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L'Insigne du Boiteux
Poche
Réédition
Tout public
334 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-8129-2483-5
Coll. "Polar en poche"
Drame de l'immigration...
Jeanne est réveillée en pleine nuit et convoquée sur une scène de crime où l'attend le commissaire Bareuil. Dans l'appartement, le corps de la victime a été démembré, ses viscères déroulées à terre, la peau découpée en lanières... C'est le deuxième carnage du même type auquel la police criminelle est confrontée. Le meurtre paraît obéir à un rituel. D'autant que le meurtrier a laissé une troublante signature : une pièce d'orfèvrerie que l'on pense tout d'abord ottomane, raison de la présence de Jeanne sur les lieux - elle a soutenu sa thèse d'histoire sur l'orfèvrerie moyen-orientale au XVIIIe siècle. La pièce s'avère être une pièce majeure de l'orfèvrerie perse. Quel peut être l'homme en possession d'un pareil objet ? L'occasion pour Thierry Berlanda de dégrafer son roman en longs feuillets mystagogiques, ouvrant le récit à des compositions plus ésotériques. Un temps, il nous perd dans cet horizon méphistophélique, laissant remonter à la surface de son texte tout l'appareil des légendes ancestrales déroulées en phrases savantes, avant de retomber sur ses pieds, le récit articulant des raisons cette fois plus psychologiques, autour du drame que va vivre Jeanne. Jeanne qui bien sûr sera aux prises avec le tueur, très vite, qui l'appelle et lui commande de se rendre Place des Vosges, où elle trouve un homme grenade en main, qu'elle doit suivre. Les flics sont en nombre, tireurs d'élites planqués dans des saillies d'immeubles, mais Jeanne, guidée par Le Boiteux échappe à leur surveillance. Le récit se tend, Jeanne entre ses mains, redevient thriller aux péripéties en nombre et à la verve emportée. Il compose de nouveau avec le vraisemblable, cette prise du réel sur le genre, levant les raisons de tuer dans le champ psychanalytique. Le Boiteux réapparaît ainsi sous les traits plus conventionnels d'un homme sous l'emprise d'une scène originaire qui ne cesse de le hanter et dont ses crimes reproduisent le dispositif. Clochard pitoyable, prince déchu, immigré dans son mal être, fou furieux en fait, qui nourrit sa folie de propos grandiloquents venant rompre l'économie narrative du récit par de grands retours à un passé mythique et une phraséologie dont on devine combien l'auteur a succombé au plaisir de l'écrire. Une écriture souvent recherchée donc, typant son vocabulaire dans ce langage obscur légèrement "soufré" que les lecteurs de récits ésotériques se plaisent à compulser. Grand écart presque, avec la banalité des raisons de tuer qui continuent de dévider leur fil psychiatrique. Mais grand écart méticuleusement calculé, et assumé dans un récit patiemment construit.
Citation
Un ascenseur permet seulement un déplacement. Un escalier, permet une élévation.