Contenu
L'Heure de la vengeance
Grand format
Réédition
Tout public
Patrick Brion (présentation)
Paris : Sidonis, novembre 2013
19 x 14 cm
Coll. "Western de légende"
Justice personnelle
1849. La Californie, sa ruée vers l'or qui attire les convoitises, ses bandes de hors-la-loi, et ses impénitents qui parce qu'ils sont les plus forts s'enrichissent au prix de l'ignominie et de l'extorsion. Pour un peu, on s'attendrait à voir surgir Zorro. Mais en guise de vengeur masqué, l'on aura affaire à Richard Conte plus à l'aise dans les films noirs que dans les westerns. Dans celui-ci, de Lesley Selander, il joue le rôle de Jan Morrell, un chercheur d'or qui a dûment acheté une concession avec son frère, concession aussitôt indument volée par Thomas Ainsworth, le notable du coin qui s'est fait élire maire, et qui a aussi eu la bonne idée de s'accaparer la plus belle propriété de la région. Richard Conte a tout perdu : sa femme, son frère et ses illusions. Il a gagné en revanche le goût de la vengeance amère et implacable. Après un coup de pistolet sur le crâne, et un échange nourri et nocturne dans une rue, il n'a plus qu'une seule idée en tête : retrouver les quatre hommes de mains qui ont tué sa femme et son frère, et faire en sorte qu'ils dénoncent le commanditaire.
L'intrigue est linéaire, ponctuée de deux femmes - dont la très jolie fille du bon vieux notable (qui bien entendu n'est pas au courant des méfaits de son affreux père), et de séquences dignes de Robin des Bois. À la tête d'un gang (dont nombre de Mexicains parmi lesquels le frère et la sœur de Ortega, sœur qui bien sûr est la seconde femme de ce western), Richard Conte vole et pille celui qui vole et pille. L'histoire se corse un peu lorsqu'elle vient se confronter à l'Histoire. Le début du film avec son mode documentaire avait quelque peu mis la puce à l'oreille. La vengeance, ressort immuable du western, n'est pas seule en piste. Il y a la politique qui en ce milieu du XIXe siècle se base sur la corruption afin de choisir le camp de la Californie : État indépendant ou membre de l'Union. Pour les bandits en col blanc, la Californie ne doit surtout pas rejoindre l'Union, sinon cette dernière viendra mettre son nez dans leurs affaires douteuses. Déjà qu'un marshall a été assigné pour faire respecter la loi...
C'est surtout ce biais qui donne une certaine aspérité à cet honnête western dirigé par un non moins honnête artisan. Les premiers rôles ne sont pas exceptionnels, Richard Conte n'est guère crédible, mais il y a de belles bagarres sur le sentier de la justice. S'y rajoute un final plutôt intéressant : le vengeur arrêté est jugé puis désigné coupable et condamné à mort. Une manière de dire que l'on ne doit pas faire justice soi-même. Heureusement pour Richard Conte - dont la seule véritablement belle image est, lorsqu'à la fin derrière les barreaux de sa cellule, de nuit il regarde les feux d'artifice célébrant l'entrée de la Californie dans l'Union -, une ultime pirouette politique lui permettra de tomber dans les bras d'une des deux femmes du film...
L'Heure de la vengeance (80 min.) : réalisé par Lesley Selander sur un scénario de Polly James et Lillie Hayward. Avec : Richard Conte, Viveca Lindfors, Barbara Britton, William Bishop, Hugh O'Brien...
Bonus. Présentation de Patrick Brion. Galerie photos.
Citation
Nous saisirons ses biens. Nous le ruinerons et le forcerons à rendre la terre !