Contenu
Poche
Réédition
Tout public
220 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-030448-6
Coll. "Policier", 712
Erreur judiciaire
Dix ans après avoir créé le commissaire Jules Maigret, Georges Simenon propose une intrigue noire et machiavélique que n'aurait pas renié son personnage. Et nul doute que l'issue n'aurait pas été la même. Le roman se concentre sur le personnage de Petit Louis, une petite frappe, un voyou de bas-étage en quête de reconnaissance mais qui ne sait absolument pas s'y prendre. Alors il fanfaronne et comme il fanfaronne les autres le méprisent. Pourtant, il a deux atouts dont un n'est pas banal : il est habile à la pétanque. D'ailleurs, l'ouvrage de Simenon est sûrement l'un des rares à en parler aussi longuement et talentueusement. Mais les boules ne servent qu'à détourner l'attention du braquage d'une poste d'un petit village de la Côte d'Azur où Petit Louis croise la route de Constance, une vieille maîtresse plutôt fortunée, plutôt amoureuse du sale garçon et de ce qu'il représente d'aventureux. La liaison entre les deux apportera doublement la mort. Le romancier belge écrit sur la chute d'un homme trop sûr de lui en proie à la vengeance d'équipiers dont il fait foirer les coups les plus basiques. Petit Louis est dès les premières pages profondément antipathique, mais à mesure que la lecture progresse et que l'étau inéluctable se resserre autour de lui, qu'il montre ses faiblesses, que l'on en apprend plus sur une enfance torturée, il en deviendrait pour un peu sympathique. C'est un roman des plus psychologiques qui nous est proposé. Petit Louis est innocent mais tous ses actes présents auraient tendance à prouver sa culpabilité. Le lecteur frémit devant l'accumulation d'erreurs et de hasards malencontreux que rencontre ce voyou, maquereau en herbe, faussaire à es heures perdues, et qui laisse un peu partout sur la scène du crime ses empreintes. Et puis Georges Simenon décrit les rouages infernaux de la Justice, celle qui ne pardonne pas et qui surtout interprète. L'avocat de Petit Louis est un commis d'office qui ne doute même pas de sa culpabilité. Le juge est sûr de son fait et de son droit. Il fait venir des témoins d'un autre temps. Va jusqu'à aller chercher un instituteur ou un voisin d'enfance. Fait dire ce qu'il veut à la sœur et à la mère. Aujourd'hui, il clamerait haut et fort que c'est génétique. Le récit de cette dégringolade est impitoyable. C'est bien là la différence entre la fiction et la réalité. Dans la fiction, on aurait confié l'enquête à Jules Maigret. Il aurait pris le temps non d'étudier les faits, mais de comprendre l'accusé. Et, lui, aurait compris qu'il était innocent du meurtre terrible de Constance dans son appartement. Il aurait su que ce Petit Louis n'est pas de la graine des champions, qu'il est incapable du moindre meurtre. Mais Georges Simenon a choisi d'écrire un roman dur avec des descriptions sèches et froides...
Citation
Il réfléchissait, réfléchissait, à en avoir une barre dans la tête. Il reprenait depuis le début des raisonnements qui aboutissaient à des conclusions différentes et, chaque fois, un argument revenait, lourd de conséquences : il lui restait exactement quatre-vingt-douze francs cinquante en poche !