Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Irlande) par Diniz Galhos
Paris : Super 8, novembre 2014
466 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-37056-008-7
Faire parler les morts
Un jour, Daniel Harker découvre une femme qui peut parler aux morts. Lui est à l'origine de l'industrie de ces "revivers" capables, dans des conditions précises, de faire revenir les défunts pour quelques minutes. Ce qui peut non seulement permettre aux familles de faire leur deuil, mais également de faire parler les victimes de meurtres (bien entendu). Aussi, lorsque Daniel Harker est assassiné, sa fille cherche à découvrir pourquoi. L'armée ferait-elle ses propres expériences beaucoup moins éthiques sur les morts ? Et quid de ceux qui disent avoir senti de l'autre côté la présence d'une entité qui aimerait bien trouver un moyen de rentrer dans notre monde ?
Voilà donc un point de départ qui pourrait faire s'allumer l'œil des vieux de la vieille s'attendant à revivre les grandes heures du fantastique horrifique anglais, l'époque des James Herbert, Stephen Laws ou Graham Masterton... Mais ils risquent fort de déchanter. D'innombrables séries télévisées fantastiques ont abordé le sujet, et ce roman se contente de suivre servilement leur schéma tel qu'on l'enseigne dans les ateliers d'écriture, ou plutôt de formatage. Au moins, son auteur, Patrick Seth, pour son premier roman, entre dans le détail de cette nouvelle technique, mais cela signifie bien des pages d'exposition un peu didactiques. Comme dans les séries, les nombreux personnages n'ont pas d'autre définition qu'un vague traumatisme, et comme dans les séries, la découverte d'un au-delà tangible ne semble avoir aucune répercussion sur la société, tout le monde éprouvant un manque total et absolu de curiosité sur le plus grand mystère de l'Humanité (le sujet est abordé en passant, puis vite oublié). Et comme dans les séries, on débite des pages et des pages où il ne se passe rien, où tout est traité sur le même ton ronronnant jusqu'à ce que l'on daigne avoir un vague début d'enjeu au bout de deux cent cinquante pages. On balance dans un mixeur adversaires du projet au nom de la religion, complot militaire parce qu'il en faut bien un, et un méchant surnaturel qui introduit enfin un brin de mystère, mais qui, une fois dévoilé, s'avère bien décevant (ENCORE un avatar de Satan ou de son équivalent — vous vous en doutiez un peu — désireux de semer le chaos en notre monde parce que, heu, c'est ce que fait tout démon normalement constitué), et se fait vaincre de la plus générique des façons — jusqu'au sursaut final annonçant l'inévitable suite. Le pire, c'est que l'auteur a le sens du style — et la traduction est irréprochable —, et que quelques scènes donnent à penser à ce qu'aurait pu être le roman, s'il ne s'agissait pas juste de suivre servilement des recettes fades en exploitant mollement un point de départ qui aurait pu être autrement mieux traité et, du coup, semble plus séduisant dans l'idée que sur le papier. Le tome 2 ne pourra qu'être meilleur.
Citation
Les morts violentes étaient toujours les plus difficiles à gérer, et Jonah n'avait affaire qu'à des morts violentes.