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La Mort du juge Michel : contre-enquête sur la mort d'un incorruptible
Grand format
Inédit
Tout public
Tu ne verras plus vivre les roses
21 octobre 1981. Le juge Michel est assassiné par deux hommes en moto. Quelques lampistes paieront., et c'est tout, et c'est bien maigre. C'est que "ces gens-là" sont intouchables, et qu'ils s'accommodent fort bien des Lois de la République. La mort du juge Michel ne provoquera donc aucun remous, ni aucun débat dans cette République qui filait déjà son mauvais coton si peu démocratique. La magistrature elle-même laissera retomber sur ce fait divers la chape de plomb des médias, sans inquiéter les témoins décisifs de l'affaire, dont certains courent toujours dans la nature. Le récit que nous en livre Thierry Colombié est romanesque. Palerme, dans les années 1980. Le juge Michel sait que sa vie ne tient qu'à un fil. Il se sait espionné par les anciens du SAC, cette officine remplie de barbouzes qu'entretenait la République gaullienne. Palerme, dans sa cellule, le grand parrain le toise. Une nouvelle guerre secoue le Milieu : celle de la mondialisation du crime et de l'économie maffieuse. Un changement d'échelle qui commande une restructuration dudit Milieu. Le juge Michel provoque la mafia et le monde politico-médiatique qui lui aussi se restructure. Toute cette criminalité est convoquée ainsi dans une sorte d'écriture docu-drama. Celle de Palerme, de France et de Navarre, sur fonds de reconquête du marché de l'héroïne et de financement occulte des partis politiques. Des accusations énormes, mine de rien, sont portées contre les grandes figures de la politique française, droite et gauche confondues. On le voit : l'ambition romanesque était immense, le personnel de l'œuvre pléthorique, submergeant littéralement le héros principal, le juge Michel, dessiné un peu à la hâte. Péché de jeunesse, le style choisi, romanesque encore une fois, ne parvient pas à gagner en assurance, et l'immense fresque se déploie en segments plus posés bout à bout que filés. Thierry Colombié hésite beaucoup au demeurant quant au genre à déployer, le laissant emporter souvent par un dessein pamphlétaire. L'histoire en fin de compte est touffue, déambulant de galerie de portraits en collection d'acteurs qui semblent se bousculer sur le devant d'une scène mal maîtrisée, alors que cette histoire, l'auteur la connaît parfaitement et reste, d'un bout à l'autre du récit, incroyablement documentée - ce qui en fait du reste le plus profond intérêt.
Citation
À Marseille, si vous touchez au saint du saint, vous vous retrouvez dans l'entonnoir. Vous comprenez ?