Contenu
Une ville en mai
Grand format
Inédit
Tout public
262 p. ; 22 x 13 cm
ISBN 978-2-8098-1884-0
Coll. "Roman noir"
Société malade
Ceux qui connaissent Patrick Raynal voient déjà dans le titre de ce nouveau roman - avec ce que l'on appelle le paratexte -, des éléments qui vont faire écho dans l'intrigue. Une ville (et quelle ville !), c'est celle par laquelle tout a commencé : Nice (avec ici, un clin d'œil à son ancien maire, qui apparaît dans les dernières pages à ses débuts, dans l'ombre). En mai, fait référence bien évidemment à Mai-68, qui est le point de départ en politique, puis en littérature d'une nouvelle génération d'auteurs de romans noirs. Cette dernière information est renforcée par le poing dressé de la couverture sur fond rouge.
Et le récit de Patrick Raynal de commencer de façon un peu ironique avec le retour du "héros", Frédéric, débarquant en plein Mai-68 d'un cargo soviétique dans le port de Nice. Le héros a été appelé par son ex-femme qu'il a quitté sans prévenir des années plus tôt car leur fille Sophie a disparu depuis trois mois. Revenu de tout, cynique mais encore teinté de romantisme, le personnage arrive dans une ville en pleine crise : la faculté est en grève et les AG tumultueuses, les petits groupes gauchistes s'opposent entre eux et face aux jeunes agités des forces d'extrême droite. Sa fille bien que membre d'un groupe ultra-gauchiste, ennemi de toute compromission, était souvent fourrée avec l'un des dirigeants étudiants qui tenait la faculté. Personne ne semble savoir pourquoi elle a disparu, mais des indices témoignent qu'elle connaissait beaucoup de monde, dans tous les milieux, et même qu'elle fricotait avec un vieux professeur de la faculté de droit. Professeur de droit qui a été retrouvé mort... Les deux affaires seraient-elles liées ? Frédéric en plein doute tente de contacter d'anciens amis, dont un policier. Ce dernier et d'autres collègues vont se retrouver à devoir enquêter, chercher des témoins, et relier des fils au plein milieu d'une guerre civile larvée, d'affrontements violents et surtout à essayer d'en savoir plus en posant des questions à des gens qui ne veulent pas avoir affaire avec la police, complice du pouvoir.
Une ville en mai annonce comment des gens, une société et des destins individuels vont être bouleversés par une suite d'événements politico-idéologiques qui, à l'instar du meurtre du professeur de droit, ne seront peut-être pas compris, mais auront radicalement bouleversé la vie et changé le cours habituel des choses. C'est un bel exercice car Patrick Raynal, qui a vécu de l'intérieur les événements à l'époque, a un regard détaché des actions qu'il a vécues. Si à travers entre autres une scène de bagarre il montre où va sa sympathie, il n'idéalise pas. Policiers et étudiants sont emplis de contradictions, chacun tente de faire au mieux de ses préoccupations ou de ses idéologies. Il ya des policiers ripoux et d'autres encore extrêmement républicains. Il y a de vieux gaullistes qui détestent cette chienlit mais font leur travail honnêtement, il existe des révolutionnaires qui comprennent et d'autres dans l'outrance verbale. La description d'une AG ou de l'occupation de la faculté, la mise en coupe programmée de la ville de manière extrêmement discrète, tout court en filigrane d'une histoire dans laquelle le personnage central est détaché des choses mais essaie de reconstruire une vie personnelle, entre cynisme affiché et besoin d'apaisement.
Joli mélange de fiction et de faits divers, Une ville en mai signe le retour de Patrick Raynal.
Citation
J'ai traversé la ville sans croiser le moindre char d'assaut. Il faisait aussi beau que le jour de mon départ et la population, loin de toute effervescence suspecte, vaquait nonchalamment à ses occupations.