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Traduit de l'anglais par Valérie Malfoy
Paris : Albin Michel, janvier 2009
418 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-226-19061-1
Coll. "Spécial suspense"
Les Enquêtes de l'inspecteur Banks, 17
Actualités
- 14/10 Nécrologie: Carré noir pour Peter Robinson
- 04/06 Édition: Parutions de la semaine - 4 avril
La semaine est très riche en parutions, mais une fois n'est pas coutume, nous ne saurions être objectifs : Paris noir est le premier d'une collection qui revisitera plusieurs grandes villes du monde. L'ouvrage, dirigé par Aurélien Masson (directeur de la "Série noire") est surtout édité par Asphalte, une maison d'édition créée par Claire Duvivier et Estelle Durand, qui écrivent également en ces pages. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, Paris noir sera le premier ouvrage que vous pourrez gagner sur k-libre dès le 15 juin. Mais ce magnifique recueil de nouvelles noires et policières se retrouve très bien entouré. L'été sera Westlake. C'est du moins ce que nous conseillent les éditions Rivages, qui ne vous en proposent pas un, pas deux, mais trois ! De quoi rire longtemps, longtemps, longtemps ! Pour le reste, il y a de l'historique avec Jean d'Aillon, du fucking Bruges (comment ça vous n'avez pas vu Bons baisers de Bruges ?) avec Pieter Aspe et le retour de Philippe Kerr après sa "Trilogie berlinoise", et aussi bien d'autres ouvrages à découvrir :
Grand format
Panique, de Jeff Abbott (Succès du livre, "Policier")
Juliette et les Cézanne, de Jean d'Aillon (Jean-Claude Lattès)
De sang royal, de Pieter Aspe (Albin Michel)
Nul ne sait qui nous sommes, de Pierre Bellemare & Grégory-Franck (Succès du livre, "Policier")
Une écharde au cœur, de Jean-François Coatmeur (Albin Michel, "Spécial suspense")
Intervention, de Robin Cook (Albin Michel)
La Neuvième pierre, de Kylie Fitzpatrick (Actes sud, "Actes noirs")
L'Arche d'alliance, de Sarah Frydman (Albin Michel)
Noir Goncourt, de Max Genève (Anabet)
Tu ne marcheras jamais seul : il y a quelque chose de pourri au royaume du foot, d'Éric Giacometti & Karim Nedjari (Succès du livre, "Policier")
L'Enfant perdu, de John Hart (Jean-Claude Lattès)
Les Confettis de la haine, de Philippe Hautefontaine (Nuits blanches)
Plus tulliste que lui... tu meurs, Jacques Hubert (Écritures, "Polar")
Une douce flamme, de Philippe Kerr (Le Masque)
En quête de son, d'Isabelle Ménard (L'Écriteau)
L'Homme aux papillons, de David Moitet (Nouveaux auteurs)
Pluie de nickel, de Jose Luis Muñoz (Actes sud, "Actes noirs")
Paris noir, sous la direction d'Aurélien Masson (Asphalte, "Noir")
La Lame du boucher, de James Patterson (Jean-Claude Lattès, "Suspense et Cie")
L'Ange et le loup, de Patrice Pélissier (L'&Acute;criteau)
Le Sicilien ou La Vendetta du cap d'Antibes, de René Pilet des Jardins (Carrefour du Net, "Collection noire")
Emma et l'affaire de la Galerie Soulin, de Vicky Sébastien (Thot, "Polar")
Crédit fric à Brest, de Laurent Ségalen (Astoure, "Breizh noir")
Au nom du père, du rabbin et de l'imam, de Didier Vieillot (Nuits blanches)
Surveille tes arrières, de Donald Westlake (Rivages, "Thriller")
Hush : ce que vous ne dites pas peut vous tuer..., de Kate White (Marabout, "Girls in the city")
Poche
Hiver arctique, d'Arnaldur Indridason (Points, "Policiers")
Un automne à River Falls, d'Alexis Aubenque (LGF, "Thrillers")
Au bout des docks, de Sean Burke (Rivages, "Noir")
Sans douceur excessive, de Lee Child (Points, "Policier")
Les Bagnoles ne tombent pas du ciel, de Lucienne Cluytens (Ravet-Anceau, "Polar en Nord")
L'Énigme de La Blancarde, de Jean Contrucci (LGF, "Policier")
Le Livre des secrets : la vie cachée d'Esperanza Gorst, de Michael Cox (Points, "Thriller")
Les Oubliées des Paulilles, de Lucas Danemine (Les Presses littéraires, "Crimes et châtiments")
Harengs frits au sang suivi de Ce que pesait cette aventure, de Jean Duperray (Arbre vengeur, "L'Alambic")
Feddayin !, de Robert Ferrigno (J'ai lu, "Thriller")
Le Complot Machiavel, d'Allan Folsom (LGF, "Thrillers")
Blockbuster, de Pierre Frot & Claudine Jouannelle (Odile Jacob, "Thriller")
La Rivière rouge, de John Hart (LGF, "Thrillers")
Exfiltration, de David Ignatius (Odile Jacob, "Thriller")
Cinq filles, trois cadavres, mais plus de volant, d'Andrea H Japp (Marabout, "Fiction)
La Dernière confession, d'Andrew Klavan (Archipoche, "Archipoche")
Le Secret des Appalaches, de Vicki Lane (J'ai lu, "Frissons")
Evana 4, de Philippe Le Roy (LGF, "Thrillers")
Le Danger arctique, de Robert Ludlum & James Cobb (LGF, "Thrillers")
Qui a tué l'ayatollah Kanuni ?, de Naïri Nahapétian (Liana Levi, "Piccolo")
Les Défroques du cœur, de Michel Nava (Le Masque)
La Route de tous les dangers : la première enquête de Smokey Dalton, de Kris Nelscott (Points, "Roman noir")
Mortels rendez-vous, de Rhonda Pollero (Marabout, "Fiction")
Les Ténèbres du désir, de Cédric Poitier (Papier libre, "Polar en poche")
Credo, de Jean-François Prévost (Odile Jacob, "Thriller")
L'Amie du diable, de Peter Robinson (LGF, "Policier")
Un petit dernier pour la route, de Michel de Roy (Papier libre, "Polar en poche")
Mercy Street, de Mariah Stewart (J'ai lu, "Frissons")
Sœurs de sang, de Dominique Sylvain (Points, "Policiers")
Le Maître du feng shui est à l'ouest, de Nury Vitacchi (Philippe Picquier, "Picquier poche")
Argent facile, de Donald Westlake (Rivages, "Noir")
Mort de trouille, de Donald Westlake (Rivages, "Noir")
Blonde létale, de Kate White (Marabout, "Fiction")
Le Jardin de l'enfer, de Nick Wilgus (Philippe Picquier, "Picquier poche")
Graveline blues, de Josette Wouters (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
En cavale, de Kim Wozencraft (Archipoche, "Archipoche")
Grands caractères
Le Mensonge, de Hallie Ephron (À vue d'œil, "16-17")
Damnation Street, d'Andrew Klavan (À vue d'œil, "16-17")
La Princesse des glaces, de Camilla Läckberg (À vue d'œil, "16-17")
Une question d'attitude, d'Alexander McCall Smith (À vue d'œil, "16-17")
Tu accoucheras dans la douleur, de Ruth Rendell (À vue d'œil, "16-17")
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Ce qu'il faut savoir sur la série
Las de la vie londonienne, l'inspecteur Alan Banks a demandé sa mutation à Eastvale, dans le Yorkshire. Marié à Sandra, il est père de deux adolescents, Brian et Tracy. Très intuitif, il n'hésite pas à braver la procédure pour mener ses enquêtes. Grand amateur de whisky de qualité, il aime aussi la bière "du cru". Mélomane, il goûte autant le classique que le pop-rock de sa jeunesse. Sa situation familiale évolue au fil de la série (il va divorcer, ses enfants vont quitter le bercail - Tracy ira à l'université, Brian intégrera un groupe de rock - et lui connaîtra diverses liaisons épisodiques...) D'un roman à l'autre, il incline de plus en plus à s'abandonner aux souvenirs et à la nostalgie...
Côté professionnel, il gagnera le galon d'inspecteur-chef; à ses côtés, on suit quelques-uns de ses collègues, personnages récurrents qui eux aussi évoluent - par exemple le superintendant Gristhorpe, avec qui il entretient une certaine amitié, partira à la retraite...
Déjà-vu déjà-lu ?
Il importe avant tout de signaler aux lecteurs que ce roman prolonge très directement l'affaire narrée dans Beau monstre – ce qui n'est précisé nulle part, pas même en note bas de page. Or il me semble que (re)lire au préalable la douzième enquête de l'inspecteur Banks est très profitable à la lecture de L'Amie du diable - et que mentionner ce lien entre les deux romans ne trahit rien de l'intrigue tant qu'on ne révèle pas où ni comment il se noue...
Eastvale, troisième dimanche de mars. Alan Banks ne connaîtra pas le repos dominical : un coup de fil matinal l'appelle auprès du cadavre d'une jeune fille, découvert dans une remise de Taylor's Yard – le Labyrinthe : une zone tout en ruelles étroites et en recoins sordides au cœur d'Eastvale, où les gens sensés ne s'aventurent guère. Tout indique qu'il s'agit d'un crime sexuel. Ce même jour, à quelques kilomètres de là, Annie Cabbot – temporairement mutée à Whitby – doit examiner le corps d'une tétraplégique abandonnée sur la falaise dans son fauteuil roulant, proprement égorgée. Les deux affaires n'ont rien à voir. Pourtant elles se rejoindront, quoique de manière biaisée, selon un principe bien rôdé et souvent mis en œuvre dans la série des "Enquêtes de l'inspecteur Banks". Quant à l'ancrage dans un passé plus ou moins lointain – autre élément constitutif de plusieurs romans de la série – il est ici à deux niveaux : par-delà le rapport avec l'affaire Payne – le sujet de Beau Monstre, donc – l'intrigue renvoie à une série de crimes commis dans la région de Whitby dix-huit ans plus tôt.
Voilà qui pourrait augurer d'une tortuosité de bon aloi. Mais retrouver pour la énième fois l'alternance, de chapitre en chapitre, entre les deux foyers narratifs correspondant à chacune des enquêtes, les rituels échanges d'informations et les conversations autour d'une pinte ou d'une tasse de thé, les interminables interrogatoires où l'on repose les mêmes questions parce que l'interrogé ment à l'évidence, les indices révisés en détail quand on est près de conclure et qui, évidemment, vont révéler un élément passé inaperçu... bref, autant de ressorts narratifs qui sentent leur recette éprouvée et appliquée à la lettre par un auteur qui semble avoir craint de la rafraîchir en usant d'une épice ne figurant pas dans la liste des ingrédients requis... Cette impression de redite, de sillon labouré à l'identique touche aussi la vie privée des personnages : on a déjà entendu les longues lamentations intérieures de l'inspectrice Cabbot, aux prises avec le syndrome de la quarantaine et, ici, avec une histoire sentimentale un rien envahissante ; quant à Alan Banks, il est égal à lui-même, brassant sa solitude et son penchant pour l'alcool mais toujours sensible aux charmes féminins. D'ailleurs, il s'engage dans une nouvelle aventure de cœur – comme dans d'autres romans précédents...
Et le cliché du final spectaculaire, qui balance dans les dernières pages la classique avalanche de révélations sur fond de tension extrême parce que l'assassin et l'enquêteur se font face, et se clôture sur l'arrivée in extremis de la cavalerie, achève d'enfoncer ce roman dans la banalité d'un polar mû par de sempiternelles ficelles de genre, alourdies de surcroît par des "marques de fabrique" de la série devenues véritables tics d'écriture et de composition.
Cette dix-septième enquête, peut-être de très honnête facture en elle-même – ce dont il est difficile de juger lorsque l'on aborde avec elle sa douzième incursion dans l'univers d'Alan Banks – et, par là, propre à séduire un lecteur novice, devient ennuyeuse dès lors qu'on la replace à l'intérieur de la série. C'est à ce moment de la chronique qu'il convient de se demander si ce profond ennui que j'ai éprouvé à la lecture est effectivement imputable à un auteur qui ne parvient pas à se renouveler ou bien si je suis, moi, devenue lasse de côtoyer un même personnage, une même façon d'enquêter – et un dispositif narratif trop souvent rencontré. Sans doute la réponse se situe-t-elle au point d'intersection...
NB – Pour tous ceux qui, peu au fait des coutumes britanniques, seront surpris de voir qu'il est question dans ce roman de la Fête des mères en plein mois de mars, au lendemain de la saint Patrick, précisons qu'au Royaume-Uni on rend hommage aux mères à l'occasion du Mothering Sunday, une fête chrétienne toujours célébrée trois semaines exactement avant Pâques. Sa date varie donc d'une année sur l'autre et peut être au plus tôt le 1er mars, au plus tard le 4 avril. Une note aurait été bienvenue qui eût précisé cette particularité – la traductrice en ayant par ailleurs apporté quelques-unes... telle celle-ci précisant que Sneck-Lifter, un nom de bière, se compose du mot écossais sneck signifiant "verrou" et d'un dérivé du verbe to lift, dont le sens est "soulever".
Citation
Or l'expérience lui avait enseigné que les assassins qui veulent s'exprimer sont comme ces raseurs dans les fêtes – très difficiles à faire taire tant qu'ils n'en ont pas terminé...