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Chambre 507
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Valérie Le Plouhinec
Paris : Super 8, août 2014
350 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-37056-002-5
La chambre des morts
L'hôpital Brinkvale est un lieu clos où l'on parque les criminels les plus irrécupérables, du genre de ceux pour qui ni la prison, ni l'asile ne peuvent plus rien. C'est là que le jeune thérapeute non conformiste Zach Taylor va sonder Martin Grace, soupçonné de douze meurtres : à chaque fois, celui-ci aurait prévenu les victimes de leur mort éminente et imminente, et les meurtres auraient cessé au moment où il serait devenu aveugle. Mais Grace a un alibi solide pour chacun des crimes ! Alors l'interrogatoire va virer à l'enquête même si un angle surnaturel n'est pas à dédaigner...
Un point de départ qui laisse préjuger un thriller angoissant (on imagine sans peine ce qu'un romancier comme Serge Brussolo aurait fait d'un tel sujet...) et, en effet, on s'attend à croiser un certain Hannibal Lecter dans cet hôpital déliquescent... mais dès le départ, un étrange doute s'impose au lecteur. Après enquête, ce roman écrit à quatre mains - par un spécialiste du livre audio et par un concepteur de jeux interactifs (les amateurs de jeux de rôle ne savent peut-être pas que derrière Jordan Weisman se cache l'un des créateurs de FASA, l'une des plus grandes entreprises du genre des années 1990) -, se voulait tout aussi interactif : l'intrigue est pimentée de numéros de téléphone à appeler, de photos, de sites, etc. Bref : tout pour vous faire oublier que vous êtes en train de vous livrer à une activité aussi peu top-giga-cool-lol-mdr que lire un livre... Est-ce pour cette raison que l'on a un certain mal à entrer dans l'intrigue ? Malgré l'horreur des faits, le ton décontracté donne l'impression d'avoir affaire à une enquête de Scooby-Doo, et bien des points sont éclipsés, notamment l'aspect surnaturel invoquant un "méchant" spectral à la Graham Masterton qui est largement sous-développé. Le tout serait vite indigeste s'il n'y avait la faconde des auteurs : le narrateur est une voix et une présence indéniable bien secondé par deux amis aux interactions crédibles qui prendraient plus de relief si l'intrigue n'était pas aussi lâche qu'un épisode de série TV. Le talent ferait pardonner bien des choses s'il n'y avait cette fin vite expédiée qui semble tenter de ménager la chèvre et le chou, et laisse bien des points en suspens. On comprend alors mieux pourquoi la plupart des éloges viennent de gens de la télévision ou du cinéma. Il y a à boire et à manger donc, surtout pour un roman qui a l'ambition de vouloir changer la donne du média (ben voyons...). Mais... était-il pertinent de publier ce texte déjà ancien ?
Citation
Comprendre mes malades requiert de la patience, le même genre de patience que celle nécessaire pour résoudre un puzzle de cinq mille pièces ou disputer une partie d'échecs par correspondance.