Extorsion

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jeudi 21 novembre

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Roman - Policier

Extorsion

Fantastique - Enquête littéraire - Corruption - Chantage MAJ jeudi 27 mars 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 13,5 €

James Ellroy
Shakedown - 2012
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Paul Gratias
Paris : Rivages, mars 2014
128 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-2-7436-2730-0
Coll. "Thriller"

Ellroy en abime

En chimie, il suffit parfois d'éléments particuliers ou d'un chauffage pour obtenir un produit sublimé, un esprit ou une quintessence. En littérature (et c'est sans doute encore plus flagrant au cinéma), il convient souvent au contraire de délayer, d'ajouter des ingrédients pour boursoufler une intrigue. Après des romans dantesque, denses et fouillés, et des tétralogies cathédrales, James Ellroy revient avec un texte court (cent trente pages d'un Rivages "Thriller" au format peu traditionnel) sur ses obsessions : police corrompue, jeux sexuels plus ou moins déviants - deux, trois, plus de partenaires, des couleurs de peau différentes, des sexes tout aussi différents ou pas -, des coups, des meurtres et les remords que cela peut causer parfois. Par-dessus tout, une ambiance généralisée de voyeurisme avec des photos volées vue comme une préfiguration de toute la culture poubelle qui inonde Internet.
Comment construire un court récit avec de telles obsessions ? En utilisant Fred Otash, un personnage réel devenu ici le symbole de l'auteur : ancien policier, assassin d'un suspect, véreux, jonglant avec les femmes, reconverti comme journaliste crapoteux qui utilise ses indics pour aller chercher les photos compromettantes des stars et hommes politiques. James Ellroy sait bien que cette quintessence pourrait n'être qu'une redite. Aussi, il choisit de traiter son sujet avec une forme d'ironie et d'humour. Pour cela, il utilise deux angles grossissants. D'un côté, Fred raconte sa vie depuis le purgatoire où ses anciennes victimes viennent le piquer de leurs petites fourches diaboliques. De l'autre, quelques temps avant sa mort, il avait reçu la visite d'un écrivaillon, nommé James Ellroy qui avait essayé de lui tirer les vers du nez et avait voulu obtenir des documents confidentiels sans se soucier de la méthode. Extorsion transforme par le biais de cette intervention de l'auteur dans son propre récit un texte "habituel" de James Ellroy en une sarabande effrénée tel un tableau de Jérôme Bosch de l'Amérique contemporaine.
Signalons pour les amateurs que le livre se conclut par deux chapitres du futur roman de l'auteur, juste de quoi désespérer le lecteur obligé de ronger son frein pendant une pleine année.

Citation

Ellroy est un casse-couilles. Je l'ai connu sur mon déclin, les derniers mois de ma vie [...] Il m'a tout piqué pour camper un personnage de son roman surmédiatisé LA Confidential. Le bouquin et la superproduction qu'on en a tirée ne cassaient pas des briques.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 21 mars 2014
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