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L'Ombre de Gray Mountain
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Dominique Defert
Paris : Jean-Claude Lattès, mars 2015
476 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7096-4658-1
Actualités
- 28/04 Prix littéraire: Palmarès 2015 des Explorateurs du polar
Les absents ont toujours tort. Cette affirmation est fortuite mais absolument pas gratuite à l'heure d'écrire cette dépêche sur un phénomène actuel qui débouche sur des énormités. Que chacun y aille de sa sélection des meilleurs ouvrages lus passe encore. Mais que ceux qui veulent mettre en avant des ouvrages pour leurs qualités (d'intrigue et/ou littéraire) songent à ce que eux-mêmes écrivent. Ce mardi a ainsi été dévoilée sur le site Lecteurs.com une liste qui présente "parmi les meilleurs polars du moment, celui à ne manquer sous aucun prétexte". C'est écrit en gras dès la deuxième ligne. Seulement voilà plus bas on découvre les maisons d'édition partenaires. Et là le bat blesse quand il ne tue pas. Parce que tout benoitement il n'y a pas - et ça saute aux yeux - les éditions Rivages. J'entends déjà les grognons et les grincheux pour vitupérer comme quoi il n'y a pas que Rivages dans la vie du polar. C'est vrai. C'est entièrement vrai. Seulement, c'est un acteur incontournable de l'édition policière si ce n'est le premier. Donc un palmarès sans prendre en compte les parutions de chez Rivages c'est absurde. Et Rivages n'est absolument pas le seul absent du lot. Des taquins auraient pu noter l'absence des éditions Mirobole. D'autres mentionner Actes Sud, Calmann-Lévy, Le Cherche midi, Jacqueline Chambon, Belfond, XO, Critic, Michel Lafon, Robert Laffont, Stock ou Denoël (autant d'éditeurs absents de ces éditeurs partenaires, ouch, là aussi il y aurait des questions à se poser). Nous nous contenterons de souligner malicieusement* l'absence d'Albin Michel. Bref, tout ça pour que vingt-huit enquêteurs littéraires tendance Madame Michu accouchent d'un palmarès étrange, hétéroclite et hétérogène (avec son lot de consolation histoire que la quasi totalité des ouvrages soient cités à part ceux de chez Gallmeister et du Seuil qui à notre sens étaient parmi les meilleurs ouvrages de cette liste de vingt-cinq titres). Le truc se rattrape aux branches puisqu'il a été fait à l'occasion de Quais du polar. L'absolution n'a pas de prix mais un palmarès.
Palmarès des explorateurs du polar 2015 :
1. Révélée, de Renee Knight (Fleuve, "Fleuve noir") ;
2. Nid de vipères, de Edyr Augusto (Asphalte), Viscères, de Mo Hayder (Presses de la Cité, "Sang d'encre") & Le Dernier pape, de Luis Miguel Rocha (L'Aube) ;
6. Leçons d'un tueur, de Saul Black (Presses de la Cité, "Sang d'encre"), La Mer d'innocence, de Kishwar Desaï (L'Aube, "Polar"), Deux gouttes d'eau, de Jacques Expert (Sonatine), Terrible jeudi : le jour de l'innocence perdue, de Nicci French (Fleuve, "Fleuve noir"), La Ville des morts, de Sara Gran (Le Masque, "Grand format"), L'Ombre de Gray Mountain, de John Grisham (Jean-Claude Lattès) & Bioy, de Diego Trelles Paz (Buchet Chastel).
* Sont cités dans le corps de l'article Ian Manook et Maxime Chattam, deux auteurs de chez Albin Michel, qui sont mis en avant comme "des grands auteurs du polar et du thriller"...
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Retour à la terre
Nous sommes en 2008 à New York, et la crise frappe avec la puissance d'un avion jeté sur une tour... L'avocate Samantha Kofer, employée par un cabinet de Wall Street, croyait sa carrière toute tracée, lorsqu'elle se retrouve soudainement au chômage. Sa seule chance est de laisser passer l'orage en travaillant dans un centre d'aide juridique pendant un an, après quoi elle pourra retrouver son poste, et plus si entente. La voilà débarquant à Brady, Virginie, pour découvrir les mille et uns ennuis de la Plouquie des vrais gens — et notamment les mineurs empoisonnés sciemment par les compagnies charbonnières. Gare à qui prend la défense du pot de terre contre le pot de fer...
Il y a décidément une alchimie typique de John Grisham, qui fait que l'auteur est capable de nous passionner avec des histoires minimalistes, comme dans son précédent, le très honorable L'Allée du sycomore. Pourquoi ? Tout simplement parce que ses personnages donnent toujours l'impression d'être des vrais gens, pas de simples caractères de papier, dont on suit l'itinéraire avec intérêt, même dans les petits détails de leur vie quotidienne. Cette histoire d'une avocate volontaire sortie tout droit d'un épisode de Friends mise au contact avec les "vrais gens" aurait pu virer à la caricature de mille façons, mais l'auteur garde son cap et la crédibilité du postulat, remisant misérabilisme comme gaudriole, leur préférant l'humanisme qui imprègne son œuvre. En cela, sa dénonciation très Erin Brockovich des compagnies minières s'arrête juste au moment de sombrer dans le didactisme lourdingue. On peut regretter une conclusion un rien cousue de fil blanc, loin de celle, éblouissante, du roman précédent de l'auteur, et il est sûr qu'on est loin de la grande époque de La Firme ou Le Client, mais ce diable d'homme a encore réussi à captiver sur près de cinq cents pages avec des petits riens du quotidien et des vrais gens. Un alchimiste, on vous dit.
Citation
Dès qu'une compagnie minière a le feu vert, c'est de la folie. Elle ne pense qu'au charbon, rien d'autre ne compte. Ils détruisent tout sur leur passage : les forêts, le bois, la faune, la flore. Et ils éliminent quiconque se met en travers de leur chemin — les propriétaires, les habitants, les inspecteurs du travail, les politiciens et surtout, bien sûr, les contestataires et les écologistes. C'est une véritable guerre et on ne peut pas être neutre.