La Bête est revenue : été de plomb en Auvergne

Car le crime, la violence le fascinent également. Si en tant que flic, et fonctionnaire épris de justice, les meurtriers de femmes son seul désir est de leur démonter en personne le portrait à coup de marteau, Sadorski aimerait également assister aux meurtres.
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jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Policier

La Bête est revenue : été de plomb en Auvergne

Politique - Religieux - Assassinat - Rural MAJ mardi 06 octobre 2015

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 10,9 €

Jérôme Maufras
Gudensberg-Gleichen : Wartberg, mai 2015
202 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-3-8313-2830-7
Coll. "Zones noires"

Actualités

  • 08/05 Édition: Parutions de la semaine - 8 mai
    Hormis l'enquête littéraire sur le bassin d'Arcachon proposée par François Darnaudet et le roman d'espionnage contemporain que nous offre Patrick de Friberg, la semaine est à la fois pauvre en parutions grand format et poche. Une semaine qui suit l'actualité puisque de grands noms de résistants français servent de sujets à de nombreux essais. Les super-héros quant à eux phagocytent les publications de bande dessinée et, s'il faut chercher et non combattre le crime alors la catalogue de l'exposition Cinéma, premiers crimes est là pour vous !
    Mais, comme d'habitude, faites votre choix...

    Fictions adulte grand format :
    Maman a tort, de Michel Bussi (Presses de la Cité, "Romans")
    Dis bonjour à la mer, de Chelsea Cunningham (Trabucaire, "Seria Negra")
    Autopsie d'un bouquiniste : menace sur Arcachon, de François Darnaudet (Wartberg, "Zones noires")
    Signé, Vulcain, de Catherine Denninger (Coëtquen)
    Le Démon de l'île solitaire, d'Edogawa Ranpo (Wombat, "Iwazaru")
    Toxique, de Gwenaël Edson (Le Ster)
    Black-out : demain il sera trop tard, de Marc Elsberg (Piranha)
    La Cour des secrets, de Tana French (Calmann-Lévy)
    Le Dossier Rodina : une enquête de François Carignac, de Patrick de Friberg (Nouveau monde, "Roman d'espionnage")
    La Fille du train, de Paula Hawkins (Sonatine)
    Liaisons mortelles : meurtre à la fac de Perpignan, de Daniel Hernandez (Wartberg, "Zones noires")
    La Première blessure, de Ali Knight (Jean-Claude Lattès, "La Petite collection Lattès")
    Piste noire, d'Antonio Manzini (Denoël, "Sueurs froides")
    Dans l'ombre du saint suaire : une enquête du commissaire Jean Levigan, de Carine Marret (Cerf, "Cerfiction")
    La Bête est revenue : été de plomb en Aubergne, de Jérôme Maufras (Wartberg, "Zones noires")
    Frank Sinatra dans un mixeur, de Matthew McBride (Gallmeister, "Neonoir")
    Mortelles ressemblances : les apparences sont parfois trompeuses, de Dorothey Moine (Petits Pois plumes)
    Sacré bleu, de Christopher Moore (Les Équateurs, "Romans")
    À en crever : zone d'ombre sur Grenoble, de Sylvain Pettinotti (Wartberg, "Zones noires")
    Le Collectionneur, de Nora Roberts (Michel Lafon)
    Dog brother, de Jean Roncenelle (Un autre reg'art)
    Pitié pour leurs âmes, de John Searles (Jean-Claude Lattès)
    Retour de flamme à l'américaine, de Gérard Streiff (Le Jasmin, "Jasmin noir")
    Seul l'assassin est innocent, de Júlia Székely (Phébus, "Littérature étrangère")
    Justicier : silences bas-alpins, de Manon Torielli (Wartberg, "Zones noires")
    D'un mauvais œil, de Jessica Treadway (Préludes)
    Meurtres à la pause-déjeuner, de Viola Veloce (Liana Levi, "Littérature étrangère")
    My funny Valentine, de Pierre-Yves Wurth (Ex æquo, "Rouge")
    Comme une ombre dans la ville, de Nicolas Zeimet (Le Toucan, "Toucan noir. Suspense")

    Fictions adulte poche :
    Sans pitié, de Maya Banks (Milady, "Suspense. Milady Romance")
    Les Dormeurs du Val de Rance : les enquêtes d'Exenn Jospinet, de Chris Bourgault (Astoure, "Breizh noir")
    Sans raion..., de Mehdy Brunet (Taurnada, "Le Tourbillon des mots")
    N'oublier jamais, de Michel Bussi (Pocket, "Best")
    À l'abri du sirocco, de Domenico Campana (Lian Levi, "Piccolo")
    L'Avocat, le nain et la princesse, de Paul Colize (Pocket, "Best")
    Nano, de Robin Cook (Le Livre de poche, "Thriller")
    La Mer silencieuse, de Clive Cussler & Jack B. du Brul (Le Livre de poche, "Thriller")
    Abomination, de Jonathan Holt (10-18, "Domaine policier. La Trilogie Carnivia")
    La Porte du Messie, de Philip Le Roy (Pocket, "Best")
    Meurtres en Alaska. 2, À l'état brut, de Kat Martin (Milady, "Suspense. Milady Romance")
    Venise.net, de Thierry Maugenest (Liana Levi, "Piccolo")
    Le Diable chuchotait, de Miyuki Miyabe (Philippe Picquier, "Picquier poche. L'Asie en noir")
    Les Assassin du 6 juin  Érquy soit qui manigance, de Éric Rondel (Astoure, "Breizh noir. Les Aventures de Victor Tarin")
    Dors bien cette nuit, de Karen Rose (Mosaïc, "Mosaïc poche")
    L'Esprit de la renarde, de Tran-Nhut (Philippe Picquier, "Picquier poche. L'Asie en noir. Une enquête du mandarin Tân")
    Le Seceau du diable, de Peter Tremayne (10-18, "Grands détectives")
    Saint-Malo, voie sans issue, de Roger-Guy Ulrich (Astoure, "Breizh noir")
    Seuls les vautours, de Nicolas Zeimet (10-18, "Domaine policier")

    Bandes dessinées :
    Bienvenue chez les X-Men !, de Jason Aaron, Chris Bachalo & Nick Bradshaw (Panini comics, "Marvel Deluxe. Wolverine and the X-Men")
    Batman : la résurrection de Ra's al Ghul (Urban comics, "DC classiques")
    Batman beyond. 1, Le Retour de Silence, de Adam Beechen & Ryan Benjamin (Urban comics)
    Ultimate Spider-Man. 9, La Saga du clone, de Brian Michael Bendis, Mark Bagley & Stuart Immonen (Panini comics, "Marvel Deluxe")
    Flash. 2, La Révolte des lascars, de Brian Buccellato & Francis Manapul (Urban comics, "DC renaissance")
    X-Men : l'intégrale. 28, 1991 : 1re partie, de Christopher Claremont, Louise Simonson & Fabian Nicieza (Panini comics, "Marvel. Marvel Classic")
    Sherlock Holmes society. 1, L'Affaire Keelodge, de Sylvain Cordurié & Bervas (Soleil, "1800")
    Sherlock Holmes & le Necronomicon, de Sylvain Cordurié & Laci (Soleil)
    Les Quatre de Baker Street. 6, L'Homme du Yard, de Jean- Blaise Djian, Olivier Legrand & David Étien (Vents d'ouest)
    Golam. 1, Le Fils de la lune, de Sylvain Dos Santos, Josselin Azorin-Lara & Nicolas Sauge (Le Lombard)
    L'Onde Septimus, de Jean Dufaux, Antoine Aubin & Étienne Schréder (Blake et Mortimer, "Les Aventures de Blake et Mortimer : d'après les personnages d'Edgar P. Jacobs")
    Les Enfants de la Résistence. 1, Premières actions, de Dugomier & Benoît Ers (Le Lombard)
    Ultimate Fantastic Four. 2, Fatalis, de Warren Ellis, Stuart Immonen & Adam Kubert (Panini comics, "Marvel. Marvel Deluxe")
    Crossed : terres maudites. 4, de Christos N. Gage & David Lapham (Panini comics, "100 % Fusion comics")
    Uber. 1, Nouveaux fronts, de Kieron Gillen & Caanan White (Panini comics, "Best of Fusion comics")
    Spider-Man, de Todd McFarlane, Fabian Nicieza & Rob Liefeld (Panini comics, "Marvel icons")
    Castagnes, de Isao Moutte (The Hoochie coochie)
    L'Île des Justes : Corse, été 42, de Stéphane Piatzszek & Espé (Glénat, "Grafica")
    Marion Duval : intégrale. 5, de Yvan Pommaux & Philippe Masson (BD Kids)
    Les Mystères de la cinquième République. 3, Les Larmes d'Alger, de Philippe Richelle & François Ravard (Glénat, "Grafica")
    special Branch. 5, Paris la noire, de Roger Seiter & Hamo (Glénat, "Grafica")
    Dent d'ours. 3, Werner, de Yann & Alain Henriet (Dupuis)

    Mangas :
    Détective Conan. 79, de Gosho Aoyama (Kana, "Shonen Kana")
    Darker than black. 2, de Yûji Iwahara (Ki-oon, "Seinen")
    Zipang. 43, de Kaiji Kawaguchi (Kana, "Big Kana")
    Innocent. 2, de Shin'ichi Sakamoto (Delcourt, "Seinen")

    Littérature de jeunesse (documentaires) :
    Jean-René, fusillé le 11 août 1942, de Nicolas Bonnefoix (L'Atelier)

    Littérature de jeunesse (éveil) :
    Spider-Man : un reporter très spécial (PI Kids, "Les Mini musi-livres")

    Fictions jeunesse :
    Là où se cache le diable, de Benjamin Guérif (Syros, "Rat noir")
    Marabouts et bouts de mystère, de Sophie Laroche (Auzou, "Romans. Pas de géant. Les Enquêtes d'Anatole Bristol")
    Watch dogs : dark clouds, de John Shirley (Lumen)

    Cinéma, télévision & radio :
    Cinéma, premiers crimes, Exposition. Paris, Galerie des bibliothèques (Paris bibliothèques)

    Photographie :
    Oradour-sur-Glane : samedi 10 juin 1944, de Bruno Calvo (Élytel)

    Essais littéraires :
    Un crime parfait, de Patricia Farazi (Éclat, "Éclats")
    N'appartenir, de Karim Miské (Viviane Hamy)

    Biographies & généalogie :
    HK : récit, de Chochana Boukhobza (Les Arènes)
    Drôles d'histoires de la drôle de guerre, de Léon-Antoine Dupré (Michel Lafon)
    Ma résistance dans la compagnie Stéphane : une jeunesse dans la tourmente, de Jacques Maréchaux (PUG, "Résistances")

    Histoire de France :
    Il s'appelait Pierre Brossolette, de Gilberte Brossolette (L'Archipel)
    Je suis... Jean Zay, de Lucien Chich (J. André, "Je suis...")
    Les Fusillés : 1940-1944 : dictionnaire biographique, collectif (L'Atelier, "Collection Jean Maitron)
    De Gaulle. 1, de Max Gallo (Pocket)
    De Gaulle. 2, de Max Gallo (Pocket)
    De Gaulle : la passion de la France, de Chantal Morelle & Maurice Vaïsse (Armand Colin, "Nouvelles biographies historiques")
    Lorient, Saint-Nazaire : les poches du front oublié : 1944- 1945, d'Éric Rondel (Astoure, "WWII")
    Petit dictionnaire amoureux de De Gaulle, de Michel Tauriac (Pocket, "Petit dictionnaire amoureux")

    Histoire de l'Europe :
    Dönitz : le dernier Führer, de François-Emmanuel Brézet (Perrin, "Tempus")
    Témoins : essai d'analyse et de critique des souvenirs de combattants édités en français de 1915 à 1928, de Jean Norton Cru (Eurédit)
    Histoire du débarquement : janvier-juillet 1944, de Carlo d'Este (Perrin, "Tempus")
    Écrits de guerre et de captivité (1939-1945). 1, La Guerre, de Jean- Pierre Duhard (L'Harmattan)
    Écrits de guerre et de captivité (1939-1945). 2, Les Prisonniers, de Jean-Pierre Duhard (L'Harmattan)
    Ma guerre d'Espagne à moi : une femme à la tête d'une colonne au combat, de Mika Etchebéhère (Libertalia)
    Naître et survivre : les bébés de Mauthausen, de Wendy Holden (Presses de la Cité, "Documents")
    Le Poilu français, de Ian Summer (Hauteville)
    L'URSS contre ses traîtres : l'épuration soviétique (1941-1955), de Jacqueline Covo-Maurice (Armand Colin, "Langues")

    Histoire des autres continents :
    Le Japon de Hiroshima : l'abîme et la résilience, de Barthélémy Courmont (Vendémiaire, "Chroniques")
    Bretons... C'était leur guerre d'Algérie, de Cyrille Maguer (L'ivÉditions, "Beaux livres")
    Un marin breton en Indochine, de Claude Trividic (Emgleo Breiz, "Souvenir")

    Régionalisme :
    Aux 44 soldats "oubliés" morts pour la France en 1914-1918 dans la commune de Campénéac, Morbihan : guerre de 1914-1918 contre l'Allemagne, Association Aux gâs de Campenia (Éditions généalogiques de la Voûte)

    Science militaire :
    Les Panzer au combat : 1939- 1945, de Yves Buffetaut (Ysec)

    Criminologie & prisons :
    Trafiquants d'hommes : l'agence de voyages la plus impitoyable du monde, d'Andrea Di Nicola & Giampaolo Musumeci (Liana Lévi, "Essais")
    Le Nazi et le psychiatre : un face-à-face entre un grand criminel nazi et un jeune psychiatre, de Jack El-Hai (Pocket)
    Malerva : vengeance et rédemption d'un criminel, de Giuseppe Grassonelli (Jean-Claude Lattès)
    Mis & Thiennot : l'agitation face aux faits..., de Gilbert Moreux (A à Z Patrimoine)
    Liens : Autopsie d'un bouquiniste : menace sur Arcachon |La Fille du train |N'oublier jamais |Nano |La Porte du messie |Le Diable chuchotait |Seuls les vautours |Piste noire |Liaisons mortelles : meurtre à la fac de Perpignan |Justicier (silences bas-alpins) |Meurtres à la pause-déjeuner |Le Dossier Rodina |La Cour des secrets |À en crever |Michel Bussi |François Darnaudet |Tana French |Patrick de Friberg |Carine Marret |Gérard Streiff |Manon Torielli-Sarmejane |Paul Colize |Clive Cussler |Philip Le Roy |Miyuki Miyabe |Than-Van Tran-Nhut |Peter Tremayne |Sylvain Cordurié |David Lapham |Warren Ellis |Stéphane Piatzszek |Yvan Pommaux |François Ravard |Alain Henriet |Benjamin Guérif |Karim Miské

Don Camillo contre la bête du Gévaudan

Gabriel Garelli arrive à Mauriac pour y endosser le costume de... prêtre. Évidemment, aujourd'hui, ce genre d'entrée en matière annoncerait presque une incursion dans la SF. Un prêtre ! Mais pour quoi faire ? Eh ben, mais pour dire la messe ! C'est ça, fais-moi rire ! Effectivement. Seulement, il faut vous dire que l'action du roman se situe en 1983. Alors il y a encore du monde qui va dans les églises autrement que pour les... enterrements. Et il faut donc un prêtre. D'où l'arrivée de Gabriel Garelli. Plutôt bel homme, robuste, fonceur, Monsieur le Curé ne l'est devenu qu'après ses vingt ans. En d'autres termes (un peu plus crus), comprenez qu'il a forniqué avec des demoiselles avant de revêtir la soutane. Si je me permets cette petite précision ce n'est pas pour sous-entendre quelques écarts à la Ralph de Bricassart des Oiseaux se cachent pour mourir (mais que devient Richard Chamberlain ? Excusez-moi, j'ai vu ça sur Google et ça m'a beaucoup fait rire), mais pour vous dire que l'abbé Garelli connaît quand même plus la vie que ses confrères nourris au séminaire et que, sans être un curé révolutionnaire, il n'est ni poussiéreux, ni nostalgique de la magnificence cléricale du Moyen Âge. Mais le nœud de l'intrigue n'est pas là. C'est l'été, il fait un soleil de plomb (sensation de chaleur pesante dans un village parfaitement bien rendue et qui fait penser à L'Été meurtrier, roman de Sébastien Japrisot et film de Jean Becker) et la population de Mauriac est très très très tendue. Car cette année, en plus d'accueillir les habituels touristes attirés par les beautés du Cantal, il faut également faire face à l'arrivée de touristes attirés par l'odeur alléchée du sang et du mystère, et au débarquement des journalistes attirés, eux, par le doux parfum du sensationnel ou "Comment passer de la rubrique faits divers à la Une". En effet, deux jeunes femmes blondes ont été agressées. L'œuvre d'un pervers ? Il n'y a pas eu viol. D'un assassin ? Il n'y a pas eu meurtre. Alors l'œuvre de qui ? Les deux victimes parlent d'une créature mi-humaine, mi-animale. Ces aveux, qui dans d'autres circonstances auraient pu leur valoir une cure dans une maison de repos ou carrément un stage en camisole de force, résonnent douloureusement dans les rues de Mauriac. Car exactement vingt ans plus tôt, durant l'été 1963, une série d'agressions sexuelles et meurtrières a troublé la saison estivale. Une mystérieuse bête fut alors désignée comme étant la coupable et, suite à une battue, fut abattue (assonance en "u"). Les habitants parlent du retour de la bête. Garelli, lui, cette bande-annonce pour les adorateurs de Contes et légendes en pays auvergnat, ça ne le convainc pas plus que ça. Il y a forcément autre chose, un truc plus rationnel (oui, c'est un prêtre qui parle). C'est à ce moment-là que le maire (il ne s'appelle pas Peppone mais Bergougnoux) vient se confesser sans cacher son identité au curé et annonce : "La bête c'est moi !" L'abbé Garelli, ne pouvant pas trahir le secret de la confession, se retrouve alors obligé d'enquêter et de trouver des preuves pour confondre le maire en public. Et il doit faire vite. Pour sa conscience, mais aussi pour éviter à une autre jeune femme blonde de devenir la prochaine victime...
L'intrigue de La Bête est revenue ne m'a pas emballé plus que ça. Bien qu'original, ce n'est pas novateur (remember La Loi du silence d'Alfred Hitchcock) et le rythme du récit n'est pas haletant. On ne sent pas l'urgence (alors que c'est une sorte de course contre la montre). Le personnage principal est bien confronté à quelques misères mais on ne le croit pas réellement en danger. On ne frémit pas plus que ça. L'action se déroule tranquillement et ça se lit de la même façon. En fait, c'est trop bien écrit et trop bien maîtrisé. Il n'y a pas de surprise, même les coups de théâtre (car évidemment il y en a) retentissent au bon moment ! Quand on a l'habitude de ce genre de littérature, c'est sans surprise. Ça peut ne pas être un problème, mais dans ce cas il faut que le style soit plus fougueux et surtout plus fou. Là, ça fait copie de premier de la classe. C'est trop sage à mon goût. Il y a, en revanche, deux points forts dans ce roman de Jérôme Maufras dont le premier est le personnage du prêtre. Le lecteur suit le curé de bout en bout. Pas seulement ses actions, mais aussi son ressenti (assonance en "i") et ses sentiments. Nous ne sommes pas face à l'homme d'Église qui ne peut être ébranlé parce qu'il a prêté serment. Non, nous sommes face à un être humain qui a des travers, des bassesses et des pulsions. Garelli, même si je le répète il n'est pas question ici d'un prêtre volage, n'est pas insensible au charme féminin. Il n'apparaît pas comme un surhomme pour qui l'amour de Dieu est la réponse à tout et surtout l'antidote miracle pour ne pas être troublé par une paire de nichons magnifiquement fermes. De même qu'il peut céder à la colère, à la nostalgie, au désarroi ou à la haine, qui sont, paraît-il, des émotions qu'un serviteur du Seigneur peut éviter en touchant simplement sa Bible ou en reluquant un crucifix ! Il n'y a pas de formule magique pour échapper au misérable état du commun des mortels et c'est très agréable. Autre grande réussite : le rendu de l'atmosphère d'un petit village de province avec ses secrets, ses non-dits, ses jalousies, ses croyances, ses cancans, ses souvenirs plus ou moins flous, ses m'as-tu-vu, ses méfiances, ses commerçants, ses cafetiers, ses apéros, ses jeunes cons, sa vielle folle et surtout ses enjeux politiques. Car on a tort de croire qu'une population qui ne se comptabilise pas avec six chiffres ne suscite pas d'intérêt pour ceux qui ambitionnent le pouvoir, même si ce n'est qu'un pouvoir local... Car pour le pouvoir local, certains sont prêts à tout !

Citation

Les agressions qui venaient de se produire étaient pour le maire une fort mauvaise nouvelle. Elles finiraient par donner l'envie aux gendarmes de rouvrir le dossier de l'année 1963. Et ça, Bergougnoux ne pouvait pas se le permettre. Il avait donc décider de mouiller Garelli.

Rédacteur: François Legay vendredi 18 décembre 2015
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