k-libre - en marge - El Perdido

Il semblait que le tueur se cantonnait dans un périmètre assez resserré allant de Greenwich Village jusqu'au quartier de Chelsea. Ses victimes fréquentaient les mêmes endroits. Je rappelai Howard Loomy, après m'être excusée de le déranger à nouveau, je lui demandai s'il savait quel café Betty avait coutume de fréquenter.
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DVD - Western

El Perdido

Psychologique - Road Movie MAJ mercredi 17 décembre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 13 €

Robert Aldrich
The Last Sunset - 1961
Bertrand Tavernier (présentation)
Paris : Sidonis, mars 2011
19 x 14 cm
Coll. "Western de légende"

Manipulation sentimentale

Western romanesque et psychanalytique, El Perdido (1961) s'inscrit étrangement dans la filmographie du réalisateur Robert Aldrich ne serait-ce que par ce sentiment d'inachevé, d'inabouti, qui nous prend sitôt le générique de fin achevé. C'est le troisième de ses westerns réalisé après une année 1954 à la fois inaugurale et faste (Bronco Apache et Vera Cruz). Là encore, le casting est impressionnant : Rock Hudson, Kirk Douglas, Dorothy Malone et Joseph Cotten. Mais la production est entre les mains de Kirk Douglas, qui déjà n'aura de cesse d'avoir le bon rôle au détriment de Rock Hudson, pourtant premier au générique, qu'il rabaisse sempiternellement, et leur rencontre dans le film prend alors une dimension toute symbolique : les deux hommes cherchent à avoir le soleil dans le dos histoire d'aveugler leur adversaire, et à ce petit jeu c'est Kirk Douglas qui gagne.
Kirk Douglas traine sa carcasse élancée dans un costume noir. Son Derringer, il ne le met pas dans un étui mais dans son pantalon, à même la peau, histoire de bien le sentir. C'est Brendan O'Malley, un tueur à la violence intérieure rarement canalisée. Dès le début il chevauche solitaire en direction d'un ranch tandis que derrière lui chevauche tout aussi solitairement et à ses trousses le marshall Dana Stribling, qui cherche à l'arrêter pour le meurtre de son beau-frère. L'histoire se déroule au Mexique et les deux hommes se retrouvent dans le ranch de John Breckenridge (Joseph Cotten), chargés de convoyer un troupeau de plus de mille bêtes vers le Texas (le mandat n'a aucune validité au Mexique, il en a en revanche dans cet État américain). Breckenridge a une femme, Belle, objet du passage d'O'Malley. Ils ont eu une aventure alors qu'elle n'avait que seize ans. Une aventure qui s'est terminée dans un de ses accès à lui de jalousie violente (on apprendra au fil du film qu'il a arraché un bouquet de fleurs de sa robe de bal). Seulement, Belle est aujourd'hui une femme usée, mère d'une adolescente de seize ans, Melissa (Carol Lynley), qui ne tarde pas à tomber sous le charme de ce descendant d'Irlandais impétueux. Le convoyage se déroulera avec accrocs entre indiens, renégats et hors-la-loi. John Breckenridge mort au cours d'une scène dramatique, peut-être la meilleure du film hormis le duel final, le cœur de Belle peut à nouveau battre normalement et en toute liberté. Le scénario n'évite alors pas le triangle amoureux, mais l'histoire est biaisée par la présence de Melissa vers laquelle se retourne très vite O'Malley alors que sûr de son fait, Stribling part à la conquête de Belle.
Cette double histoire sentimentale ne peut aboutir qu'à un drame au sortir d'un long voyage dans la poussière au milieu d'un bétail poussif, et il revêt les ors de la psychanalytique. Car c'est bien là que réside l'intérêt de ce western : les interactions fluctuantes entre les différents personnages, l'évolution de leurs sentiments et surtout la disparition des idées reçues. Au final, un plutôt bon western qui met en avant la psychologie en abyme.

El Perdido (104 min.) : réalisé par Robert Aldrich sur un scénario de Dalton Trumbo d'après le roman Sundown at Crazy Horse de Howard Rigsby. Avec : Rock Hudson, Kirk Douglas, Dorothy Malone, Joseph Cotten, Carol Lynley...
Bonus. Entretien avec Bertrand Tavernier. "Le Crépuscule des héros", documentaire réalisé par Éric Pacoud.

Citation

Je cherche un certain O'Malley. Environ votre taille. Pantalon et chemises noirs, bottes noires. Il a un Derringer, un foulard autour du cou, et une fossette au menton, là.

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 17 décembre 2014
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