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Grand format
Réédition
Tout public
Valdez Is Coming - 1971
Bertrand Tavernier (présentation)
Patrick Brion (présentation)
Yves Boisset (présentation)
Paris : Sidonis, juillet 2014
19 x 14 cm
Coll. "Western de légende"
Vengeance honorable
Étrange film que ce Valdez qui met en avant un Burt Lancaster vieillissant (il a cinquante-huit ans) et peu crédible en métis, ancien éclaireur dans les guerres contre les Apaches, et aujourd'hui conducteur de diligence et représentant étoilé de la loi. Peu crédible car comme dans Bronco Apache de Robert Aldrich, où il incarne un Indien rebelle, l'acteur détonne avec les yeux bleus qui lui ont assuré sa renommée. Et puis cette impression qu'on lui a passé le visage - moustachu pour l'occasion - au cirage noir et marron afin de lui obscurcir le teint. Mais le rôle lui convient à merveille. Valdez est crade et (presque) solitaire, il va multiplier les scènes masochistes (et en laisser également une à son meilleur ami Diego qui y perdra l'usage de l'une de ses mains) tout en étant tabassé, torturé et crucifié (la flore d'Espagne où a été tourné ce film propose même sa montée du Golgotha, Avec Lancaster en Christ qui porte sa croix pieds et poings liés, traversant un champ d'arbres secs qui pourraient être des oliviers) avant de renaître en vengeur implacable qui souhaite payer sa faute et faire payer la faute des autres.
Valdez, c'est avant tout un film basé sur un roman du grand auteur américain Elmore Leonard aux thématiques qui ne peuvent que plaire à Burt Lancaster : injustice, impunité, racisme, rapport de classes, histoire américaine. Au tout début du film, le personnage de Valdez débarque en pleine nature. Dans un ravin, au bord d'un point d'eau, une cabane en bois. En haut, des hommes canardent à tout va la porte et les fenêtres sous le regard implacable de l'homme fort des lieux, Frank Tanner (Jon Cypher), convaincu que le nègre qui s'y cache a tué son meilleur ami, laissant une veuve pas éplorée - du genre moins de deux sous -, Gay Erin, qu'il voudra peu après épouser. Bien entendu, l'homme qui se terre et qui a pour épouse une Apache enceinte qui ne dégoisera pas le moindre mot, va être abattu. Subtilité du scénario, il sera abattu par un Valdez en état de légitime défense, mais l'acte aura été injustement provoqué par l'un des hommes de mains de Tanner. Se sentant coupable, Valdez va alors faire la quête pour la veuve qu'il entend ramener dans sa réserve indienne. Hélas pour lui, Tanner (pourtant très riche) ne va pas débourser le moindre dollar. Il va se contenter de torturer Valdez qui n'échappera à la mort que de très peu. C'est l'instant choisi par Valdez - qui ne prend alors pas le temps de panser ses plaies - pour ressortir son puissant fusil à longue distance Sharp et ses balles capables d'abattre à un kilomètre des bisons et son uniforme d'éclaireur, et d'aller demander des comptes sanguinaires à Tanner. Cela passera par le rapt de Gay Erin et une course-poursuite entre lui et une vingtaine d'hommes menés par Tanner et El Segundo.
Dans les décors extérieurs hallucinants espagnols, Valdez (qui a annoncé son arrivée, d'où le titre anglais) élimine un à un quand ce n'est pas trois par trois ou cinq par cinq les hommes qui le pourchassent. Il finira par gagner le respect de Gay Erin (dont le personnage est intéressant avec ses failles, sa part d'ombre et sa culpabilité) et d'El Segundo (que l'on n'imaginait pas au début d'une probité évidente). Dans le même temps, il sera capturé une dernière fois. Mais la fin de cet honnête western où les rapports entre les différents protagonistes évoluent, voire s'inversent, reste étonnement ouverte. L'on ne sait rien de ce qu'il se passe lors du duel final entre Valdez et Tanner, si ce n'est que tous les deux se retrouvent seuls.
Valdez (90 min.) : réalisé par Edwin Sherin sur un scénario de Roland Kibbee & Davied Rayfield d'après le roman Valdez est arrivé ! de Elmore Leonard. Avec : Burt Lancaster, Susan Clark, Jon Cypher, Frank Silvera, Hector Elizondo, Phil Brown...
Bonus. Présentation de Patrick Brion. Présentation de Bertrand Tavernier. Présentation d'Yves Boisset. Documentaire sur Burt Lancaster (50 min.).
Citation
- Señor Tanner. Le juge itinérant passe à Lanoria demain. Il vient de Saint-David. Je dois signaler ce qui s'est passé. L'Indienne peut nous créer des ennuis... avec la justice. Cent dollars, c'est pas grand-chose.
- Éte, toi... J'ignore quelles conneries tu as raconté pour avoir ton étoile, mais ça marche pas avec Franck Tanner.