Hyenae

Dans notre voiture, ça chauffait de plus en plus. Hurlements, slogans à répétition et fanfare. On avait l'impression que tout le monde s'approchait à deux à l'heure, de Paris, pour foutre le feu à la République. Il y avait encore des éléments qui se croyaient responsables, pour expliquer le pourquoi du comment, et la justesse de l'expédition.
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Roman - Noir

Hyenae

Tueur en série - Complot MAJ mardi 10 mars 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,5 €

Gilles Vincent
Paris : Jigal, février 2015
214 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 979-10-92016-34-5
Coll. "Polar"

Avant le chaos

Lors d'une saisie, la police tombe sur un DVD montrant l'horreur : des actes pédophiles sur la personne de Camille, enlevée quatre ans plus tôt. Elle et trois autres fillettes sont un jour montées dans une camionnette blanche pour ne jamais réapparaître, sans doute victimes de vendeurs de DVD pédophiles pour riches détraqués. La policière dure-à-cuire Aïcha Saida va en appeler à Sébastien Touraine, ex-privé ayant enquêté sur l'affaire quatre ans plus tôt, mais devenu libraire. Or si Touraine, ancien amour d'Aïcha, est parti se mettre au vert, c'est bien parce que le diabolique criminel surnommé la Hyène avait tué sa fille et menaçait tous ses proches... Mais pourquoi cette affaire ressort-elle aujourd'hui, comme si un plan minutieux venait d'être mis à exécution ? Mais dans quel but ?
On avait laissé Gilles Vincent avec l'excellent Trois heures avant l'aube, le voilà revenu à ses personnages fétiches dans ce roman qui, en fait, précède le non moins excellent Parjures — avec lequel Gilles Vincent, tout comme son éminent collègue bien connu de nos services Jacques Olivier Bosco, avait remis au goût du jour le genre dur-à-cuire revu et corrigé pour notre époque. Avec un thème pareil, on aurait pu tomber sur un énième thriller industriel, mais en deux cent dix pages, l'auteur préfère le roman (très) noir — même s'il nous offre un "méchant" terrifiant bien plus réussi que les serial killers syndiqués du thriller industriel précité. Résultat, là où bien des livres actuels s'effondrent sous leur propre poids, celui-ci fonce à cent à l'heure sans pour autant oublier les personnages avec une économie de moyen qui n'exclut pas un style faussement simple, mais d'une efficacité redoutable. Le défaut du prequel est qu'on sait plus ou moins comment chaque personnage va s'en sortir, et on pardonnera quelques infimes concessions à la crédibilité vers la fin. On conseillerait presque de lire ce roman avant Parjures s'il n'était nettement plus mûr, l'auteur atteignant manifestement sa vitesse de croisière. Décidément, le monde du polar du Sud (débarrassé des faux atours du "polar marseillais" qui commençait à escagasser sévère) se porte bien de nos jours...

Nominations :
Prix Landerneau Polar 2015

Citation

Dans quelques heures, des gamins tromperont le vide de leurs vies à l'ombre des cages d'escalier, laisseront macérer les vieilles rancœurs et rêveront des vitrines brisées qui, les soirs d'émeute, leur donneront ce qu'ils peuvent s'offrir cash.

Rédacteur: Thomas Bauduret lundi 09 mars 2015
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