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Inédit
Tout public
Coupable ou victime ?
Nous en avons tous fait l'expérience un jour : se trouver au bord d'un précipice ou à proximité d'un balcon et avoir envie de se jeter en avant. Beaucoup d'entre nous en ont également vu d'autres à proximité du même précipice regarder et avoir une envie irrésistible de pousser des inconnus qui ressentaient cette mêmeenvie. Quand on vit en ville, c'est sous une voiture ou sous les rames du métro que le même fantasme peut surgir. Cette inclinaison morbide a été utilisée en littérature policière ou au cinéma. Elle peut bien évidemment donner lieu à des analyses psychologiques et orienter le roman vers la traque d'un tueur en série convenu. Mais ce n'est pas ce versant que choisit dexplorer Marc Welinski dans Le Syndrome de Croyde. Son héroïne, Agnès Quincey, directrice générale des parfums Destut, est une femme qui a réussi dans la vie au point d'être élue business woman de l'année. Trois jours de suite, elle est témoin de meurtres à répétition qui s'apparentent à autant d'accidents ordinaires de la vie : des chutes mortelles dans le métro parisien. Peu à peu sa raison va vaciller, et elle va en être à se demander si elle n'est pas coupable de ces chutes lors d'états seconds. L'une des astuces de cet ingénieux roman est de donner la parole à deux narrateurs : au début de l'intrigue, c'est en effet son mari raconte les faits, puis à mesure que l'étau se resserre, Agnès s'accapare le récit. Le style qui voit alterner des éléments réalistes et des flous narratifs pour laisser (à juste titre) le lecteur dans la confusion, permet de nous plonger dans le même état d'esprit que sa protagoniste : qu'est-ce qui est vrai, faux et fantasmé ? Discrètement, de fausses pistes sont distillées et, comme souvent dans ce genre de récit, la résolution de l'énigme aussi limpide que possible entraîne un peu de frustration tant on espérait que l'irrationalité pouvait triompher. Marc Welinski, avec ce genre de roman, lorgne bien entendu du côté de Boileau-Narcejac, et son Syndrome de Croyde ne démérite pas : il joue avec les nerfs du lecteur, et installe de manière intéressante son intrigue entre les milieux bobos parisiens et les douceurs normandes. De plus, il sait mener une histoire, mine de rien, comme un chat joue avec une souris.
Citation
Je suis perdu. Je ne comprends plus rien à ce qui nous arrive. Et je ne comprends plus ma femme.