Contenu
Grand format
Réédition
Tout public
Paris : Ina, septembre 2015
Zone 2 ; noir & blanc ; 19 x 14 cm
Coll. "Les Inédits du polar"
Si Maigret m'était filmé
Louis Arbessier a incarné Louis XIII à trois reprises dans Les Trois mousquetaires d'André Hunebelle, Si Versailles m'était conté... puis Si Paris nous était conté de Sacha Guitry. Ajoutons qu'il a également campé dans le Michel Strogoff de Carmine Gallone le tsar Alexandre II. Pourtant, cet acteur adepte de seconds rôles à la télévision et de premiers au théâtre est surtout connu pour avoir été le premier à interpréter le rôle du commissaire Jules Maigret pour la télévision dans une adaptation réalisée par Jean-Marie Coldefy de Liberty Bar, ce roman écrit par Georges Simenon en 1932 et qui aura attendu vingt-huit ans pour passer sur le petit écran. Les éditions Ina dans leur collection "Les Inédits du polar" proposent en kinéscope ce téléfilm sobre et fidèle en noir et blanc qui nous offre une enquête bien ficelée en 96 minutes loin du sordide parisien en plein Antibes.
Là, au pied de sa somptueuse villa, a été retrouvé poignardé à mort dans sa voiture William Brown, un richissime et désœuvré Australien qui vivait une vie dissolue et enquillait régulièrement les beuveries. Maigret, de la Police Judiciaire de Paris, est envoyé sur place. Pourquoi ? On ne le saura pas vraiment. Toujours est-il qu'il enquête et que ses pas l'emmènent dans les bars de la ville sous la chaleur estivale à la recherche d'un piano mécanique. Il faut dire que le mort gardait de vieilles pièces de monnaie qui n'avait plus cours dans une poche de sa veste, et que ça l'a intrigué notre commissaire. Il finira par arriver au Liberty Bar, tenu par la Grosse Jaja, une michetonne à l'ancienne qui héberge Sylvie, une prostituée elle aussi à l'ancienne avec son fiancé et souteneur Joseph.
Comme souvent dans les romans de sa série consacrés au commissaire, Georges Simenon est un observateur de la vie et du crime. Là, Maigret attend patiemment des révélations de la Grosse Jaja. Il va ainsi à l'encontre d'un juge d'instruction et du policier local qui eux sont promptes à bâcler l'enquête et à incarcérer deux femmes aux allures coupables.
Le téléfilm est désuet, servi par des acteurs qui nous ramènent parfois au théâtre de boulevard avec des gros plans sur ceux qui prennent la parole avant de sortir d'une pièce et d'attendre un nouveau décor. Hormis quelques séquences en extérieur, l'action se déroule en trois-quatre lieux avec efficacité. Les personnages secondaires sont à la limite de la caricature mais aux allures charmantes. Le jeu de Louis Arbessier est sobre, et avec le recul que nous avons sur les différents Maigret à l'écran, on a au début du mal à imaginer cet acteur bonhomme et faussement bougon dans l'habit de Jules Maigret. Pourtant, il endosse petit à petit le costume pour se l'approprier, et joue parfaitement l'enquêteur qui s'identifie à la victime (comme dans le roman). Pour lui rendre la réplique, Mathilde Casadesus est brillante sous les traits de la Grosse Jaja, mais le final manque de rythme et son long monologue pendant lequel elle semble agoniser dans son lit avant de se confesser traîne véritablement en longueur.
Il n'en demeure pas moins que ce téléfilm plante terriblement bien l'atmosphère des enquêtes de Maigret et que pour l'époque, le refus d'arrêter un coupable qui n'en a que pour quelques mois à vivre apparait comme transgressif. Plus tard, Jean-Marie Coldefy réalisera d'autres épisodes des aventures du commissaire Maigret. Avec Jean Richard, cette fois...
Liberty Bar (96 min.) : réalisé par Jean-Marie Coldefy sur un scénario de . Avec : Louis Arbessier, Gaëtan Jor, Van Doude, Claude Cernay, Michel Dacquin, Yves Barsacq, Mathilde Casadesus, Marie-Blanche Vergne, Margo Lion, Lysiane Rey...
Citation
Je ne comprends vraiment pas qu'ils vous aient dérangé de Paris pour une histoire aussi simple. Enfin, ça me vaut le plaisir de faire votre connaissance, pas vrai ?