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Tristesse de la terre : une histoire de Buffalo Bill Cody
Grand format
Inédit
Tout public
158 p. ; illustrations en noir & blanc ; 19 x 10 cm
ISBN 978-2-330-03599-0
Coll. "Un endroit où aller"
Actualités
- 09/04 Prix littéraire: Sélection 2015 du Prix du Livre Inter
- 27/11 Prix littéraire: Première sélection 2015 du Prix du Roman des étudiants
- 27/11 Prix littéraire: Les 20 meilleurs livres de 2014 selon Lire
- 10/11 Presse: Pas de Prix Wepler-Fondation La Poste pour Éric Vuillard
- 06/11 Prix littéraire: Deuxième sélection 2014 du Prix des Libraires
- 22/10 Prix littéraire: Sélections 2014 du Prix Femina
- 13/10 Prix littéraire: Première sélection 2014 du Prix des libraires
- 09/10 Prix littéraire: Deuxième sélection 2014 des Prix Femina
Fortes de neuf romans français, mais aussi de neuf étrangers, les sélections des Prix Femina dévoilées le 9 octobre se voient accompagnées des onze titres choisis pour figurer dans la première sélection essai. On note la présence du roman d'Éric Vuillard, Tristesse de la terre (Actes Sud), dans la catégorie française. Et pourtant, l'ouvrage se penche sur un changement radical dans la société américaine avec la fin de l'aventure et l'avènement d'un spectacle à outrance personnifié par Buffalo Bill Cody. Les essais de la sélection eux, abordent deux pans de la littérature k-librée que nous aimons. C'est le cas tout d'abord avec Emmanuel de Waresquiell qui dresse une biographie de Fouché, puis de Bruno Cabanes qui traite de l'entrée de la France dans la Première Guerre mondiale. Les jurés se réuniront une nouvelle fois mercredi 22 octobre afin de dévoiler les ultimes sélections. La remise des prix s'effectuera le 3 novembre à 13 heures au Cercle Interallié dans le 8e arrondissement parisien.
Sélections 2014 du Prix Médicis :
Romans français :
- L'Homme qui marche, de Yves Bichet (Mercure de France) ;
- Photos volées, de Dominique Fabre (L'Olivier) ;
- Joseph, de Marie-Hélène Lafon (Buchet-Chastel) ;
- Bain de lunde, de Yanick Lahens (Sabine Wespieser) ;
- L'Autoroute, de Luc Lang (Stock) ;
- Autour du monde, de Laurent Mauvignier (Minuit) ;
- Les Grands, de Sylvain Prudhomme (Gallimard) ;
- Terminus radieux, d'Antoine Volodine (Le Seuil) ;
- Tristesse de la terre, d'Éric Vuillard (Actes Sud).
Romans étrangers :
- La Lumière des étoiles mortes, de John Banville (Robert Laffont) ;
- L'Homme provisoire, de Sebastian Barry (Joëlle Losfeld) ;
- Prières pour celles qui furent volées, de Jennifer Clement (Flammarion) ;
- Amours de pierre, de Grazyna Jagielska (Les Équateurs) ;
- Cette nuit je l'ai vue, de Drago Jancar (Phébus) ;
- La Couleur du lait, de Nell Leyshon (Phébus) ;
- Et rien d'autre, de James Salter (L'Olivier) ;
- Ce qui reste de nos vies, de Zeruya Shalev (Gallimard) ;
- Les Réputations, de Juan Gabriel Vasquez (Le Seuil).
Essais :
- À la lecture, de Véronique Aubouy & Mathieu Riboulet (Grasset) ;
- Une ethnologie de soi : le temps sans âge, de Marc Augé (Le Seuil) ;
- Les Déshérités ou l'urgence de transmettre, de François-Xavier Bellamy (Plon) ;
- Août 14 : la France entre en guerre, de Bruno Cabanes (Gallimard) ;
- San Michele, de Thierry Clermont (Le Seuil) ;
- Les Barrages de sable : traité de castellologie littorale, de Jean-Yves Jouannais (Grasset) ;
- Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre, d'Élisabeth Roudinesco (Le Seuil) ;
- Et dans l'éternité, je ne m'ennuierai pas : souvenirs, de Paul Veyne (Albin Michel) ;
- Le Sentiment de soi, de Georges Vigarello (Le Seuil) ;
- Fouché : les silences de la pieuvre, d'Emmanuel de Waresquiell (Tallandier) ;
- Des milliers de places vides, d'Alain Vagneur (Actes Sud). - 30/09 Librairie: Buffalo Bill sur la Canebière
- 10/09 Prix littéraire: Sélection 2014 du Prix Wepler-Fondation La Poste
- 10/09 Prix littéraire: Prix littéraire du Monde 2014 : Carrère plutôt que Vuillard
L'art du spectacle
Dans une vision toute cinématographique, Éric Vuillard nous propose la dernière partie de la vie de Buffalo Bill Cody, fantasmée et édulcorée, en un texte plaisant qui ouvre quelques pistes sur l'émergence de la société du spectacle au crépuscule de la conquête de l'Ouest. Et c'est bien ainsi que l'on doit décrypter les dernières années de la vie d'un homme qui est quelque peu dans notre imaginaire l'égal de Davy Crockett. Pourtant, à l'instar du représentant de l'État du Tennessee, l'homme est un "holy bastard", exterminateur sans pitié de bisons dans le but avoué de repousser (au mieux) les indiens au fin fond de réserve désertiques où ne poussaient que des bouteilles de mauvais alcool.
Mais le pan de sa vie qui intéresse l'auteur est celui que le tireur consacre à sa troupe de théâtre populaire, le Buffalo Bill's Wild West. Il nous fait plonger dans un monde étonnant qui évoque la résurgence des jeux du cirque avec des spectacles à couper le souffle, des batailles épiques revisitées qui portent haut la gloire de la nation et qui font pousser des hurlements de haine chez les spectateurs qui veulent voir le sang des indigènes couler. Rien ne semble échapper à son œil. Le lecteur plonge dans les affres techniques et administratives car si le show est souvent réussi, il ne tient qu'à un fil financier. Et pourtant, le Buffalo Bill's Wild West, pionnier du genre, va à la rencontre de spectateurs avides aussi bien aux États-Unis qu'en Europe.
L'Europe, et la France, c'est là que Éric Vuillard réussit peut-être à dresser le plus joli et intéressant portrait de Buffalo Bill en mettant en avant la solitude d'un homme ravagé par l'alcool, la noirceur d'une vie, qui se nourrit sexuellement de femmes de petites vertus et qui tombe peu à peu dans une décrépitude physique.
C'est là aussi qu'il fait ressurgir l'aspect visionnaire et empreint d'américanisme d'un homme tourmenté entre ses amitiés qu'il souhaite indéfectibles et son besoin de faire surnager sa dernière œuvre, son spectacle artistique avec toute sa grandeur. Dans un souci dans mettre plein la vue, Buffalo Bill aura convaincu l'un des plus grands chefs sioux, le respectable Sitting Bull, de faire partie de son show. L'indien ne sera pas autorisé à partir en Europe, dans l'intervalle il soutiendra les adeptes de la danse des esprits - un mouvement religieux indien qui trouvera une sanglante résolution lors du massacre de Wounded Knee - ce qui lui vaudra une tragique tentative d'arrestation et un lâche assassinat. Parti se recueillir sur sa dépouille, Buffalo Bill n'en oubliera pas moins de récupérer des reliques, marketing oblige.
C'est cette histoire doublement tragique et bouleversante, que nous narre Éric Vuillard. Elle est romancée, magnifiée, rendue légendaire, mais elle est aussi critique.
Le lecteur intéressé, curieux d'en savoir plus sur cet homme, incarnation de l'épopée américaine, pourra se plonger dans Vie et aventures de Buffalo Bill, un ouvrage d'Albert Bonneau, qui a été réédité l'année dernière aux Ateliers Fol'Fer. Albert Bonneau (1898-1967) étant l'une des figures marquantes de la littérature populaire française, l'une des figures de proue du western.
Récompenses :
Prix Joseph Kessel-SCAM 2015
Prix d'une vie 2014
Citation
Ainsi, tandis que Buffalo Bill poursuivait son immense périple autour du vide, n'attirant plus autant les foules qu'auparavant, perdant de l'argent même, et cependant incapable de s'arrêter, Elmer fondait Luna Park.