Le Plasticien

Tout est parti en couilles en sept coups de fusil. Pas évident de rater sa cible dans l'espace d'un Cessna, même secoué par le vent. Pourtant Zambrano l'a fait. Il a armé son Ithaca, visé Keegan à la poitrine et pressé la détente. Les plombs ont mordu dans un bras, et aussi dans les pains de came extra-pure entassés au fond du petit avion de tourisme.
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Roman - Policier

Le Plasticien

Assassinat - Artistique MAJ mercredi 06 avril 2016

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Michel Dresch
Paris : Cohen & Cohen, mars 2016
220 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-36749-033-5
Coll. "ArtNoir"

Tête de l'art

Excellente surprise que ce roman sorti dans cette luxueuse collection "entièrement consacrée aux thrillers se déroulant dans le monde de l'art" et dont les auteurs ne sont pas des stars. Michel Dresch, "longtemps haut fonctionnaire" a publié plusieurs titres parus dans des petites maisons d'édition. Il s'attèle ici à une intrigue qui ne met pas, comme pivot, le nom d'un artiste connu comme c'est souvent le cas dans cette collection. Cela lui permet, de fait, plus de liberté dans l'écriture et la gestion de l'intrigue.
Le sobre titre vise le vocabulaire tordu des arcanes des beaux-arts. Il est en effet complètement dépassé de parler d'un sculpteur ou d'un peintre, catégories trop restrictives et académiques. Un artiste contemporain se doit désormais de toucher à tout. Et le plasticien sait jouer de l'éventail de techniques comme supports d'inspiration. Son travail combinera donc sculpture, peinture, dessin, photographie, installation, voire vidéo, land art ou n'importe quoi pour faire œuvre. Ainsi, Novacs, sculpteur star des ronds-points d'élus des nouveaux quartiers construits dans les années 1990, vient-il chaque mois, gratter avec l'ongle, les mousses qui s'incrustent sur le socle en basalte de son anneau d'acier de sept mètres de diamètre symbolisant la naissance de la planète Terre, commande de la Région Île-de-France, et sise au milieu d'un carrefour de Pontault-Combault (Seine-et-Marne). Has been désargenté, sous la pression de sa maîtresse Johanna et de son galeriste, il a abandonné la peinture et la sculpture monumentale pour se consacrer à de savantes installations, genre "cages à perroquet", qui commencent à se vendre très bien. Mais voilà que Kovacs est retrouvé mort dans son atelier d'artiste. Il a été empoisonné par une injection de strychnine...
D'emblée notre romancier s'avère un excellent gestionnaire d'espace, de temps et de style. Très peu de personnages, pas d'introspection savante, des dialogues qui fonctionnent, des chapitres pas trop longs et des sous-chapitres qui permettent de gérer des actions parallèles. On ne tombe pas dans le lourd pamphlet anti-art, ni dans la fable ou la charge symbolique. On reste dans le vraisemblable même si ça ne l'est pas. La grande force dramatique de ce livre tient à la personnalité de la maîtresse, Johanna, à la limite de l'anorexie, qui a étudié l'art et qui a quitté son mari psychanalyste pour Kovacs. Ce personnage apparemment froid et calculateur va donc incarner une enquêtrice tout à fait hors norme très bien mise en scène et cohérente du début jusqu'à la fin. Autour d'elle gravitent son ex toujours très présent et le galeriste. Le commissaire Joubert mène l'enquête avec son adjoint Lucas. Là encore, bien qu'ils apparaissent plus comme des symboles simenoniens, le talent de Michel Dresch parvient à les transcender. Seuls quelques personnages "utilitaires" tendent vers la caricature. Ainsi, Marie-Paule, vulgaire maîtresse à gros seins, jupe très courte et, sous-entendu, petit QI, et qui habite dans un quartier popu est-elle masseur-kinésithérapeute. Quand on voit les études que nécessite un tel métier, on se demande si l'auteur ne l'a pas confondue avec une masseuse-relaxante-naturiste d'officine thaïlandaise.
Ceci mis à part, une telle palette réduite de personnages oblige donc à une grande compétence littéraire pour tenir la longueur du roman mais réduit aussi le nombre des coupables potentiels. Donc pas de surprise ni de coups de théâtre sur l'identité du criminel. Pourtant, là encore, Michel Dresch relève le défi grâce à un dialogue final étonnant dans le parloir de la prison.
Au final, un roman hors norme et bien fichu.

Citation

Restait, sur le plancher, un dessin à la craie censé décrire la position du corps. Johanna connaissait le graphisme très particulier de ce type de croquis : celui-ci donnait de son compagnon une représentation complètement faussée. Il en faisait un obèse. Un mou. Or Kovacs, c'était tout le contraire.

Rédacteur: Michel Amelin mercredi 06 avril 2016
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