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Grand format
Inédit
Tout public
Serge Bromberg (présentation)
Paris : Montparnasse, février 2005
19 x 14 cm
Coll. "RKO", 49
Vengeance hypnotique
Film inédit en France sur quelque support que ce soit Treize femmes (1932), du Franco-Américain George Archainbaud, est étonnamment estampillé "Fantastique" dans les sous-genres de la collection "RKO". Pourtant, s'il y est question de suggestion, d'hypnose et de mystère oriental, c'est avant tout un véritable film policier sur fond d'ambition et de vengeance au cœur duquel ressurgit un drame de l'adolescence qui puise au fin fond du métissage ethnique et de l'intégration des immigrés coloniaux. Autant dire que pour un film d'à peine soixante minutes qui est paru au sortir du parlant, le résultat est bien plus que louable. La trame est simple à souhait. Treize femmes, amies d'enfance, liées par leur appartenance à un club de lycée des plus bourgeois (elles conservent une médaille cousue au revers de leurs vestes), reçoivent par courrier leur horoscope tiré par le Swami Yogadashi à qui elles ont fait parvenir une chaine de lettres. Leurs horoscopes sont tous aussi funestes les uns que les autres, et une puis deux puis trois femmes voient leur sort s'interrompre (le plus souvent par suicide). Les survivantes resserrent des liens déjà existants mais l'étau aussi se resserre, et il apparait très vite qu'une ravissante femme à la beauté indigène (indienne ?) est l'instigatrice d'une vengeance machiavélique à base de manipulation des hommes et des actes. Heureusement, un inspecteur de police à l'esprit vif et aux gestes sûrs va démêler tout ça (il ne tombera cependant pas entre les bras d'une veuve et de son fils à qui on aura dans l'intervalle offert des chocolats empoisonnés et une balle en caoutchouc fourrée à la dynamite). L'intrigue est à la fois plaisante et alerte. Elle débute avec un accident dans un cirque où deux sœurs trapézistes proposent un numéro qui fait malheureusement splatch pour l'une d'elle. Les effets spéciaux sont a minima (une étoile qui apparait plusieurs fois, au sol où dans la lumière d'un train), les cascades sont bien entendu datées (l'accident de trapèze est digne d'un spectacle en ombre chinoise) et les postures et mimiques de certaines comédiennes nous font comprendre que l'on vient à peine de quitter le muet pour le parlant. Certes le swami occidental prête à sourire, mais les prestations de la plupart des femmes sont d'exception - surtout en ce qui concerne Irene Dunne (Laura Stanhope, la bien nommée) et Myrna Loy (Ursula Georgi, la ténébreuse qui a ourdi le complot meurtrier). Notons au passage que la vague de suicides qui s'abat sur ces treize femmes de manière suggestive n'aura pas épargné dans la vraie vie l'une des actrices. En effet, deux jours après la sortie américaine du film, l'actrice britannique Peg Entwistle se suicidera. La fin haletante se conclut un peu de manière abrupte dans une course-poursuite à travers les wagons d'un train (faisant ainsi écho au train postal inaugural qui véhicule une missive de mauvais augure), mais elle annonce de belle manière la naissance d'un genre. Au préalable, nombre de thèmes sociétaux auront été passés en revue - tous malheureusement toujours autant d'actualité.
Treize femmes (60 min.) : réalisé par George Archainbaud sur un scénario de Bartlett Cormack et Samuel Ornitz d'après un roman de Tiffany Thayer. Avec : Irene Dunne, Ricardo Cortez, Jill Esmond, Myrna Loy, Mary Duncan, Kay Johnson, Peg Entwistle, Edward Pawley...
Bonus. Présentation de Serge Bromberg.
Citation
La suggestion est un phénomène courant dans la vie de chacun de nous. Des vagues de crimes et de suicides s'expliquent par le pouvoir de suggestion sur l'esprit.