Au pied du mur

Dansons sur de l'indignation !
Horace Panter - The Specials – Rudie pour la vie
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Thriller

Au pied du mur

Psychologique - Guerre - Chantage MAJ samedi 08 février 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 18 €

Elisabeth Sanxay Holding
The Blank Wall - 1947
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jeanne G. Marquet, Gérard Horst, revu et complété par Françoise Jaouën
Paris : Baker Street, novembre 2013
312 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-917559-32-1

L'héroïne intranquille

Écrit en 1947, Au pied du mur est un roman à suspense qui traite avant tout de l'abandon du foyer par les hommes partis au front car l'action se déroule en pleine Seconde Guerre mondiale. Tout au long de ce récit, Lucia Holley vivra dans l'attente des lettres de son mari qui est dans le Pacifique tout en trouvant ses propres lettres - qui relatent son quotidien avec son père, et ses deux enfants adolescents (un garçon de quinze ans, une fille de dix-sept) - d'une banalité affligeante. En dehors des crises d'adolescence - Bee suit des cours de dessin et entend vivre comme une artiste et surtout pas comme sa mère qui s'est sacrifiée pour son foyer ; David entend prendre la place du père absent et régenter la maisonnée) - Elisabeth Sanxay Holding parle des difficultés rencontrées par les civils américains durant le conflit : les tickets de rationnement, l'essence qui se raréfie, le marché noir, la sexualité clandestine, les problèmes artisanaux (teinturerie et plomberie), les prêteurs sur gage... Le tout distillé et clairsemé de façon intelligente et avec une sobriété de style.
C'est sur canevas de vie que la romancière va bâtir un roman où les quiproquos vont s'enchaîner amenant un thriller psychologique efficace et qui surtout est issu de situations très ordinaires marqué par le sceau des lettres (lettres de guerre, lettres enflammées et lettres de noblesse). Bee a un amoureux de mauvaise réputation, Ted Darby, qui vient lui rendre visite un soir dans le hangar de la résidence des Holley. Sa mère lui interdit de sortir, et son grand-père part parler avec l'homme. L'échange est houleux si ce n'est direct, et c'est directement dans l'eau que l'homme est projeté. Le lendemain, alors qu'elle souhaite prendre une barque pour aller nager dans le lac qui jouxte la propriété, Lucia découvre Ted Darby mort empalé sur une ancre. Convaincue que son père l'a tué sans le savoir, elle déplace le corps sur une île. Il faut ajouter le fait que son père ne connait pas l'identité de l'amoureux de mauvaise réputation de sa petite fille. Mais, Lucia n'a aucune certitude sur la culpabilité de son père, et c'est là que Elisabeth Sanxay Holding nous impose son premier quiproquo. Là-dessus arrive Nagle, le colocataire de Ted Darby, qui se révèle être un maître chanteur en possession de lettres énamourées de Bee (Darby projetait également de la faire chanter, quel affreux garçon !).
Dans une société américaine abandonnée par les nombreuses figures paternelles, les convenances sont importantes et doivent être conservées. Ainsi, le club du golf n'accepte pas n'importe qui, et les Holley vivent déjà un peu à l'écart, et ont du mal à se faire des relations. Débarque alors l'associé du colocataire, Donnelly, lui aussi maître chanteur, mais qui ne tarde pas à faire des fleurs à Lucia. Est-elle victime d'un stratagème ou Donnelly est-il tombé amoureux ? Les allées et venues de tous ces hommes dans la résidence, les rencontres impromptues dans la grange, les conduites en automobile et en taxi, et les sorties à New York contribuent à semer le doute chez Bee et David. La première ne comprend pas quelle est le déclencheur de tous ces événements, le second est convaincu que sa mère a un amant. Le (grand-)père conserve une insouciance qui est peut-être de façade et semble se contenter de whisky et de cigarettes. Pour parachever ces situations de Vaudeville, Sibyl, la domestique noire se révèle précieuse et de bons conseils, et prépare consciencieusement les jambons que fait porter Donnelly tout en laissant planer le doute sur ce qu'elle sait réellement. Bien entendu, un inspecteur de police va débarquer, l'étau se resserrer autour de Lucia, qui va se comporter de façon de plus en plus étrange, s'enfermant dans ses mensonges et ses contradictions.
Le lieutenant Levy Holding (un homonyme de l'auteur !) n'est pas qu'un homme besogneux et rigoureux, il est aussi le détective récurrent de Elisabeth Sanxay Holding, mais dans ce roman, il cède volontiers le premier rôle à Lucia Holley. Le lecteur se prend d'affection pour Lucia, incomprise de ses enfants et qui tombe dans tous les pièges. Il a envie de lui demander de révéler la vérité plutôt que de chercher à trouver des solutions temporaires pour la fuir. Malgré son stress et ses pensées qui vont s'accélérant, il se dégage d'elle une certaine tranquillité qui ponctue un roman tout en finesse. Le texte, très légèrement revu et corrigé, est certes un peu ampoulé mais il conserve cette touche nostalgique des romans des années 1920-1950. Joan Benett et James Mason avaient eu les premiers rôles dans les Désemparés, l'adaptation de 1949 de Max Ophuls, on comprend pourquoi à la relecture de ce roman paru il y a des années à la "Série noire". Bonne pioche pour Baker Street.


On en parle : La Tête en noir n°167

Citation

Ce n'est pas un détective, se dit-elle. C'est... je ne sais pas... un escroc, un gangster, un personnage redoutable.

Rédacteur: Julien Védrenne samedi 08 février 2014
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page