Une disparition inquiétante

Au cours de sa lecture nocturne, pendant laquelle il avait carburé au Red Bull, il avait vu la focalisation sauter d'un point à l'autre comme si le véritable narrateur était une puce. Les histoires étaient à la fois pénibles et délirantes ; au pire, elles ne signifiaient rien, et, au mieux, elles n'en disaient pas assez. Les temps variaient au sein d'un paragraphe (parfois au sein d'une même phrase !) et il lui arrivait souvent d'avoir l'impression que l'auteur n'était pas certain du sens des mots qu'il utilisait. Concernant la grammaire, les pires d'entre eux faisaient passer Donald Trump pour Stephen Fry.
Jean Hanff Korelitz - Le Piège
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Policier

Une disparition inquiétante

Disparition MAJ vendredi 11 avril 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Dror Mishani
Tik N'Edar - 2011
Traduit du hébreu par Laurence Sendrowicz
Paris : Le Seuil, mars 2014
320 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-107666-0
Coll. "Policiers"

Actualités

Dans les labyrinthes de la psychologie

Avraham Avraham est un policier atypique. Lorsque l'on vient lui demander d'enquêter sur la fugue mystérieuse d'Ofer Sharabi, seize ans, et que l'on évoque des criminels, il répond par une parabole sur le roman policier israélien. Il n'y a pas de littérature policière en Israël car il n'y a pas de criminels, juste des intimes qui commettent des délits ! Et de penser que le disparu est juste un fugueur.
Le roman va ainsi avancer cahin-caha, à l'image de l'enquête qui s'arrête durant une partie centrale du texte afin de mieux suivre le policier partant à un congrès à Bruxelles, ne s'occupant que peu de l'affaire mais se centrant sur les angoisses des différents protagonistes : le policier, inquiet, ayant toujours peur de mal faire ou coincé dans ses remords, un voisin du fugueur qui jour un rôle plus que trouble.
Des lieux emblématiques sont des points de rencontre : l'immeuble où était le disparu, les appartements des voisins, celui du policier, les bureaux du commissariat, comme autant d'occasions de bloquer la situation, de renforcer ce qui fait le cœur de cette histoire - de longues descriptions psychologiques sur les acteurs du drame, ponctuées de dialogues et de pensées qui renversent les perspectives.
Avraham Avraham semble coincé dans une vie familiale pesante, le voisin est un jeune père qui se rêve écrivain et teste son écriture sans se rendre compte du mal qu'il peut provoquer, l'enquête piétine et avance par à-coups, sur les éclairs de génie de l'un ou de l'autre policier, le final retourne la vérité car même si le coupable a avoué, le fait-il sur de vrais motifs ?
Cette description fouillée des personnages axée d'ailleurs sur d'autres personnes que celui qui commet le crime ou en est le complice, apparaît très étrange, car ce décalage est vraiment inhabituel dans le genre, créant une atmosphère qui peut décontenancer. En effet, l'enquête est molle, les tensions inexistantes et l'on suit surtout le quotidien de deux protagonistes dans leur difficulté aux autres, dans leur rapport ambigu à la société et aux morts, sans trop bien savoir de quoi sera fait la suite de l'intrigue qui sert de liant un peu lâche aux différentes scènes. C'est dire si cela risque de dépayser grandement, voire un peu trop, les lecteurs habituels du genre policier... pour leur plus grand bien.

Nominations :
Grand prix de la littérature policière - roman étranger 2014

Citation

Il soupçonnait les policiers de l'accueil d'aller arrêter les passants dans les rues et de leur demander de venir se plaindre de n'importe quoi, rien que pour le transformer en 'chat noir'.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 28 août 2014
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page