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Ne deviens jamais pauvre !
Grand format
Inédit
Tout public
Paris : Sonatine, février 2015
296 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-35584-325-9
Dernière bavure avant la tombe
Il faut imaginer un inspecteur Harry, réactionnaire et fier de l'être, malgré ses origines juives, vieillissant. Bud Schatz, a presque quatre-vingt-dix ans, se déplace univoquement grâce à un déambulateur et ce malgré quelques problèmes lié à sa maladie d'Alzheimer. Pourtant, il se croit encore assez en forme pour mener des enquêtes et continuer sa vie de redresseur de torts. Un jour, Elijah, un vieux juif, vient le trouver pour lui annoncer qu'il a des informations qui pourraient aider à résoudre d'anciens crimes dont il a été complice.
Alzheimer n'empêche pas d'avoir une bonne mémoire des choses plus anciennes : Bud Schatz peut ainsi se souvenir d'une vague de cambriolages et de hold-up à Memphis pendant les années 1960, dans lesquels ce brave Elijah a été impliqué. À l'époque, il ne pouvait pas l'arrêter car ces vols se déroulaient en pleine tension syndicale et la police locale était si emplie de préjugés que de dénoncer un voleur juif revenait à lancer l'opprobre sur toute une communauté qui n'avait pas encore rebondi depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et l'ouverture des camps de concentration.
Le problème, bien entendu, reste entier car pourquoi Elijah se dénonce-t-il maintenant ? Son esprit retors ne cacherait-il pas un plan machiavélique ?
Dans le premier volet de cette série, Ne deviens jamais vieux !, nous avions suivi avec attendrissement les aventures picaresques de ce brave Bud Schatz, perclus de rhumatismes, doté d'une mauvaise foi accablante, et ses difficultés à sortir son gros pistolet tout en s'accrochant à son déambulateur. Sévèrement blessé à la fin de cet épisode, il revient alors qu'il passe son temps entre une maison de convalescence et des retours intempestifs chez lui. L'idée de constituer l'intrigue d'une partie replongeant dans un passé lointain où les WASP régnaient sur la police de Memphis, où la vie n'était pas rose pour les minorités - noirs, ouvriers sous-payés et minorité juive mal vue - permet de donner un peu de couleur et de vitalité. Pour le reste, on retombe en terrain un peu (trop) connu avec un vieil homme ronchon, réglant ses affaires tout seul, prêt à bastonner un suspect à la sortie de la synagogue ou à user rapidement de son calibre. Le tout est servi par un humour à l'emporte-pièce devenu aujourd'hui convenu, et des réflexions aigres-douces sur les nouvelles générations molles et avachies,les mœurs relâchées et le pays qui part à vau-l'eau.
C'est toujours plaisant de retrouver des personnages bien campés, un peu caricaturaux mais drôles dans l'univers du roman policier, et l'intrigue comporte un ou deux rebondissements intelligents, mais le texte souffre d'un grand parallélisme avec le premier volet. Est-ce un hasard si le titre français est une références plus qu'explicite à son prédécesseur ?. Du coup, le plaisir du lecteur est bien moindre, surtout pour quelqu'un qui aurait apprécié le premier épisode. On en vient à jalouser ceux qui n'auraient pas lu le précédent et qui découvriraient l'auteur et le personnage avec ce roman. Ils y trouveraient une fraîcheur et un humour qui ne prend jamais le lecteur pour un crétin ou un voyeur.
Citation
Au cours de mes errements de jeunesse dans la police criminelle de Memphis, j'ai bousillé pas mal de voitures de service. J'ai violé les droits fondamentaux de beaucoup de gens, souvent à l'aide d'un annuaire téléphonique.