Derniers instants

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Roman - Thriller

Derniers instants

Social - Tueur en série MAJ lundi 03 novembre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Steve Mosby
Still Bleeding - 2009
Traduit de l'anglais par Diniz Galhos
Paris : Sonatine, octobre 2014
416 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-35584-073-9

Voir ou détruire

Lorsque des écrivains ou des cinéastes lancent des œuvres qui naviguent autour des tueurs en série, que pensent-ils faire exactement ? Nous proposer des choses horribles et immorales, ou jouer avec nos instincts pervers de voyeurs ? C'est aussi à ce côté nauséeux que sont confrontés les personnages de ce roman. Au premier lieu, Alex avec sa femme dépressive qu'il aimait, et qui un soir est partie se jeter du haut d'un pont. Si personne n'a pu la secourir, un sinistre individu a filmé toute la scène qu'il a diffusé sur Internet. Alors Alex a dit au revoir à Sarah, sa meilleure amie, et a quitté le pays. De son côté, le policier Paul Kearney cherche un kidnappeur qui a caché sa dernière proie dont le corps a disparu avant même l'intervention des forces de l'ordre. Qui a bien pu devancer la police et pourquoi ? Et pourquoi, la belle Sarah, journaliste qui enquêtait sur ce genre de choses est-elle morte ?
Derniers instants n'est pas un énième roman sur les tueurs en série. S'ils existent dans le livre, ils ne sont pas le nœud central de l'histoire. Dans notre époque faite de selfies et de vidéos jetées en pâture sur les réseaux sociaux, le roman montre combien le crime est banalisé, objet de consommation courante, fascination d'amateurs qui deviennent collectionneurs des meurtres des autres. Le cran supérieur est atteint lorsque l'on découvre que derrière toute l'affaire, il y a des enjeux capitalistes, des gangs qui rentabilisent à leur profit les petits travers d'honnêtes assassins en série...
Endroits glauques, enchères sordides, caves profondes, lieux en décomposition, vieilles usines désaffectées, vidéos tremblotantes où l'on voit en silence des gens souffrir puis mourir : tout concourt à transformer les derniers instants d'un être humain, à rendre palpables les angoisses des victimes et de leurs proches. Steve Mosby sait créer de la tension et, par un coup habile de projecteur, réussit à transformer une situation balisée pour y substituer une autre réalité, une mise en abyme qui fait perdre les certitudes, qui rend encore plus sombre ce que nous pensions illuminé - et sans dévoiler la fin, l'éclairage ouvre même de nouvelles perspectives sur les deux personnages qui cherchent tout au long du roman la vérité.
Steve Mosby se garde bien de juger (et les rebondissements de son intrigue le prouvent) ce qui renforce encore l'aspect glacial ressenti par le lecteur. À ceux qui verraient là une dérive moderniste, il montre comment il y a déjà trente ans un violeur en série filmait ses proies pour se repasser les cassettes le soir. Difficile après un tel livre, de simplement fermer d'un clic distrait un clip morbide ou une bagarre stupide jetée sur un réseau social.

Citation

Ce n'était pas le camion qui l'avait tuée. C'était la chute du pont, quinze mètre au-dessus, à l'endroit où la police avait retrouvée la voiture.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 30 octobre 2014
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