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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Jean-René Dastugue
Rodez : Le Rouergue, octobre 2014
352 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-8126-0614-4
Coll. "Noir"
Chroniques de sang à Brighton.
En juin 1934, un narrateur anonyme dévoile l'assassinat de sa maitresse parce qu'elle le trompait. Puis, il raconte sa vie pendant la Grande Guerre d'où il est sorti sans une blessure bien qu'il ait été au front plus souvent qu'à son tour. C'est la grippe espagnole qui a failli l'emporter. Elle ne le rend que stérile. Si sa libido était en sommeil pendant le conflit, elle se réveille avec son retour à la vie civile. Il se marie avec une Italienne. Comme elle veut des enfants, les disputes sont fréquentes. C'est elle qui, avec son frère, l'aide à couper le cadavre en morceaux et à les disperser. Dès lors, la fratrie le tient. Le narrateur expose son engagement au parti fasciste, puis comment il fait tuer son épouse.
De nos jours, l'inspectrice Sarah Gilchrist est mise sur la touche. Elle était dans le groupe qui a commis une grosse bavure à Milldean. Cette tuerie a entraîné la démission de Bob Watts, le chef de la police de Brighton.
Sarah est prise à partie par le groupe d'adolescentes qui lapidait leur victime. Elle ne doit son salut qu'à l'arrivée des gros bras qui protègent le truand qu'elle voudrait bien arrêter. Avec son équipier, devenu son chef, elle enquête sur cette agression car la gamine est la fille d'un malfaiteur notoire. Et celui-ci veut venger sa fille par tous les moyens !
Bob Watts perd son père, un écrivain de romans policiers sous le pseudonyme de Victor Tempest. En consultant ses papiers, il trouve des notes réunies en vue d'une autobiographie. Il entre alors dans la vie de son père, une vie inconnue qui va lui réserver bien des surprises...
Avec ce titre, l'auteur Peter Guttridge clôt sa trilogie sur Brighton. Outre le parcours du narrateur, dont l'identité restera secrète jusqu'à la dernière ligne, l'auteur détaille une tranche de vie de différents personnages. Les uns travaillent pour le bien public, les autres vivent en marge de la légalité. Entre ces deux groupes des liens se croisent, se nouent sous des identités différentes, tissant une trame complexe non dénuée de caractère. Si les protagonistes sont nombreux, ils sont emblématiques de leur époque. L'intrigue se déroule sur trois périodes : la Grande Guerre, les années 1930 et une époque située aujourd'hui (ce livre est paru au Royaume-Uni en 2012).
Avec le narrateur anonyme, Peter Guttridge porte un regard sans concessions sur la guerre de 1914-1918, sur les combats, sur l'amitié et, chose rare, sur la sexualité dans les tranchées. Il évoque celle de ces hommes cohabitant à chaque instant avec la mort, mais privés de toute présence féminine pendant de longs mois, voire des années. Il ouvre une partie éclairante sur la British Union of Fascists, sur ses composantes, son évolution après sa création, le 1er octobre 1932, par Oswald Mosley.
Le personnage du romancier offre à l'auteur l'occasion de revenir sur quelques figures marquantes de la littérature policière de l'époque, faisant traverser son récit par Peter Cheyney, célèbre pour ses romans hard-boiled. C'est lui qui suggère de prendre un pseudonyme et qui le lui trouve. Victor rencontre Ian Fleming. Ils conçoivent James Bond, mais c'est lui qui prétend avoir trouvé le fameux 007, ce permis de tuer, et inventé le Spectre.
Abandonnés de Dieu offre une plongée attractive dans le passé récent de l'Angleterre et permet de suivre une intrigue à tiroirs menée avec maîtrise.
Citation
L'auteur de polars à succès Victor Tempest affirmait qu'il avait joué au baccara avec Ian Fleming le droit d'écrire les romans de James Bond.