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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Julien Deleuze
Paris : Baker Street, mars 2014
504 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-917559-40-6
Actualités
- 11/09 Librairie: Louisa Yong, Robert Littell et Zabou Breitman
La romancière anglaise Louisa Young, à Paris pendant quelques jours, signera son nouvel ouvrage, Ravages, ainsi que le précédent, Je voulais te dire, paru simultanément au Livre de poche – les deux sur la Grande guerre - le samedi 13 septembre de 15 heures à 16 h 30 à la librairie Christmann (15-17 rue des Marchés - 77400 Lagny-sur-Marne), et le soir à partir de 18 heures à la librairie Fontaine-Haussmann (50 rue Laborde - 75008 Paris), aux côtés de l'écrivain américain Robert Littell, qui signera lui son roman sur la Révolution russe, Requiem pour une révolution. Le soir, Zabou Breitman se joindra aux deux écrivains pour lire des extraits des romans. Cette double rencontre-confrontation est un partenariat entre les éditions Baker Street et Le Livre de poche. Et elle propose un tableau aux thématiques très k-librées en une période où les commémorations sur la Grande Guerre côtoient celles sur la Seconde Guerre mondiale. Robert Littell, quant à lui, s'écarte quelque peu des sentiers personnellement battus de l'espionnage pour un roman historique sur fond révolutionnaire. Là aussi, la balise est k-librée. Ce qui n'est pas pour nous déplaire. Enfin, signalons que les lectures à haute voix sont le reflet d'un art d'équilibriste, et que le talent de Zabou Breitman permettra, nous en sommes sûrs, aux lecteurs et par conséquent auditeurs pour un temps de s'en rendre compte...
Liens : Robert Littell
Le passé d'une illusion
On ne présente plus Robert Littell, père de Jonathan, et auteur, entre autres choses, de La Compagnie, de Philby, d'Une Hirondelle avant l'orage. Ancien journaliste spécialisé dans les affaires russes et moyen-orientales, Robert Littell nous offre un roman consacré à la Russie de la Révolution d'Octobre, une fresque foisonnante où Histoire et fiction se conjuguent à travers le destin de différents personnages.
Tout commence à New York, à la veille du grand bouleversement de 1917 ; on suit dans les bas-fonds de la ville Tuohy, émigré mi-russe et mi-irlandais, et Alexandre Till, dit Zander, juif de Petrograd et militant communiste recherché par Hoover. Quelqu'un a vendu Zander à la police ; Zander doit tuer le traître, mais c'est Tuohy qui se chargera du sale boulot, homme prompt à la violence et dénué de scrupules. Zander et Tuohy, devenus gardes du corps de Trotski, s'embarquent ensuite avec le leader de la Révolution permanente pour y rejoindre d'autres chefs communistes installés à Petrograd, dont Lénine et Staline.
La belle ville de Pierre-le-Grand est soumise aux affres de la guerre civile, de la famine et du froid. Zander fait la connaissance de Lilly, princesse Ioussoupov, dont le frère a assassiné Raspoutine. La princesse rouge, comme on l'appelle, est une femme qui entend bien se libérer des préjugés de la société bourgeoise, à commencer par les tabous entourant la sexualité. Zander, lui, est complètement sous le charme. Commence alors une épopée sentimentale et politique qui va mener les personnages très loin, jusqu'au bout des dérives de ce que l'on appellera plus tard le stalinisme. Zander, qui a une foi naïve dans la révolution, verra ses idéaux réduits à néant ou presque. Tuohy, le cynique, appréhendera les choses autrement...
On ne résume pas un tel livre, dense, polyphonique, poussé par un souffle digne de Tolstoï. Même les pires salauds ont leur humanité, à commencer par Staline lui-même, habile calculateur, pervers matois, homme habile à manipuler les autres du fait de sa connaissance intime du genre humain.
Si ce livre est un requiem, il est aussi un hommage rendu à ceux qui ont cru, par naïveté et sentimentalisme, changer le monde en faisant la révolution en Russie. On sait ce que ça a donné. Mais c'est bien connu ; c'est même une loi de la politique qu'on devrait enseigner au même titre que le théorème de Thalès : les idéalistes, quels qu'ils soient, sont toujours les cocus de l'Histoire !
Citation
Ah, Joseph, dans ta vieillesse, tu dois te douter que tu as gagné un genre d'immortalité [...] Tu t'inscriras dans l'Histoire comme le montagnard du Kremlin, l'assassin et le tueur de paysans…