Cette mort dont tu parlais

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Roman - Noir

Cette mort dont tu parlais

Huis-clos - Arnaque - Complot MAJ jeudi 31 juillet 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 6,2 €

Frédéric Dard
Paris : Pocket, avril 2014
216 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-266-24970-6
Coll. "Thriller. Frédéric Dard"

Gendre parfait

Fonctionnaire dans la fleur de l'âge, Paul Dutraz, le narrateur du roman, vient d'acheter une maison isolée en Sologne. Une demeure, qui, d'après les habitants du village, porte en elle la tragédie, car ses précédents occupants ont péri dans de sinistres circonstances.
Peu sensible aux croyances, mais désireux de rompre avec ses habitudes de vieux garçon, Dutraz décide de trouver une compagne par le truchement d'une agence matrimoniale. Il fait la connaissance de Mina, une femme plus jeune que lui, dont il tombe amoureux. Mina a déjà un grand fils, Dominique, d'une précédente union, que Dupraz accepte cependant en ses murs en même temps que sa mère.
Dominique, grand jeune homme, semble être le gendre parfait. Jusqu'au moment où le vernis craque et que sous ses apparences de fils parfait, se révèle une drôle de créature. Plus le vrai visage de Dominique apparaît, plus l'ambiance dans la maison devient glauque et oppressante. D'autant que les rapports "filiaux" entre Dominique et sa mère semblent eux aussi flirter avec l'ambiguïté. Comme par hasard, au moment où il est question d'un gros contrat d'assurance vie devant être signé sous peu...
Écrit en 1957, ce "roman de la nuit" (pour reprendre la classification effectuée par les éditions Omnibus) révèle tout le talent de scénariste de Frédéric Dard. Les thèmes de ce roman ne sont pas nouveaux : d'une part le triangle amoureux, où les rôles ne sont pas forcément ceux auxquels on s'attend (on pense aux intrigues de Boileau-Narcejac), mais aussi le motif lui-même (vouloir tuer un pigeon après lui avoir fait souscrire une assurance vie (citons le film de Billy Wilder, Assurance sur la mort, réalisé en 1944).
Mais l'art de Frédéric Dard est justement de reprendre à son compte des éléments convenus du roman noir (meurtre, trahison, sensualité morbide, coups de théâtre) dans une mécanique inédite.
Le choix de privilégier un narrateur interne (c'est la victime attendue, Paul Dutraz, qui raconte à la première personne) offre un point de vue forcément parcellaire et subjectif sur l'action en cours. Toute l'astuce est dans ce procédé narratif qui permet à l'auteur de distiller suspense, retournements de situation et chausse-trappes avec une grande maestria et un tempo parfaitement huilé (certainement hérité de l'école du cinéma à laquelle Dard collaborait beaucoup à l'époque. Ce roman sera d'ailleurs adapté en 1961 par Edmond Greville sous le titre Les Menteurs).
À l'arrivée, certainement l'un des "Spécial-Police" les plus efficaces de Frédéric Dard.

Citation

Je ne sais pas si les morts sont seuls, Mina, mais ils ne peuvent pas l'être plus que moi.

Rédacteur: Maxime Gillio mercredi 30 juillet 2014
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