Contenu
L'Homme qui n'a pas d'étoile
Grand format
Réédition
Tout public
Bertrand Tavernier (présentation)
Paris : Sidonis, mars 2011
19 x 14 cm
Coll. "Western de légende"
Actualités
Facettes multiples
Bertrand Tavernier nous l'explique en bonus : King Vidor considérait L'Homme qui n'a pas d'étoile comme un élément mineur de sa filmographie. Pourtant, à l'instar du réalisateur français, l'on ne peut qu'apprécier la performance d'acteur de Kirk Douglas qui ne fait qu'éclater tout du long de ce western haut en couleur sur fond de bouviers, de mavericks, d'éleveurs et d'ambition. Venu clandestinement du Kansas au Wyoming dans un train de marchandises avec pour seul compagnon sa selle (qui ne se vend pas), Dempsey Rae a croisé la route du jeune et très naïf Jeff Jimson. Entre les deux va naître une complicité basée sur le couple maître-élève. Car le personnage incarné par Kirk Douglas a tout pour (dé)plaire : fort en gueule, athlétique, virtuose de la gâchette, grand buveur de whisky, bagarreur et aimant les femmes faciles et encore plus celles qui se soustraient à ses attentes. Il va être adulé par son protégé, puis haï avant d'être finalement apprécié. Les deux hommes vont chevaucher la prairie une partie du film pour encadrer un bétail riche en têtes, propriété de Reed Bowman, une belle femme ambitieuse venue de l'Est, et vont se confronter à de petits éleveurs qui entendent protéger leurs pâturages et ériger des barbelés. L'arrivée d'un homme incarné par le génial Richard Boone, ennemi mortel de Dempsey Rae (on comprend à demi-mot qu'il a fait tuer son frère, piétiné par un troupeau en furie), va changer la donne et l'innocence affichée de Dempsey. Film mettant à l'honneur le héros solitaire sans le sou mais au grand cœur, L'Homme qui n'a pas d'étoile permet surtout à Kirk Douglas de faire étalage de sa classe et de son talent d'acteur dans de grands espaces. Il faut admirer sa carcasse aux allures simiesques qu'il détend tel un poulpe, apprécier les nombreuses facettes de sa personnalité d'occasion. Il multiplie les effets, son visage reflète des personnalités variées, des expressions théâtrales de première, et passe par tous les états. C'est une pure jouissance pour le spectateur (surtout quand il joue du banjo dans le saloon ou quand il essaie des produits de beauté féminins après s'être extasié sur une baignoire dans une maison). Dans ce scénario, à aucun moment il ne surjoue, il élève à son rang les autres acteurs, Claire Trevor en tête. Son rôle par sa grandeur est à rapprocher de sa prestation dans le magistral Les Vikings, de Richard Fleischer. Mais Kirk Douglas ne porte pas le film sur ses épaules, il accompagne la grande réalisation de King Vidor, il apporte ce souffle léger qui permet d'aborder des sujets clichés du western mais non moins véridiques et dramatiques. Il a beau être un homme sans étoile, il n'en demeure pas moins une star...
L'Homme qui n'a pas d'étoile (89 min.) : réalisé par King Vidor sur un scénario de Borden Chase et D. D. Beauchamp, d'après le roman Man Without a Star de Dee Linford. Avec : Kirk Douglas, Jeanne Crain, Claire Trevor, William Campbell, Jay C. Flippen, Richard Boone, Myrna Hansen...
Bonus. Entretien avec Bertrand Tavernier. Horizons perdus, documentaire réalisé par Yannis Polinacci.
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