merveilleux. La dérive dès lors, en quête d'un sens, tandis que la Méditerranée prend feu et que l'Europe s'effiloche. C'est l'histoire d'un jeune Marocain sans histoire qui va courir le monde en quête de son histoire, sans trop savoir au demeurant d'où cette histoire lui reviendrait. Récit d'un voyageur sans papier dans un monde qui ne sait plus offrir aux voyageurs la moindre hospitalité. Un homme exilé, loin de tout. À Barcelone, Lakhdar s'est énucléé. Des révolutions arabes, il ne perçoit qu'un vague écho. Il n'est d'aucune émeute, d'aucune révolution. Il leur tourne le dos même. Étranger à son monde, étranger à lui-même, pas même vraiment observateur bien que la narration s'y emploie. C'est l'histoire d'un jeune homme en formation, dans le mouvement d'une langue qu'il connaît mal (le français) et dont il ne pratique pas le pays. C'est l'histoire d'un jeune homme jeté par le truchement du récit dans le feu d'une actualité qui ne sert qu'à tisser une toile de fond un tant soit peu sensible. Littérature de gare a-t-on pu lire ici et là. Peut-être. Où l'on voudrait recueillir encore les traces de cette humanité souffrante. Littérature de bonne volonté, où aucune conviction ne sait l'emporter. C'est dommage, au fond, ce machinal polardeux esquissé par l'auteur, contournant la critique sociale qui traverse le genre pour ne porter secours qu'à la dérision factice d'un genre qui n'est pas le sien, mais celui d'une certaine atmosphère littéraire parisienne. C'est l'histoire d'un jeune homme qui passe à côté de tout, homme à ne rien faire sur un ferry du détroit, embaumeur de clandestins noyés dans la Méditerranée et qui passe encore, rue des voleurs, à côté du mouvement des Indignés. Un homme qui ne sait pas. Et dont on ne sait pas s'il aimerait savoir, sinon dans la lecture que Othmane Moumen en fait, diligente, révélant ici et là dans le plaisir qu'elle prend à l'auto-dérision qu'on sent palpiter sous le texte le seul horizon d'attente de ce récit peut-être, masqué avec toute la ruse du métier.

NdR - 1 CD MP3, 9 heures d'écoute.

Citation

Les hommes sont des chiens, ils se frottent les uns aux autres dans la misère, ils se roulent dans la crasse sans pouvoir en sortir, se lèchent le poil et le sexe à longueur de journée...

Rédacteur: Joël Jégouzo jeudi 12 décembre 2013
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