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Inédit
Tout public
198 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-35887-078-8
Actualités
- 14/03 Prix littéraire: Sélection 2016 du Prix du Polar Sud-Ouest/Lire en poche
- 27/06 Prix littéraire: Sélection 2015 du Prix Polar Michel Lebrun
Samedi 27 juin, les jurés du Prix Polar Michel Lebrun se sont réunis afin d'établir la dernière sélection d'une récompense qui fêtera cette année sa trentième édition. Une cinquantaine d'ouvrages francophones avaient été retenus. Neuf finalistes ont été révélés. Un dixième pourrait prochainement faire son apparition. Jean-Claude Vallejo tient à souligner : "Une mention particulière pour Pukhtu de DOA (Gallimard, "Série Noire") qui aurait pu figurer dans cette sélection, mais le deuxième volume étant annoncé pour l'automne, il a été décidé de le mettre en réserve pour 2016 (l'ensemble des deux volumes sera alors pris en compte)." Le 19 septembre le lauréat sera choisi. La remise du prix aura elle lieu le samedi 12 décembre, sûrement à la librairie Doucet du Mans, qui est partenaire tout comme le festival La 25e Heure. Le parrain qui officiera pour l'occasion sera Jean-Bernard Pouy.
Sélection 2015 du Prix Polar Michel Lebrun :
- L'Échiquier du Temple, de Jean-Luc Aubarbier (Critic) ;
- Grossir le ciel, de Franck Bouysse (La Manufacture de livres) ;
- La Route de Santa-Anna, de Serge Brussolo (Le Masque) ;
- Kif, de Laurent Chalumeau (Grasset) ;
- Les Amazoniques, de Boris Dokmak (Ring) ;
- Derrière les panneaux il y a des hommes, de Joseph Incardona (Finitude) ;
- Or noir, de Dominique Manotti (Gallimard, "Série Noire") ;
- Adieu, Lili Marleen, de Christian Roux (Rivages, "Thriller") ;
- Voici le temps des assassins, de Gilles Verdet (Jigal, "Polar")
Liens : Or noir |Adieu Lili Marleen |Voici le temps des assassins |La Route de Santa Anna | D.O.A. |Jean-Bernard Pouy |Franck Bouysse |Serge Brussolo |Laurent Chalumeau |Boris Dokmak |Joseph Incardona |Dominique Manotti |Christian Roux |Gilles Verdet - 12/06 Prix littéraire: Sélections 2015 des Trophées 813
Les pieds dans la glaise et la tête haute
Que pourrait-il y avoir de plus banal que le cadre général de ce roman ? Un village perdu, des fermes isolées, un vieux paysan qui vit tout seul, avec pour unique compagnon un chien. Un peu plus loin, un autre paysan, lui aussi solitaire. Le travail routinier de la ferme, les allers-retours au village pour acheter les rares denrées que l'on ne peut pas produire soi-même, le rythme des saisons, les balades, fusil en main (des fois qu'un oiseau viendrait à passer), quand il n'y a rien de plus important à faire. Franck Bouysse excelle dans ce quotidien, dans cette description méticuleuse, fine, imagée et ciselée comme les souvenirs des plus anciens d'entre nous, qui ont encore vécu cet univers ou se sont gavés des trois volets de Raymond Depardon, Profils paysans. Un monde rude apparaît sous nos yeux, fait de non-dits, de crimes enfouis, de violence retenue ou détournée (comme cette scène hallucinatoire où le personnage central regarde sa mère se suicider sans intervenir), où chacun sait que, derrière un dialogue anodin, se terre une peur ou une envie de meurtre. En arrière-plan, un janvier froid, des paysages blanchis où éclate encore plus la solitude.
Comme les personnages sont des taiseux, l'intrigue l'est aussi, et avec une grande justesse. Quelques éléments, des indices, des éclats de lumière et d'informations, comme autant de coups de fusil, troublent le silence cévenol. Des morceaux de concret qui semblent parfois à la limite du surréalisme : des témoins de Jéhovah, qui sillonnent la région, on ne sait trop pourquoi, espèces de corbeaux noirs annonçant un malheur à venir. On croise un voisin qui sympathise plus qu'à l'accoutumée, un riche propriétaire qui entend agrandir sa surface agricole, un banquier trop affable, un maire débordé, des gens qui se saoulent parce qu'après tout que faire d'autre ?, un chien que l'on essaie de tuer. Au centre de cette histoire, Gus sait bien que son univers s'achève, que ce monde millénaire s'est effrité et qu'il disparaît sous les coups de butoir de la modernité. Il sait aussi qu'il ne faudrait pas idéaliser ce passé (d'ailleurs les rares retours en arrière sur sa vie d'avant ne sont pas des moments de grande délicatesse), que toute armature est aussi un carcan. Il continue opiniâtre à reconstruire ses clôtures, à effectuer toujours les mêmes gestes, sous le regard de son seul ami, sans doute, qui tourne autour de lui en aboyant.
Avec tendresse et intelligence, Franck Bouysse reste là à l'observer, à disséquer ses gestes, à tenter de rendre ses pensées, à restituer l'univers d'un des derniers "indigènes", pris dans une situation de roman noir qui le dépasse et dont il ne comprend pas tout. Il poursuit, de son écriture qui sait aller du détail le plus infime à l'universel, sa description des "gens de peu" pour devenir un de ses écrivains discrets dont les amateurs se transmettent le nom, et dont les ouvrages embellissent la bibliothèque dans laquelle ils se trouvent.
On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°55
Récompenses :
Prix Polar Michel Lebrun 2015
Nominations :
Prix des lecteurs de Villeneuve lez Avignon 2015
Trophée 813 du roman francophone 2015
Citation
Il ne craindrait plus l'obscurité, le froid, la solitude, parce qu'il était lui-même devenu la nuit, le silence, la somme de tous les jours passé, et que le futur n'existerait plus jamais.