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Mort sur le lac
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Anaïs Bokobza
Paris : Calmann-Lévy, octobre 2015
284 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-5724-4
Visitez une autre Italie
Nous sommes à proximité du Lac de Côme. On se dit qu'un lac c'est une bonne idée pour se débarrasser d'un cadavre. Pourtant, le coupable de cette histoire a choisi une autre solution. Côme est près de la frontière suisse et dans une zone montagneuse. Une tradition locale veut que dans les alpages, on dispose de sortes de caves enterrées qui permettent de conserver durant l'hiver le lait avant de le redescendre dans la plaine. Depuis la Seconde Guerre mondiale, ces caves se sont fondues dans le paysage et il faut la construction d'une nouvelle route pour en redécouvrir une. Seul problème pour la police : à l'intérieur, on retrouve le squelette d'un homme tué là durant le dernier conflit. Ce mort va obnubiler la commissaire Valenti, d'autant plus que cette cave se trouve sur des terres appartenant à une puissante famille locale qui va mettre quelques bâtons dans les roues de l'enquête. Prise entre ses soucis personnels - elle est divorcée et la garde de sa fille ne va pas sans souci avec son métier - les pressions de sa hiérarchie qui aimerait que cette affaire soit enterrée plus profondément que le cadavre découvert, et une enquête qui doit jongler avec de nombreux non-dits d'une famille et des silences qui remontent à la fin de la guerre.
C'est l'occasion de présenter une période sombre de l'Italie, celle des fascistes en perte de vitesse, de l'arrivée des Américains et de la politique de la terre brûlée des Allemands qui se retirent avec. Comme souvent, une période trouble entraîne des personnages troubles, et si la guerre provoque des malheurs, elle crée aussi des enrichissements, comme par exemple, pour ces gens habitant autour du lac de Côme et qui peuvent facilement faire passer des gens en Suisse. Mais quand on s'aperçoit que le mort est un soldat allemand et qu'il a été abattu, alors la donne change radicalement.
La commissaire Valenti est une policière qui prend son temps et qui ne rend pas beaucoup compte à ses supérieurs. Elle passe des heures dans les bibliothèques et les archives, fouille avec obstination afin de savoir qui peut être ce mort et pourquoi il est là. Un lecteur perspicace a compris depuis longtemps le cadre général, et lorsque vient l'explication finale, il trouve la confirmation de ce qui courait dans le roman. Cette explication rappelle d'ailleurs les écrits de l'un des grands maîtres du roman policier italien, Giorgio Scerbanenco, qui écrivait à la fois des polars et parfois des romans plus sentimentaux. Ce côté sentimental est aussi au centre de cette intrigue un peu languissante, qui mélange une histoire individuelle et la grande histoire, vue des années plus tard à travers une enquête qui, elle aussi prend son temps. Le tout sous la plume langoureuse d'un couple méconnu italien, Amneris Magella et Giovanni Cocco. Deux auteurs dont on attendra la confirmation !
Citation
Après une énième dispute avec le conducteur d'une BMW immatriculée en Suisse, classique frontalier venu faire ses courses en Italie pour profiter du change favorable, corollaire inverse de tous les Italiens allant travailler en Suisse, elle déboucha sur le boulevard Innocenzo, ignorant le parking de la préfecture et abandonnant sa voiture en plein milieu de la cour.