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Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'italien par Anaïs Bokobza
Paris : J'ai lu, février 2016
540 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-290-10659-4
Coll. "Thriller", 11365
Actualités
- 19/07 Prix littéraire: Finalistes 2015 des Balais d'or
Le Concierge masqué sur son blog a dévoilé ses finalistes des Balais d'or. Cette année, ils sont déclinés en deux catégories : le Prix Balai d'or, qui récompense un roman de genre policier d'un auteur plus ou moins confirmé et qui a accepté de répondre aux questions du compère de service (l'équivalent masculin de la commère) ; le Prix Balai d'or de la découverte, qui récompense tout pareillement un roman de genre policier d'un auteur novice ayant subi les mêmes sévices. Les sélections de douze ouvrages ont été établies à l'issue d'un premier tour contrôlé par Geneviève Van Landuy et Richard Contin, et mêlent romans étrangers et francophones sans aucune distinction. Les jurés ont rendez-vous le 26 septembre 2015 à partir de 19 heures à l'Auberge Notre-Dame de Paris pour un ultime vote qui sera dévoilé le 28 novembre à la Bibliothèque Parmentier (Paris). A priori, les deux lauréats se verront remettre chacun une œuvre d'art. Dans le premier cas, c'est une certitude car il s'agit d'une toile du peintre havrais Dominique Lafosse. Il incombe d'ajouter que son nom sera gravé sur le Trophée en bronze déjà existant, et qu'il en recevra un en verre (un peu à l'instar du trophée de Roland Garros) ; dans le second, il n'est fait nulle mention d'une telle récompense hormis la photographie en vignette d'un trophée, ce qui laisse à penser que l'heureux élu ne sera pas oublié. Rendez-vous en novembre afin d'en savoir plus !
Finalistes 2015 du Prix du Balai d'or :
- Adieu demain, de Michaël Mention (Rivages, "Noir") ;
- Poubelle's Girls, de Jeanne Desaubry (Lajouanie) ;
- La Malédiction de Norfolk, de Karen Maitland (Sonatine) ;
- Reflex, de Maud Mayeras (Anne Carrière) ;
- Quand les anges tombent, de Jacqus-Olivier Bosco (Jigal, "Polar") ;
- N'éteins pas la lumière, de Bernard Minier (XO) ;
- Une terre d'ombre, de Ron Rash (Le Seuil, "Cadre vert") ;
- Les Neuf cercles, de Roger Jon Ellory (Sonatine) ;
- À mains nues, de Paola Barbato (Denoël, "Sueurs froides") ;
- Nos disparus, de Tim Gautreaux (Le Seuil, "Cadre vert") ;
- Après la guerre, de Hervé Le Corre (Rivages, "Thriller") ;
- La Porte du Messie, de Philip Le Roy (Le Cherche midi, "Thriller").
Finalistes 2015 du Prix du Balai d'or de la découverte :
- X, de Sébastien Teissier (Nouveau monde) ;
- Une terre pas si sainte, de Pierre Pouchairet (Jigal, "Polar") ;
- Hors la nuit, de Sylvain Kermici (Gallimard, "Série Noire")
- Les Écorchés vifs (Les Rédempteurs), d'Olivier Vanderbeq (Amalthée) ;
- Les Belges reconnaissants, de Martine Nougué (Le Caïman, "Polars") ;
- Les Roses volées, d'Alexandre Geoffroy (Ex Æquo, "Rouge") ;
- Le Bal des hommes, d'Arnaud Gonzague & Olivier Tosseri (Robert Laffont) ;
- Ravensbrück mon amour, de Stanislas Petrosky (Atelier Mosésu) ;
- Burn-Out, de Didier Fossey (Flamant noir) ;
- L'Heure du chacal, de Bernhard Jaumann (Le Masque, "Grand format") ;
- Beau temps pour les couleuvres, de Patrick Caujolle (Le Caïman, "Polars")
- Aux animaux la guerre, de Nicolas Mathieu (Actes Sud, "Actes noirs").
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Marx et Sade sur un ring
Le roman À mains nues de Paola Barbato narre la trajectoire surprenante de Davide, un homme de bonne famille. Enlevé au sortir d'une fête, il est jeté dans une camionnette et roué de coups. C'est une bataille à mort avec un inconnu qui s'engage dont il sort vainqueur, mais il découvre qu'il est à présent aux mains d'une organisation qui va l'utiliser pour d'autres combats de gladiateurs des temps modernes. Entraîné comme un sportif dans une usine désaffectée, il va peu à peu, sous les directives de Minuto, un ancien tueur devenu entraîneur sportif d'un genre particulier, gravir les échelons de ce monde souterrain où les combats humains sont l'objet de paris et de spectacles. Il va même diversifier ses activités en aidant un homme riche à assouvir sa vengeance en liquidant sauvagement l'amant de sa femme, et en participant à la réalisation d'un snuff movie dans lequel on va lui offrir des jeunes filles kidnappées qu'il viole et tue.
Chez les philosophes comme Hegel ou Marx, il existe une dialectique du maître et de l'esclave. L'un ne peut exister sans l'autre et, l'un comme l'autre, sont dépendants de manière différente mais somme toute bien réelle. Dans À mains nues, il y a des relations de ce genre entre Davide et Minuto. Comme cela est évoqué dans les arts martiaux, entre autres, il faut attendre le moment où le disciple (il n'y a pas loin du disciple à l'esclave) surpassera le maître. Cette relation existe aussi entre la mafia qui utilise Davide et Minuto : ceux-ci risquent la mort s'ils désobéissent mais les truands ont besoin d'eux pour continuer à régner et à gagner de l'argent. Comme dans tout rapport humain, les rapports de force sont ambigus et complexes car l'esclave peut réclamer un peu plus lorsqu'il devient indispensable à son maître, tout comme la chanteuse préfabriquée peut s'émanciper de son imprésario. Et le maître peut s'enticher de son esclave. Le roman est empreint de dialectique car chaque victoire sur un adversaire est l'occasion aussi de devenir un gladiateur plus intéressant pour son clan et donc de réclamer des récompenses. Chaque victoire pourrait rapprocher de la liberté, d'une fuite possible, mais Davide a pris goût à détruire et à tuer. On offre même la liberté à Davide, mais il ne sait trop qu'en faire et il comprend vite qu'en fait Minuto a ouvert son esprit : Davide aime ce qu'il fait ! Tout va culminer dans une sorte de jeu de téléréalité. En effet, dans cette usine désaffectée, dix gladiateurs vont se retrouver enfermés, sous la surveillance de caméras. La porte ne s'ouvrira que pour l'un d'entre d'eux.
Le roman pourra paraître long car Paola Barbato prend son temps pour poser son personnage, les silhouettes des autres acteurs du texte, pour décrire la lente transformation d'un humain lambda en une brute épaisse et inhumaine, en la découverte de sa face cachée, pour montrer que la violence du monde ne fonctionne pas sans le plaisir sadique du Jeu des humains. Le style rend compte du temps qui passe, de la lenteur de la formation, n'explicite pas tout car évidemment Davide, prisonnier, ne sait pas grand-chose, ne comprend pas tout ce qui lui arrive. Mais, à l'image d'Usual suspects le roman se savoure dans ses dernières lignes, ses derniers mots.
Citation
Les coups se succédaient, parfois forts, parfois non. Il frappait là où il pouvait, dans le ventre, au thorax, sur les jambes, dérangé par les mouvements du camion.