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Hold-up à la Milanaise
Grand format
Réédition
Tout public
Braquage absurde
Suite du Pigeon, un film à succès apparu sur grand écran l'année précédente avec Marcello Mastroianni, Hold-up à la Milanaise est une comédie de gangsters inspirée du film noir américain. D'ailleurs, la bande originale fait appel à la trompette de Chet Baker. Le film propose un casting intéressant autour de Vittorio Gassman et de Renato Salvatori. Claudia Cardinale a un petit rôle : celui de la sœur d'un des braqueurs, fiancée à un autre braqueur, venue de Palerme, amoureuse, illettrée, mais sachant confectionner des poupons. Sous les ordres d'un cerveau (qui se fera alpaguer dans un train après une tentative de pickpocket avortée), le gang manigance le braquage d'une voiture transportant les gains des paris d'un match de foot entre Rome et Milan. L'idée a été avancée par un comptable véreux qui vit une vie médiocre auprès d'une femme acariatre, et qui est tombé sous le charme d'une effeuilleuse qui a du mal à prononcer les "r" depuis qu'elle a subi les bombardements pendant la Seconde Guerre mondiale. Le plan a été établi "scientifiquement" et ne peut donc pas rater, sauf que nous sommes en présence d'une bande de bras cassés. Pourtant la minutie est là avec une automobile dont le moteur a été débridé et qui peut changer deux fois de couleur et de plaque minéralogique, ainsi qu'un alibi en béton : à l'heure du braquage, le gang sera sur le retour dans le train de supporters. C'est sans compter sur la scoumoune qui colle à la peau de certains, et une certaine tendance des autres braqueurs à se mettre inutilement en péril. Les archétypes proposés sont jouissifs à souhaits. Sous couvert de légèreté, Incrocci et Scarpolli, les deux scénaristes, abordent des thèmes sociétaux profonds : il est question de césure entre le nord et le sud de l'Italie (et tout un travail sur les accents, car il faudra faire en sorte que l'on croit que l'attaque a été fomentée par des Romains), de la place de la femme dans une société machiste (à l'italienne), de chômage, de pauvreté, de divorce. Bien sûr, le ton est badin, les dialogues truculents, le casse absurde et l'après-casse encore plus, mais, au final, on passe plus de cent minutes réjouissantes quoique parfois tristes : c'est le prix de la satire sociale.
Hold-up à la Milanaise (105 min.) : réalisé par Nanni Loy sur un scénario de Agenore Incrocci, Furio Scarpelli et Nanni Loy. Avec : Vittorio Gassman, Renato Salvatore, Claudia Cardinale, Vicky Ludovici, Riccardo Garrone, Nino Manfredi, Tiberio Murgia, Carlo Pisacane...
Bonus. Présentation de Jean Gili. Documentaire "L'Italie fait son cinéma" (52 min.), par Nicolas Henry.
Citation
Je suis un travailleur, un malheureux. Vous faites votre devoir. Je vous remercie, mais je suis un travailleur, un malheureux, commissaire. Je ne suis rien du tout. Vous comprenez ? Au revoir. Portez-vous bien.