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Le Sang des bistanclaques
Poche
Réédition
Tout public
264 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-05929-1
Coll. "Grands détectives", 4643
Première enquête d'experts
Les experts policiers ont envahi notre univers médiatique. Mais qui connait l'origine de ces super-enquêteurs ? Odile Bouhier se propose de nous faire vivre, à travers des intrigues remarquables, les premiers pas de la police scientifique.
Un cadavre au visage détruit, vieux de plusieurs jours, est trouvé dans la région lyonnaise, au lieu-dit Le Pré aux Moines. Kolvair et Salacan sont chargés de l'enquête. L'autopsie révèle qu'il s'agit d'une femme âgée ayant subi de sévères agressions anales. Le légiste remarque aussi, dans le larynx torturé, un fil de soie disposé de manière sophistiquée.
Le corps d'une vieille ouvrière soyeuse, est découvert sur les pentes de la Croix-Rousse. Elle a subi les mêmes agressions et son cadavre est imbriqué dans un métier à tisser. Les deux affaires semblent liées, mais la seconde est confiée à l'inspecteur Legone des Brigades du Tigre. La concurrence entre les polices est rude et Kolvair doit faire la preuve de l'efficacité de la nouvelle unité qu'il codirige.
Une troisième victime est retrouvée par son mari. Mais l'assassin, qui voulait imiter son prédécesseur, ne réalise qu'une pâle réplique qui ne trompe pas longtemps les enquêteurs.
Legone, avide de gloire et d'avancement, arrête un cambrioleur appelé le Tricoteur par la presse parce qu'il bâillonne ses proies avec une pelote de laine. Ce dernier s'accuse des meurtres, du pain béni pour la police traditionnelle qui fait preuve de son efficacité. Mais Kolvair et Salacan savent que le véritable assassin courre toujours et qu'il peut recommencer à tout moment...
Le premier laboratoire de police scientifique a été créé par le professeur Edmond Locart, à Lyon. Cette unité se donnait pour objectif, entre autre, de démontrer la présence du présumé coupable sur le lieu du crime et, ainsi, de le confondre. Cette approche était en décalage avec les méthodes utilisées jusqu'alors, qui consistaient en l'obtention d'aveux. Ce résultat s'arrachait toujours par l'usure, la menace ou la torture. Mais, quelle était la réalité d'aveux ainsi obtenus ? Des affaires récentes ayant suscitées des controverses violentes, il fallait évoluer.
L'auteur, pour cette série, s'appuie sur deux personnages-clés, un commissaire et un scientifique. Ne voulant pas, pour des raisons évidentes, mettre en scène le professeur Locart, elle prend pour héros un de ses élèves passionné de criminologie, mettant ses connaissances en physiologie et son goût pour l'innovation, au service d'enquêtes criminelles. Elle retient, comme autre membre du tandem, un policier. Celui-ci, qui s'était distingué avant la guerre, est revenu de la Somme, en 1916, amputé de la jambe droite.
Elle développe, autour de ce duo, une théorie d'intervenants aux caractères trempés qui, à n'en pas douter, seront amenés à jouer des rôles importants par la suite. C'est le cas, entre autres, de Bianca Serraggio, une psycho pathologiste réputée. Mais, la romancière s'attache à faire de ses personnages des individus proches de la réalité avec toute l'ambiguïté de l'être humain, ses zones d'ombre et de lumière.
L'intrigue criminelle imaginée par Odile Bouhier met en œuvre des ressorts mus par une psychose peu commune. Elle structure ainsi son récit sur une connaissance approfondie du psychisme et sur le développement des sciences psychiatriques, en plein essor à cette époque. Elle décrit, avec intérêt, les méthodes utilisées par ces pionniers, donnant moult détails pertinents. Elle raconte la vie lyonnaise, décrit la ville et son organisation.
Derrière Le Sang des bistanclaques, ce titre mystérieux, Odile Bouhier livre un roman solide, à l'intrigue subtile, servie par des personnages attachants.
Citation
L'entomologie permettait de dater la mort d'une dépouille putréfiée et Kolvair savait, pour avoir lu La Faune des cadavres, traité du vétérinaire Jean-Pierre Mégnin publié en 1894, que la décomposition d'un corps se déroulait en quatre phases majeures. Huit vagues d'insectes se succédaient sur les cadavres en décomposition.