Contenu
Grand format
Réédition
Tout public
Bertrand Tavernier (présentation)
Patrick Brion (présentation)
Paris : Sidonis, mars 2014
19 x 14 cm
Coll. "Western de légende"
Seul contre tous
Dan Balland (John Payne) est en train de se marier dans l'église de la petite ville reculée de Silver Lode à la ravissante Rose Evans (Lizabeth Scott) tandis que quatre étranges cavaliers arpentent les rues à sa recherche. À leur tête, le "Federal Marshall" Ned McCarthy (Dan Duryea) qui entend l'arrêter pour le meurtre de son frère commis de sang-froid lors d'une altercation sur fond de triche aux cartes. Balland est un étranger qui a su conquérir le cœur de la population malgré ses silences quant à son passé. Cette même population le soutient et entend qu'un procès équitable lui soit offert. Mais dans une ville tenue à l'écart du monde, sans moyen de communication (les fils du télégraphe ont été coupés), Ned McCarthy n'attend qu'un faux pas de celui qu'il est venu arrêter pour l'abattre. Peu à peu, les sentiments des habitants évoluent. Le soutien est moins évident. La plupart pour ne pas dire la totalité des habitants doutent de son innocence pour finir par le pourchasser. Même sa fiancée (puisqu'il n'est pas encore marié) voit sa confiance en lui s'effriter surtout au moment où il blesse des membres de sa propre fratrie. Or, Ned McCarthy n'est absolument pas un marshall (ses pièces d'identité qui l'attestent sont fausses), et il n'est mu que par une vengeance aveugle qui ne sera pas assouvie, bien au contraire, puisqu'il finira par mourir par ricochet sur une cloche d'église d'une balle qu'il a lui-même tirée... Cet excellent western en vase clos dans une ville qui abandonne peu à peu son héros se déroule quasiment en temps réel (il y a quelques sautes de temps, mais elles demeurent rares et légères). Comment ne pas penser avec cette unité de temps et de lieu associées à la thématique d'une vengeance d'une bande de malfrats en colère à l'excellent Train sifflera trois fois (jusqu'à la rivalité féminine entre deux femmes dont une de petite vertu à qui Balland va demander de l'aide alors qu'il l'a bafouée) ? Les rebondissements sont multiples et le héros va faire face à des situations qui l'incriminent encore plus malgré ses dénégations de plus en plus vives. Les ressorts du genre sont éculés et usés jusqu'à la corde (du pendu) et pourtant l'action de ce film est particulièrement bien rythmée et orchestrée. Mais là où le western prend une tout autre dimension, c'est qu'il est éminemment politique. Le personnage incarné par le sublime Dan Duryea (l'un des meilleurs méchants de l'histoire du western hollywoodien) ne s'appelle pas McCarthy par hasard. La symbolique du film - un homme accusé sans preuves mis au ban de la société - est là : devant la peur du communisme, un homme sûr de lui et de son bon droit peut organiser une chasse aux sorcières. Mais avec cette fin proposée par Allan Dwan, le réalisateur semble annoncer de façon prémonitoire que le maccarthysme se tire une balle dans le pied (ou plus exactement dans le cœur). À la fois simpliste et engagée, cette vision a le mérite de montrer un film qui a su détourner les règles et affronter l'aveuglement d'un homme, tyran de la pensée. Assurément le plus grand western de Allan Dwan, porté par un duo de comédiens justes et d'exception.
Quatre étranges cavaliers (81 min.) : réalisé par Allan Dwan sur un scénario de Karen de Wolfe. Avec : John Payne, Dan Duryea, Lizabeth Scott, Dolores Moran, Harry Carey Jr, Emile Meyer, Robert Warwick...
Bonus. Présentation de Patrick Brion. Présentation de Bertrand Tavernier. Présentation d'Allan Dwan par Bertrand Tavernier. Galerie photos. Bande-annonce.
Citation
Je voulais parler calmement de mon problème, et cela sans l'aide d'un avocat.